Un fait bouleversant secoue actuellement le Turkménistan, pays d’Asie centrale connu pour son régime autoritaire. Selon des informations alarmantes rapportées par plusieurs ONG de défense des droits humains, Soltan Atchilova, une photojournaliste indépendante de 75 ans, aurait été séquestrée de force dans un hôpital par les autorités turkmènes.
Une figure rare du journalisme indépendant turkmène
Soltan Atchilova fait figure d’exception dans le paysage médiatique très contrôlé du Turkménistan. Collaborant avec des médias étrangers et exilés, elle documente depuis des années la réalité du pays, en dépit des pressions constantes exercées par le régime. Son travail courageux lui a même valu une nomination au prestigieux prix Martin Ennals des droits de l’homme en 2021.
Mais aujourd’hui, c’est sa liberté et son intégrité qui sont en jeu. Selon les ONG International Partnership for Human Rights (IPHR) et Turkmen Initiative for Human Rights (TIHR), la photojournaliste a été internée contre son gré alors qu’elle s’apprêtait à se rendre à Genève pour un événement sur les droits humains. Un sort similaire lui avait déjà été réservé l’an dernier, l’empêchant de participer à cette même conférence.
L’appel des ONG à la communauté internationale
Face à cette situation intolérable, les ONG montent au créneau. Dans un communiqué commun, IPHR et TIHR condamnent fermement les “mesures choquantes” prises par les autorités turkmènes à l’encontre de la journaliste et exigent sa “libération immédiate de l’hôpital“. Reporters Sans Frontières (RSF) a également réagi, dénonçant sur X (ex-Twitter) “le harcèlement subi par la photojournaliste de 75 ans” et appelant à son extraction de “l’hôpital où elle est séquestrée“.
Ces appels pressants mettent en lumière l’étendue de la répression qui sévit au Turkménistan à l’encontre des voix indépendantes et critiques. Le pays se classe à une peu enviable 175ème place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, juste devant la Corée du Nord. Internet y est étroitement surveillé par l’État qui bloque de nombreux sites, et les médias servent principalement à chanter les louanges du Président Serdar Berdymoukhamedov et de son père, l’ex-Président Gourbangouly, accusés d’avoir mis en place un véritable culte de la personnalité.
Le silence assourdissant des autorités turkmènes
Jusqu’à présent, les autorités du Turkménistan n’ont pas réagi publiquement aux graves accusations portées par les ONG. Un mutisme qui en dit long sur leur volonté de maintenir un contrôle absolu sur l’information, quitte à bafouer les droits les plus élémentaires. Pourtant, le sort de Soltan Atchilova ne peut laisser indifférent. À 75 ans, cette photojournaliste incarne la résistance et le courage face à l’oppression et la censure.
Son hospitalisation forcée apparaît comme une tentative éhontée de la réduire au silence et de l’empêcher de témoigner sur la situation des droits de l’homme dans son pays. Une méthode qui s’apparente à une forme perverse de torture psychologique, visant à briser la détermination de cette femme exceptionnelle. Mais c’est aussi un aveu de faiblesse de la part d’un régime qui craint par-dessus tout que la vérité n’éclate au grand jour.
Informer malgré les risques, l’engagement d’une vie
Pour Soltan Atchilova, documenter la réalité de son pays est un engagement de chaque instant, malgré les immenses risques encourus. Ses clichés offrent une rare fenêtre sur le quotidien des Turkmènes, loin de la propagande aseptisée du régime. À travers son objectif, elle capte l’âme d’une nation muselée, les souffrances et les espoirs d’un peuple privé de liberté d’expression.
Son travail est d’autant plus précieux que le Turkménistan reste l’un des pays les plus fermés et les moins médiatisés au monde. Véritable trou noir de l’information, il cultive le secret et l’opacité, rendant le travail des journalistes indépendants a la fois crucial et éminemment périlleux. Dans ce contexte, chaque cliché de Soltan Atchilova est un acte de bravoure, un geste de résistance face à l’arbitraire et à la tyrannie.
La liberté de la presse, un combat de tous les instants
Le calvaire enduré par cette photojournaliste courageuse est malheureusement symptomatique du sort réservé aux défenseurs de la liberté d’expression sous les régimes autoritaires. De la Chine à l’Érythrée en passant par la Syrie et le Venezuela, des dizaines de journalistes croupissent derrière les barreaux, quand ils ne sont pas réduits au silence de manière plus définitive.
Face à cette réalité glaçante, la mobilisation de la communauté internationale est plus que jamais nécessaire. Les appels des ONG en faveur de Soltan Atchilova doivent être entendus et relayés. Car à travers son destin individuel, c’est la liberté de la presse dans son ensemble qui est en jeu. Laisser les régimes museler impunément les voix qui les dérangent, c’est ouvrir la porte à tous les abus et renoncer à l’un des fondements de toute société démocratique.
Exiger la libération immédiate de Soltan Atchilova, c’est donc défendre le droit de chaque citoyen à une information libre et plurielle. C’est refuser que le journalisme puisse être considéré comme un crime et que la quête de la vérité soit punie par la prison ou l’internement. C’est réaffirmer avec force que la liberté d’expression n’est pas négociable, quel que soit le pays concerné.
Espérons que le cri d’alarme lancé par les ONG sera cette fois entendu et que Soltan Atchilova pourra recouvrer au plus vite sa liberté. Et que son combat inlassable pour la vérité ne restera pas vain. Car dans la nuit d’un pays verrouillé, son objectif est une lumière qui indique obstinément le chemin vers un avenir plus juste et plus libre. Une lueur d’espoir que même les geôles d’un hôpital ne pourront jamais éteindre.