Le monde du rugby français est secoué par une nouvelle surprenante : la suspension de Pierre Mignoni, manager du Rugby Club Toulonnais, a été annulée par la commission d’appel de la FFR. Une décision qui soulève bien des questions sur les procédures disciplinaires dans l’ovalie hexagonale.
Retour sur l’affaire Mignoni
Pour rappel, Pierre Mignoni avait écopé il y a trois semaines d’une suspension de six semaines par la commission de discipline de la LNR. En cause, son comportement lors de la défaite de Toulon à Clermont. Furieux contre l’arbitrage en fin de match, l’entraîneur avait dû être calmé sur le bord du terrain.
Une sanction lourde, que le manager varois ne purgera finalement pas jusqu’au bout. La commission d’appel de la FFR a en effet décidé d’annuler sa suspension, en raison d’une irrégularité de procédure. Les détails de ce vice de forme n’ont pas été précisés.
Toulon se réjouit, les questions demeurent
Du côté du RCT, on se félicite de cette décision qui permet à Pierre Mignoni de « retrouver les vestiaires de Mayol dès le prochain match » et de « poursuivre la saison avec la passion et la détermination » qui le caractérisent, selon un communiqué du club.
Mais cette relaxe surprise laisse un goût d’inachevé. Quelle était cette fameuse irrégularité de procédure ? Pourquoi la commission de discipline de la LNR n’a-t-elle pas relevé ce vice de forme ? Contacté, le président toulonnais Bernard Lemaître évoque les « incohérences » bien connues de cette instance.
La sanction initiale était d’une part excessive d’autre part elle était prise par une commission de discipline dont tout le rugby pro sait les incohérences. Donc logiquement retoquée.
Bernard Lemaître, président du RCT
Une procédure disciplinaire à revoir ?
Au-delà du cas Mignoni, c’est toute la procédure disciplinaire du rugby français qui semble remise en question. Comment une sanction peut-elle être annulée pour vice de forme sans que celui-ci ne soit détecté plus tôt ? Y a-t-il un problème de compétence ou de rigueur au sein des commissions ?
Selon des sources proches des instances, les règlements disciplinaires manquent parfois de clarté et donnent lieu à des interprétations divergentes. Un flou juridique qui peut profiter aux uns ou aux autres selon les circonstances. Un constat inquiétant pour l’équité sportive.
L’ombre du footballgate
Certains observateurs n’hésitent pas à faire le parallèle avec le scandale des matchs truqués qui a éclaboussé le football français dans les années 90, surnommé le “footballgate”. Si la situation est loin d’être aussi grave dans le rugby, elle jette le doute sur l’intégrité des instances.
Pour restaurer la confiance, la Ligue et la Fédération devront sans doute revoir en profondeur leurs processus disciplinaires. Avec plus de transparence, de cohérence et pourquoi pas des contre-pouvoirs. Histoire que le rugby ne devienne pas un sport qui se joue aussi en dehors des terrains.
En attendant, Pierre Mignoni peut savourer sa victoire juridique et se concentrer sur les prochaines échéances sportives. Mais cette affaire laissera des traces dans le microcosme de l’ovalie. Espérons qu’elle serve au moins de déclic pour assainir et renforcer la gouvernance de la discipline.