Un véritable séisme secoue actuellement l’industrie de la mode. Selon des informations troublantes, plusieurs géants du prêt-à-porter se retrouvent aujourd’hui dans la tourmente, accusés de fermer les yeux sur de graves dérives éthiques au cœur de leurs chaînes d’approvisionnement. Au centre du scandale : la Birmanie, pays gangréné par les exactions de la junte militaire au pouvoir.
C’est une véritable bombe qu’a fait exploser la confédération internationale des syndicats de l’industrie, IndustriALL Global Union. Dans un communiqué retentissant, l’organisation basée en Suisse a révélé avoir déposé des plaintes contre trois mastodontes du secteur : Next, New Yorker et LPP. Le motif ? Leur approvisionnement en vêtements depuis la Birmanie, en dépit des innombrables violations des droits humains qui y sont perpétrées.
Quand la mode foule au pied l’éthique
Un vent de révolte souffle sur le monde de la mode. IndustriALL, qui représente quelque 50 millions de travailleurs à travers le globe, accuse les marques incriminées d’avoir enfreint les principes directeurs de l’OCDE, véritable boussole éthique pour les multinationales. Ces lignes de conduite appellent en effet les entreprises à agir de manière responsable, en particulier concernant les droits humains et ceux des travailleurs.
Mais en Birmanie, c’est un tout autre tableau qui se dessine. Selon IndustriALL, l’industrie textile serait devenue le nerf de la guerre pour la junte militaire, lui permettant d’injecter des devises étrangères dans une économie exsangue. Un juteux business qui se ferait sur le dos des ouvriers birmans, privés de leurs droits les plus élémentaires.
La junte militaire birmane a interdit les syndicats et arrêté les dirigeants syndicaux. Il n’y a pas de liberté d’association et les organisations de travailleurs ne peuvent pas fonctionner.
Peur, travail forcé, exploitation : le quotidien des ouvriers du textile
Les plaintes, déposées auprès des points de contact nationaux de l’OCDE dans les pays où sont basées les entreprises mises en cause, dressent un tableau glaçant des conditions de travail en Birmanie. On y découvre pêle-mêle de graves violations des droits des travailleurs, un effondrement des salaires, un climat de peur et d’exploitation.
Pour Atle Hoie, secrétaire général d’IndustriALL, les marques qui persistent à produire dans le pays se rendent complices d’un système inique :
Les marques qui restent en Birmanie bénéficient d’un environnement de peur, de travail forcé et d’exploitation. Il existe de nombreux rapports détaillés sur les violations massives des droits des travailleurs.
Quand des marques font marche arrière
Face à cette situation explosive, certains acteurs du secteur ont préféré plier bagage. En 2022, des discussions menées par IndustriALL avec plusieurs grandes marques ont abouti à un accord sur le désengagement d’entreprises comme H&M, Primark et Lidl. Un signal fort, qui montre que l’éthique et la responsabilité peuvent parfois primer sur les profits.
“Les marques ne peuvent pas prétendre ignorer ces abus”
Mais pour Next, New Yorker et LPP, pas question de céder aux pressions. Contactées par notre rédaction, les entreprises n’ont pas souhaité commenter les plaintes dont elles font l’objet. Un silence assourdissant, qui en dit long sur leur embarras face à ces révélations.
Pour Atle Hoie, leur attitude est inacceptable :
Il existe des preuves significatives de violations systématiques des droits des travailleurs et les marques qui restent en Birmanie ne peuvent pas prétendre ignorer ces abus.
Une chose est sûre : cette affaire est loin d’être terminée. Alors que la pression monte sur les marques récalcitrantes, c’est tout un modèle économique qui vacille sur ses bases. Entre profits et éthique, il va bien falloir trancher. Et pour les géants de la mode pris la main dans le sac, l’addition risque d’être salée…