La question de l’inclusion des athlètes transgenres dans les compétitions sportives fait l’objet de nombreux débats. Pour y voir plus clair, un comité d’experts s’est penché sur le sujet à la demande de l’ancienne ministre des Sports. Leur conclusion : une politique d’intégration doit être mise en place, en tenant compte des spécificités de chaque discipline.
Une approche sur mesure, entre inclusion et équité
Selon les experts, il n’existe pas de solution unique applicable à tous les sports. Chaque discipline mobilise des qualités et exigences différentes. De plus, les parcours de transition des athlètes trans sont très variés (âge, traitements hormonaux, chirurgie…).
Le rapport préconise donc une approche au cas par cas, avec des critères de suivi précis et objectifs pour évaluer l’éligibilité des sportifs transgenres :
- Cohérence des performances dans le temps
- Trajectoire liée à l’âge
- Historique des résultats
- Dynamique des écarts avec les autres compétiteurs
- Impact physiologique de la transition
L’idée est de trouver le juste équilibre entre le droit à la non-discrimination et le respect de l’équité sportive. L’exclusion générale des athlètes trans serait discriminatoire si elle n’est pas justifiée scientifiquement.
Un cadre à définir par les fédérations
Actuellement, seules quelques fédérations françaises (roller, rugby, taekwondo…) ont adopté des règles sur l’inclusion des personnes transgenres. D’autres suivent les positions de leur fédération internationale, souvent restrictives voire excluantes.
Le comité d’experts encourage chaque fédération à élaborer son propre règlement d’éligibilité par catégorie et par épreuve. En cas d’exclusion nécessaire, un « co-classement » séparé pourrait être instauré.
Il est aussi recommandé de créer dans chaque fédération une commission dédiée au sujet, de former les encadrants et de nommer un référent anti-discrimination.
Mieux comprendre les enjeux par la recherche
Les études scientifiques sur l’impact des transitions de genre dans le sport restent limitées à ce jour. Pour y remédier, les experts proposent de lancer un programme de recherche dédié, financé par l’Agence Nationale de la Recherche.
Ils suggèrent aussi la création d’un Observatoire national de la transidentité dans le sport, pour suivre l’évolution des pratiques et des réglementations.
Une nécessaire pédagogie pour dépasser les clivages
Au-delà des règles, c’est un changement de regard qui s’impose. Trop souvent, les débats sur les athlètes transgenres versent dans la polémique et l’idéologie, sur fond de méconnaissance des réalités.
Diviser les défenseurs de la cause trans dans le sport affaiblira inexorablement notre action et notre crédibilité. L’inclusion se construit par la pédagogie, l’empathie et la stratégie, non par la confrontation.
Sandra Forgues, co-présidente du comité d’experts
Ancienne championne olympique ayant fait sa transition, Sandra Forgues en appelle à l’unité pour faire avancer la cause. Un chemin qui passera par le dialogue, loin des invectives et des procès d’intention.
Le sport, vecteur d’épanouissement et de lien social, a un rôle majeur à jouer dans l’acceptation des différences. En témoignent les exemples inspirants de sportifs trans qui s’affirment au plus haut niveau, comme la cycliste américaine Veronica Ivy ou le patineur artistique canadien Kris Wilka.
Reste à transformer l’essai en traduisant les recommandations du rapport en actes. Un défi à la hauteur des valeurs humanistes dont le sport aime à se prévaloir. L’avenir dira si les instances sauront se montrer à la hauteur de cet enjeu de société.