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Pétrolier russe suspect dans la panne d’un câble électrique en Baltique

Un mystérieux pétrolier russe au cœur d'une enquête pour sabotage en mer Baltique. Son ancre aurait endommagé un câble électrique stratégique le jour de Noël, plongeant dans le noir la Finlande et l'Estonie. Accident ou acte délibéré en pleine guerre hybride entre Moscou et l'Occident ?

C’est un incident qui n’a pas fini de faire des vagues en mer Baltique. Le jour de Noël 2024, un mystérieux pétrolier russe est soupçonné d’avoir endommagé, délibérément ou par accident, un câble électrique sous-marin reliant la Finlande à l’Estonie. Plongeant dans le noir pendant plusieurs heures les deux pays.

D’après des sources proches de l’enquête, le navire Eagle S, battant pavillon des îles Cook et suspecté de faire partie d’une « flotte fantôme », a été arraisonné jeudi par les autorités finlandaises au large d’Helsinki. Son ancre manquante et les dommages constatés sur le câble EstLink 2 le jour de l’incident font de lui le principal suspect.

L’ombre de la Russie plane sur l’enquête

Si les motivations restent floues à ce stade, impossible d’ignorer le contexte géopolitique tendu entre la Russie et les pays occidentaux depuis le début de la guerre en Ukraine. D’autant que l’Eagle S transportait « de l’essence sans plomb chargée dans un port russe » selon les douanes finlandaises.

Pour les enquêteurs, traîner une ancre sur les fonds marins de la Baltique, véritable autoroute des câbles de télécommunications et d’énergie, peut difficilement être considéré comme un simple accident. D’où l’ouverture d’une enquête pour « sabotage aggravé ».

Une « guerre hybride » en mer Baltique ?

Cet incident s’ajoute à une série noire dans cette zone maritime stratégique, théâtre depuis 2022 de multiples avaries suspectes visant les infrastructures énergétiques et de communications. Pour de nombreux experts, ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une véritable « guerre hybride » entre Moscou et les pays occidentaux.

Les dommages causés aux infrastructures sous-marines sensibles sont devenus si fréquents qu’il est difficile de croire qu’il s’agit d’accidents ou simplement de mauvaises manœuvres maritimes.

Margus Tsahkna, ministre estonien des Affaires étrangères

Un constat partagé par son homologue finlandais, qui y voit « un message fort » adressé aux navires tentés de s’en prendre aux intérêts stratégiques des pays riverains de la Baltique, dont plusieurs sont membres de l’OTAN. La Russie dispose également de points d’entrée dans cet espace maritime disputé.

D’autres incidents suspects en série

L’enquête sur l’Eagle S ravive le souvenir d’autres avaries inexpliquées en mer Baltique :

  • En novembre 2023, l’ancre du porte-conteneurs New Polar Bear avait endommagé un gazoduc sous-marin entre la Finlande et l’Estonie.
  • Les 17 et 18 novembre derniers, deux câbles de télécommunications ont été mystérieusement sectionnés dans les eaux territoriales suédoises. Un cargo chinois est soupçonné.
  • Sans oublier le sabotage spectaculaire des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre 2022, pour lequel la Russie est pointée du doigt malgré ses démentis.

Si le lien entre ces incidents n’est pas formellement établi, leur multiplication et les zones ciblées – points névralgiques des approvisionnements énergétiques et des communications de l’Europe – font l’objet d’une vigilance accrue des pays riverains.

Quelle riposte des pays baltes ?

Face à cette menace diffuse, la Finlande et ses voisins baltes ont décidé de renforcer leur coopération en matière de sécurité maritime. Au menu : davantage de patrouilles conjointes, un meilleur partage du renseignement, et des exercices communs de protection des infrastructures critiques.

Reste à savoir si ces mesures suffiront à dissuader les mystérieux « saboteurs des mers » qui semblent déterminés à faire monter la tension dans cette région sous haute pression géopolitique. L’enquête sur le pétrolier russe Eagle S et son ancre suspecte sera scrutée de près. Avec l’espoir qu’elle apporte des réponses sur ce nouveau front de l’ombre entre la Russie et l’Occident.

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