Un geste qui passe mal. Ce week-end, l’antenne locale de l’Action Française a créé la polémique en déposant une stèle commémorative portant l’inscription « Aux enfants de France morts de l’immigration » au sein de la nécropole nationale de Mulhouse, où reposent de nombreux soldats morts pour la France lors des deux guerres mondiales. Un acte immédiatement dénoncé par les élus locaux comme une « mise en scène des plus répugnantes » et une tentative de récupération raciste d’un lieu de mémoire.
Une stèle installée dans la nécropole nationale
Dimanche, sur les réseaux sociaux, l’Action Française Mulhouse a posté des photos montrant deux plaques fixées sur des palettes en bois, avec l’inscription controversée, installées au sol dans l’enceinte du cimetière militaire. D’après le mouvement, il s’agissait de rendre hommage à « Philippine, qui aurait eu 20 ans cette semaine, et tous les enfants de France morts de l’immigration ». Une référence probable à Philippine Lemonnier, une jeune fille de 18 ans tuée en 2022 à Clessé, en Saône-et-Loire, par un ressortissant algérien en situation irrégulière.
« Une nouvelle fois l’Action française vient salir la mémoire commune et opérer une mise en scène des plus répugnantes au cœur de Mulhouse. »
– Le groupe d’opposition Mulhouse Cause commune
Les élus locaux unanimes dans la condamnation
Rapidement, les élus mulhousiens ont fait part de leur indignation. Le groupe d’opposition de gauche « Mulhouse Cause commune » a fermement condamné cette initiative dans un communiqué, la qualifiant de « mise en scène des plus répugnantes » et appelant la mairie à porter plainte. Ils y voient « une nouvelle fois » une tentative de « salir la mémoire commune » de la part de l’Action Française et s’inquiètent de « la montée du racisme et des idées d’extrême droite » dans la ville et le pays.
Un député demande des poursuites judiciaires
Au-delà de l’Alsace, l’affaire fait également réagir. Le député LFI du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes a annoncé son intention de porter plainte, notamment pour « profanation de monuments édifiés à la mémoire des morts ». Dans un message sur X (ex-Twitter), il a fermement condamné cette « fausse stèle prétendument mémorielle » et rappelé que certains des soldats reposant dans la nécropole étaient issus de troupes d’Afrique du Nord, eux aussi morts pour la France. Un aspect qui rend d’autant plus choquante, à ses yeux, cette initiative de l’extrême droite identitaire.
La mairie saisie, une enquête à venir ?
De son côté, la municipalité mulhousienne a fait savoir qu’elle envisageait sérieusement de donner suite à l’appel de l’opposition en portant plainte. Contactée, elle indique « condamner avec la plus grande fermeté » cette action et étudier les suites à donner, notamment sur le plan judiciaire. Si la mairie saisit effectivement la justice, comme semble l’envisager aussi le député Fernandes, une enquête pourrait être ouverte et l’Action Française poursuivie, la profanation d’un lieu de sépulture étant sévèrement punie par la loi. De quoi faire réfléchir le groupuscule d’extrême droite avant sa prochaine provocation ?