C’est une page de l’histoire de France qui se tourne. Pierre Messmer, figure éminente du gaullisme et ancien Premier ministre, s’est éteint mercredi à l’âge de 91 ans. Avec sa disparition, la France perd l’un de ses derniers grands témoins et acteurs de l’épopée de la France libre.
Un destin forgé dans la Résistance
Né en 1916, Pierre Messmer n’a que 24 ans lorsqu’il choisit de rejoindre le général de Gaulle à Londres dès juillet 1940. Engagé dans les Forces françaises libres, il participe aux combats de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère, s’illustrant notamment à Bir Hakeim et El Alamein. Son courage lui vaudra d’être fait Compagnon de la Libération dès 1941, distinction dont il prendra la chancellerie en 2006.
Après la guerre, c’est en Afrique qu’il poursuit son engagement au service de la France, occupant plusieurs postes dans l’administration coloniale. Une expérience qui forgera sa vision des relations franco-africaines, dont il restera un fin connaisseur.
De Gaulle, le compagnon de toujours
Mais c’est auprès du général de Gaulle que Pierre Messmer écrira les pages les plus marquantes de sa carrière politique. Ministre des Armées de 1960 à 1969, il conduit la professionnalisation des armées et l’adaptation à l’ère nucléaire. Un engagement sans faille auprès du fondateur de la Ve République, dont il sera un fidèle parmi les fidèles.
La grandeur de la France a été la règle de conduite de toute son existence.
Alain Juppé, rendant hommage à Pierre Messmer
Premier ministre de Pompidou
Après la mort de De Gaulle, c’est Georges Pompidou qui fera appel à lui pour diriger le gouvernement. Premier ministre de 1972 à 1974, Pierre Messmer mènera plusieurs réformes d’envergure, comme le passage à la majorité à 18 ans. Député de la Moselle, il sera également un élu local investi, siégeant au conseil régional de Lorraine et à la mairie de Sarrebourg.
L’Académie française, ultime consécration
Son entrée à l’Académie française en 1999 viendra couronner un parcours d’exception. Gardien sourcilleux de la langue française, il y siègera pendant près de 20 ans, devenant même Chancelier de l’Institut de France de 1998 à 2005.
Avec la mort de Pierre Messmer, c’est une part de la mémoire du gaullisme qui s’éteint. Une mémoire que l’ancien Premier ministre s’était attaché à perpétuer, notamment à travers la présidence de l’Institut Charles de Gaulle et de la Fondation de la France libre. De Gaulle, qui en avait fait l’un de ses plus proches, lui avait un jour confié : « Messmer, nous sommes les derniers des Mohicans ». Des Mohicans qui auront, jusqu’au bout, porté haut les valeurs de courage, d’honneur et d’engagement au service de la France.
L’hommage de la nation
De l’Élysée à Matignon, les réactions se sont multipliées pour saluer la mémoire de ce grand serviteur de l’État. Le Président de la République a rendu hommage « au résistant de la première heure, au gaulliste historique et à l’homme d’État qui aura servi la France avec passion ». De son côté, le Premier ministre a souligné « l’héritage inestimable » laissé par Pierre Messmer, louant « un destin français par excellence ».
Selon une source proche du gouvernement, un hommage national pourrait être rendu à l’ancien Premier ministre dans les prochains jours. Un dernier adieu à la hauteur de l’empreinte laissée par Pierre Messmer dans l’histoire de France. Avec lui, c’est un peu de l’âme de la France libre qui disparaît. Mais son exemple de courage, de droiture et d’engagement continuera à inspirer les générations futures.