C’est un feuilleton judiciaire digne des meilleures séries qui trouve son épilogue. Après plus de 20 ans de bataille devant les tribunaux, la justice vient de trancher : Gilbert Montagné et Didier Barbelivien sont désormais privés de leurs droits d’auteur sur le tube des années 80 « On va s’aimer ». La raison ? Ce morceau emblématique de la variété française a été reconnu comme étant un plagiat d’une chanson italienne.
Retour sur les origines d’une incroyable saga judiciaire
Tout commence en 1976 quand sort le titre « Une fille de France », interprété par le chanteur italien Gianni Nazzaro. A sa composition, on retrouve Michel Cywie et aux paroles, un duo bien connu : Jean-Max Rivière et le prolifique Didier Barbelivien. Sept ans plus tard, en 1983, Gilbert Montagné cartonne avec « On va s’aimer », tube incontournable de la décennie. Mais la ressemblance avec « Une fille de France » n’échappe pas à certains…
1ère manche : la justice italienne reconnaît le plagiat
L’affaire prend une tournure judiciaire en 2002 quand la société éditrice de « On va s’aimer » tente de faire reconnaître l’originalité de la chanson par rapport à « Une fille de France ». C’est l’effet inverse qui se produit. En 2008, le tribunal de Milan juge « On va s’aimer » comme une contrefaçon de l’œuvre italienne. Le préjudice est évalué à 1,6 million d’euros en 2017 mais les recours se multiplient, relançant la procédure.
La France s’aligne sur les décisions italiennes
Au fil des années, la justice française finit par reconnaître les jugements rendus en Italie. En 2020, elle donne gain de cause aux auteurs victimes du plagiat, ordonnant à la Sacem de leur verser l’intégralité des droits générés par « On va s’aimer ». Montagné et Barbelivien contre-attaquent en cassation, déclenchant un nouveau procès en appel.
Épilogue : les droits d’auteur retirés
Le 9 octobre dernier, la cour d’appel de Paris a rendu son verdict, confirmant la perte des droits d’auteur pour Montagné et Barbelivien sur « On va s’aimer ». Une décision lourde de conséquences pour ce classique de la chanson française, qui aura fait les beaux jours de ses interprètes pendant des décennies.
MM. Montagné et Barbelivien et les sociétés Universal ne peuvent bénéficier des revenus générés par l’œuvre contrefaisante « On va s’aimer ».
Extrait de l’arrêt de la cour d’appel de Paris
Quelles suites pour les artistes et l’industrie musicale ?
Cette affaire pose la question de la protection des droits d’auteur dans un milieu musical où les influences sont légion. Si le plagiat est avéré ici, de nombreux cas restent sujets à interprétation. Les frontières entre inspiration et copie peuvent être ténues. Pour Montagné et Barbelivien, les conséquences financières risquent d’être importantes, « On va s’aimer » ayant été un véritable carton pendant des années. Un manque à gagner considérable, sans compter l’impact sur leur réputation.
Reste à savoir quels enseignements l’industrie de la musique tirera de cette histoire. Une plus grande vigilance sur les processus de création ? Des contrôles renforcés avant la sortie des morceaux ? Une chose est sûre, cette page judiciaire de la variété française aura marqué les esprits, montrant que même les plus grands tubes ne sont pas à l’abri d’un retournement de situation des années plus tard. Un air de déjà-vu, dans tous les sens du terme…