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Plainte pour harcèlement sexuel contre le président du Chili

Une bombe au Chili : le jeune président Boric, figure de la gauche, est visé par une plainte de harcèlement sexuel. Son avocat crie au complot mais l'affaire fait déjà des remous. Ses rivaux réclament une enquête et la levée de son immunité...

Le président chilien Gabriel Boric traverse une zone de turbulences. Âgé de seulement 38 ans, le plus jeune chef d’Etat de l’histoire du Chili est en effet visé par une plainte pour harcèlement sexuel qui jette une ombre sur son mandat. Porté au pouvoir en 2022 par la vague contestataire de gauche, Boric se retrouve rattrapé par des accusations remontant à près de 10 ans.

Une plainte qui fait grand bruit

C’est la présidence elle-même qui a révélé l’affaire lundi soir via un communiqué. Une femme, dont l’identité n’a pas été révélée, a déposé plainte le 6 septembre contre Gabriel Boric pour des faits présumés de harcèlement sexuel datant de juillet 2013. A cette époque, le futur président terminait ses études de droit à Punta Arenas, sa ville natale à l’extrême sud du pays. Outre le harcèlement, il est aussi accusé d’avoir diffusé des documents privés.

Le président rejette catégoriquement la plainte et nie les faits allégués.

Jonatan Valenzuela, avocat de Gabriel Boric

Face aux accusations, la réaction du chef de l’Etat ne s’est pas fait attendre. Par la voix de son avocat, Jonatan Valenzuela, Gabriel Boric a nié « catégoriquement » les faits reprochés et rejeté en bloc la plainte déposée à son encontre. La défense a même tenté de retourner l’accusation, affirmant que c’est Gabriel Boric qui est en réalité « victime d’une situation de harcèlement systématique » de la part de la plaignante depuis plusieurs années.

Immunité présidentielle et crise politique

Cette affaire tombe au plus mal pour Gabriel Boric et son gouvernement, déjà ébranlés par plusieurs scandales ces derniers mois. En plein dans la tourmente, Manuel Monsalve, un proche du président qui occupait le poste de sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur, a dû démissionner en octobre suite à des accusations de viol avant d’être arrêté en novembre. Un autre scandale, l’affaire « Hermosilla », a secoué le pays en révélant l’existence d’un réseau d’influence organisé par un avocat d’élite.

Si Gabriel Boric bénéficie pour l’instant d’une immunité en tant que président de la République, ses opposants réclament déjà la levée de cette protection pour permettre l’ouverture d’une enquête en bonne et due forme. Certains y voient une manœuvre politique pour déstabiliser le gouvernement, d’autres estiment au contraire que la justice doit pouvoir faire son travail et faire toute la lumière sur ces accusations.

Le président Boric entre déni et silence

Pour l’heure, Gabriel Boric semble opter pour la stratégie du déni et du silence, laissant son avocat monter au créneau pour le défendre. Cette posture sera-t-elle tenable sur le long terme? Rien n’est moins sûr tant l’affaire semble partie pour durer et occuper le devant de la scène médiatique et politique chilienne dans les semaines à venir.

Il ne s’agit d’ailleurs pas de la première fois que le nom de Gabriel Boric est associé à des accusations de harcèlement sexuel. Lors de sa campagne présidentielle en 2021, il avait déjà été visé par des allégations similaires qu’il avait là aussi formellement démenties. A l’époque, aucune enquête n’avait été ouverte.

Un président sous pression

Depuis son élection en décembre 2021, Gabriel Boric n’a pas été épargné par les crises et les polémiques. Au-delà des affaires judiciaires, son couple a aussi défrayé la chronique. En novembre dernier, il annonçait ainsi sa séparation avec sa compagne Irina Karamanos, qui avait un temps officié comme Première dame, dans un feuilleton people qui a passionné le Chili.

Au Chili, personne n’est au-dessus de la loi.

Gabriel Boric, suite à l’arrestation de son ex-bras droit Manuel Monsalve

Pourfendeur affiché de la corruption et chantre d’une « nouvelle éthique » en politique, le président Boric se retrouve aujourd’hui pris à son propre piège et sommé d’appliquer à lui-même les principes d’exemplarité et de transparence qu’il ne cesse de prôner pour les autres. Son slogan de campagne, « Au Chili, personne n’est au-dessus de la loi », résonne désormais comme un boomerang.

Elu pour un mandat de 4 ans sans possibilité de se représenter dans l’immédiat, Gabriel Boric joue sans doute là une partie de son crédit et de sa légitimité politique. Lui qui promettait d’incarner une nouvelle façon de gouverner et de faire de la politique se retrouve rattrapé par de vieilles affaires et des mauvaises pratiques qu’il n’a eu de cesse de dénoncer.

Fragilisé sur sa gauche par des mouvements contestataires qui lui reprochent déjà de ne pas aller assez loin dans ses réformes, critiqué sur sa droite par une opposition qui voit dans cette affaire une opportunité en or pour l’attaquer, le jeune leader de 38 ans se retrouve pris en tenaille, contraint de louvoyer entre déni et explications pour tenter d’éteindre l’incendie.

À ce stade, difficile de prédire l’impact qu’aura cette affaire sur la fin de son mandat et plus globalement sur son avenir politique. Une chose est sûre, Gabriel Boric affronte là la pire crise depuis son accession au pouvoir et sans doute l’un des plus grands défis de sa jeune carrière. Sa capacité à gérer ce scandale et à en sortir indemne sera scrutée de près, au Chili comme à l’international.

Fragilisé sur sa gauche par des mouvements contestataires qui lui reprochent déjà de ne pas aller assez loin dans ses réformes, critiqué sur sa droite par une opposition qui voit dans cette affaire une opportunité en or pour l’attaquer, le jeune leader de 38 ans se retrouve pris en tenaille, contraint de louvoyer entre déni et explications pour tenter d’éteindre l’incendie.

À ce stade, difficile de prédire l’impact qu’aura cette affaire sur la fin de son mandat et plus globalement sur son avenir politique. Une chose est sûre, Gabriel Boric affronte là la pire crise depuis son accession au pouvoir et sans doute l’un des plus grands défis de sa jeune carrière. Sa capacité à gérer ce scandale et à en sortir indemne sera scrutée de près, au Chili comme à l’international.

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