Le Japon n’en finit plus de sortir le chéquier pour relancer son économie. Le gouvernement de Shigeru Ishiba vient d’annoncer un nouveau plan massif de 136 milliards d’euros pour doper la consommation des ménages. L’objectif affiché est d’enclencher un cercle vertueux de hausse des salaires et de l’investissement pour soutenir la croissance. Mais cette énième injection d’argent public ne risque-t-elle pas d’aggraver les déséquilibres du pays ?
Un plan de relance XXL pour stimuler la demande
Face à une inflation persistante et une consommation en berne, le gouvernement japonais a décidé de frapper fort. Son nouveau plan de 21 900 milliards de yens (136 milliards d’euros) prévoit notamment :
- Des aides financières directes aux ménages modestes et aux familles
- La prolongation des subventions sur le carburant et l’énergie
- Un soutien renforcé aux petites et moyennes entreprises
L’exécutif espère ainsi redonner du pouvoir d’achat aux Japonais pour qu’ils consomment davantage. Il mise sur une boucle positive où la hausse de la demande entraînerait celle des salaires et des investissements des entreprises, le tout soutenant une croissance pérenne.
Des effets limités des plans précédents
Le problème, c’est que cette logique a déjà montré ses limites. Depuis des années, les gouvernements successifs multiplient les plans de relance à coup de dizaines ou centaines de milliards d’euros, sans réel succès. La consommation reste atone, les salaires n’augmentent pas assez vite et la croissance demeure poussive, très en-deçà de son potentiel.
Les ménages restent frileux et préfèrent épargner plutôt que dépenser, par crainte pour l’avenir. Les entreprises, elles, sont peu enclines à augmenter les salaires ou investir.
Analyse un économiste japonais
Une fuite en avant budgétaire ?
Surtout, cette fuite en avant dépensière pose la question de la soutenabilité des finances publiques nippones. Avec une dette abyssale de près de 250% du PIB, le pays détient le triste record mondial. Chaque nouveau plan de relance creuse un peu plus le déficit et alourdit le fardeau de la dette.
Certes, le Japon bénéficie de taux d’intérêt historiquement bas, ce qui lui permet de continuer à emprunter à bon compte pour financer ses plans de relance. Mais beaucoup s’inquiètent des risques à long terme :
- Que se passera-t-il quand les taux remonteront ?
- Comment rembourser une telle montagne de dettes ?
- La planche à billets a-t-elle ses limites ?
Des questions cruciales alors que le Japon fait face au vieillissement accéléré de sa population, ce qui va peser sur la croissance et les rentrées fiscales dans les années à venir.
Des réformes structurelles nécessaires
Pour beaucoup d’experts, le pays ne pourra pas faire l’économie de réformes profondes pour sortir de l’ornière. Au programme : dérégulation, ouverture des marchés, incitations à l’innovation, etc. Un chantier titanesque dans un pays friand de statu quo.
Mais c’est à ce prix que le Japon pourra retrouver une dynamique de croissance saine et durable, et sortir enfin de décennies de stagnation et de déflation. Les plans de relance, aussi massifs soient-ils, ne seront jamais qu’un pis-aller s’ils ne s’accompagnent pas d’un véritable sursaut réformateur.
L’avenir incertain de l’économie japonaise
Ce nouveau plan de relance aura-t-il plus d’impact que les précédents ? Permettra-t-il de sortir le Japon de son atonie chronique ? Rien n’est moins sûr. Mais il illustre en tout cas le dilemme des autorités :
- Continuer à soutenir coûte que coûte la demande, au risque d’aggraver les déséquilibres
- Ou engager des réformes douloureuses mais nécessaires, avec le risque d’une cure d’austérité à court terme
Un défi majeur pour la troisième économie mondiale, dont l’avenir est plus que jamais incertain. Le Japon saura-t-il se réinventer et retrouver son lustre d’antan ? C’est tout l’enjeu des années à venir.
