Depuis la crise sanitaire, le vélo a gagné en popularité dans l’Hexagone. Pourtant, sur le terrain, les cyclistes font face à un constat alarmant : des infrastructures inadaptées et dangereuses. Entre pistes mal délimitées et partage de voies chaotique avec les voitures, la cohabitation s’avère délicate. Une situation qui soulève des questions sur la sécurité et appelle à repenser urgemment l’aménagement urbain.
Des aménagements cyclables précaires
Sur nos routes, le constat est sans appel. D’après une source proche du dossier, les infrastructures dédiées aux vélos sont bien souvent précaires, voire inexistantes. Pistes mal délimitées, simples marquages au sol, ou pire, obligation de se faufiler dans les couloirs de bus… Les cyclistes doivent slalomer dans un environnement hostile, au péril de leur sécurité.
Des usagers inquiets
Face à cette situation, les usagers tirent la sonnette d’alarme. Selon plusieurs témoignages, le manque de lisibilité et l’absence de protections génèrent un sentiment d’insécurité permanent. « On ne sait plus trop où aller. Il y a de la circulation dans tous les sens, des voitures qui coupent », déplore un cycliste au micro de TF1. Un constat partagé par les piétons et automobilistes, conscients eux aussi des dangers de cette cohabitation forcée.
L’exemple danois, un modèle à suivre
Pour trouver l’inspiration, il faut regarder du côté de nos voisins danois. À Copenhague, véritable paradis des cyclistes, un déplacement sur deux se fait à vélo grâce à des aménagements adaptés. Pistes larges et colorées, passerelles dédiées, grands parkings… La ville a massivement investi, avec près de 300 millions d’euros dépensés sur la dernière décennie. Une politique volontariste qui porte ses fruits.
Les derniers dix ans, on a investi plus ou moins 2 milliards de couronnes danoises dans le vélo. Ça fait 300 millions d’euros.
Marie Kastrup, responsable du plan d’aménagement cyclable de Copenhague
Des investissements nécessaires en France
En France, c’est précisément le nerf de la guerre qui fait défaut. Selon une experte en mobilités durables, outre les questions budgétaires, il faut aussi composer avec une opinion publique encore très attachée à la voiture. Un changement de mentalités est nécessaire pour faire accepter des investissements massifs en faveur du vélo.
Ce qui bloque, ça va être à la fois l’argent, mais aussi l’opinion publique, le sentiment de dépendance encore à la voiture. On pense qu’on n’est pas capable de se passer de sa voiture.
Aurore Fabre-Landry, experte en mobilités durables chez Sustainable Mobilities
Pourtant, les sommes en jeu sont conséquentes. Actuellement, le coût moyen d’un kilomètre de piste cyclable sécurisée s’élève à 600 000 euros. Un investissement de taille, mais nécessaire pour rattraper le retard et offrir aux cyclistes des infrastructures dignes de ce nom.
Repenser la ville de demain
Au-delà des questions financières, c’est toute une réflexion sur l’aménagement urbain qui doit s’engager. Comme le souligne une élue parisienne, il est urgent de mettre en place des solutions pérennes pour apaiser la cohabitation entre les différents usagers et sécuriser les déplacements des plus vulnérables.
Il faut, que progressivement, on mette en place des choses qui soient beaucoup plus sécurisées, apaisées. Soit quand on est piéton, soit quand on est cycliste, il nous arrive quotidiennement d’avoir peur ou d’être mis en danger par cette cohabitation avec les motorisés.
Emmanuelle Pierre-Marie, maire du 12ᵉ arrondissement de Paris
Un véritable défi qui appelle à repenser en profondeur nos villes, pour faire du vélo non plus un mode de déplacement alternatif, mais un pilier central des mobilités douces de demain. Un virage qui semble incontournable face à l’urgence climatique et à la nécessité de proposer des alternatives crédibles à la voiture individuelle.
Le chemin est encore long, mais les exemples de réussite à l’étranger montrent que c’est possible. Aux décideurs politiques de prendre maintenant le guidon pour impulser ce changement de braquet et offrir aux cyclistes les moyens de rouler en toute sérénité. L’avenir de nos villes en dépend.