Le Pérou se retrouve une nouvelle fois secoué par un scandale politique d’un genre particulier. Au cœur de la tourmente cette fois : le nez refait en catimini de la présidente Dina Boluarte. Une affaire à première vue anodine mais qui prend une tout autre dimension dans le contexte péruvien, où la moindre frasque des dirigeants est scrutée à la loupe.
Dina Boluarte, une présidente au profil contesté
Lorsqu’elle accède au pouvoir en décembre 2022 suite à la destitution mouvementée de son prédécesseur Pedro Castillo, Dina Boluarte sait que son mandat ne sera pas un long fleuve tranquille. Première femme à diriger le Pérou, elle hérite d’un pays profondément divisé et habitué aux soubresauts politiques.
Avocate de formation, Dina Boluarte n’a que peu d’expérience politique lorsqu’elle est propulsée à la tête de l’État. Un profil technique plus que charismatique, qui peine à faire l’unanimité dans un Pérou en quête de leaders forts.
L’opération de trop
C’est dans ce contexte déjà tendu qu’éclate l’affaire du nez refait de la présidente. En décembre 2024, son ancien Premier ministre révèle que Dina Boluarte s’est fait opérer du nez en juillet 2023, sans en informer le Parlement comme l’exige pourtant la loi.
Un « détail » qui n’en est pas un au Pérou, où toute absence prolongée du président doit être notifiée, au risque d’être considérée comme un abandon de poste. Une accusation grave, susceptible d’entraîner une destitution.
Il ne s’agissait pas d’une intervention esthétique, mais d’une intervention nécessaire et essentielle pour ma santé.
Dina Boluarte, présidente du Pérou
Face à la polémique, la présidente assure que cette chirurgie esthétique était en réalité une opération médicale indispensable. Mais dans un pays rompu aux excuses bancales de ses élites, cette ligne de défense peine à convaincre.
Un pays au bord de la crise de nerfs
Pour beaucoup de Péruviens, cette affaire est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Après des années d’instabilité politique, de corruption et de promesses non tenues, la patience est à bout.
Dans les rues de Lima, les manifestations anti-Boluarte se multiplient. Sur les réseaux sociaux, les appels à la démission de la présidente fleurissent sous le hashtag #BoluarteRenuncia. Un mouvement de contestation qui fait craindre une nouvelle crise politique majeure.
Une présidente fragilisée, un avenir incertain
Fragilisée par ce scandale, Dina Boluarte joue désormais sa survie politique. Plusieurs parlementaires exigent l’ouverture d’une procédure de destitution à son encontre pour violation de la Constitution.
Même si la présidente échappe à la destitution, sa crédibilité semble durablement entachée. Un sondage récent montre que 74% des Péruviens jugent son explication sur l’opération « peu crédible ».
Dans ce contexte explosif, l’hypothèse d’une démission anticipée de Dina Boluarte est de plus en plus évoquée. Un scénario qui replongerait le Pérou dans l’inconnu, moins de deux ans après le dernier changement de président.
Notre pays a besoin de stabilité, pas de polémiques stériles. Il est temps de se concentrer sur les vrais problèmes des Péruviens.
Un député de l’opposition
Au-delà de l’anecdote, l’affaire du nez de Dina Boluarte illustre la profonde crise de confiance qui mine la démocratie péruvienne. Dans un pays qui a connu six présidents en huit ans, la moindre erreur des dirigeants est vécue comme une trahison.
Reste à savoir si Dina Boluarte parviendra à redresser la barre, ou si son mandat se terminera comme il a commencé : dans la tourmente. Une chose est sûre, les Péruviens attendent de leur présidente qu’elle se concentre sur leurs problèmes quotidiens plutôt que sur son profil.