Les marchés financiers asiatiques entament cette nouvelle semaine avec un mélange de prudence et d’optimisme. Alors que la Bourse de Tokyo joue la carte de la précaution dans l’attente d’une potentielle hausse des taux au Japon et des données sur l’emploi américain, les places boursières chinoises se montrent quant à elles vigoureuses, portées par une progression encourageante de l’activité manufacturière en novembre.
Tokyo entre attentisme et vents contraires
À l’ouverture des échanges, l’indice vedette Nikkei cédait 0,29%, à 38 097,98 points, tandis que l’indice élargi Topix gagnait 0,44% à 2 692,43 points. Des performances en demi-teinte qui reflètent le positionnement prudent des investisseurs nippons, tiraillés entre l’enthousiasme de Wall Street en fin de semaine dernière et la remontée du yen.
Des déclarations du gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Kazuo Ueda, laissant entrevoir de possibles hausses des taux directeurs prochainement, ont en effet dopé la devise japonaise face au dollar. Une tendance renforcée qui pourrait peser sur les valeurs exportatrices cotées à Tokyo.
L’emploi américain et les indicateurs économiques scrutés
Au-delà de ces considérations monétaires, les opérateurs japonais devraient faire preuve d’une certaine retenue dans l’attente de la publication vendredi des chiffres de l’emploi aux États-Unis. Un indicateur clé pour jauger de la santé de la première économie mondiale et des futures décisions de la Réserve fédérale américaine (Fed) en matière de politique monétaire.
Les marchés japonais devraient observer un certain attentisme avant les données sur l’emploi américain attendues vendredi, ainsi que divers indicateurs économiques importants.
Kosuke Oka, analyste chez Monex Securities
Fast Retailing sous pression
Dans ce contexte d’incertitudes, certaines valeurs phares de la cote tokyoïte évoluent en ordre dispersé. C’est notamment le cas de Fast Retailing, le géant japonais du prêt-à-porter et propriétaire de la marque Uniqlo, dont le titre cédait 3,2% en début de séance.
Le groupe se montre préoccupé par un éventuel appel au boycott de la part des consommateurs chinois. En cause, des déclarations de son dirigeant affirmant ne pas utiliser de coton en provenance du Xinjiang, une région où Pékin est accusé de violations des droits de l’Homme à l’encontre de la minorité ouïghoure.
Nissan en légère hausse malgré les remous
De son côté, le constructeur automobile Nissan grappillait 0,25%, en dépit d’informations relayées par l’agence Bloomberg faisant état d’un possible départ prochain de son directeur financier, Stephen Ma. Une nouvelle secousse pour le groupe, moins d’un an et demi après le départ de son directeur des opérations, Ashwani Gupta.
Confronté à des ventes en berne, Nissan avait annoncé en octobre dernier un vaste plan de restructuration, prévoyant notamment la suppression de 9 000 emplois dans le monde. Paradoxalement, le titre du constructeur avait flambé mi-novembre après l’annonce d’une montée au capital du fonds activiste singapourien Effissimo.
L’embellie se poursuit pour les Bourses chinoises
Pendant ce temps, de l’autre côté de la mer de Chine orientale, les principales places boursières du géant asiatique évoluent dans le vert. À Hong Kong, l’indice Hang Seng prenait 1,28% à 19 671,60 points deux heures après l’ouverture. Sur le continent, l’indice composite de Shanghai gagnait 0,58% tandis que celui de Shenzhen progressait de 1,03%.
La Chine manufacturière reprend des couleurs
Cette tendance haussière fait écho à la publication ce week-end d’indicateurs encourageants pour la deuxième économie mondiale. L’activité manufacturière en Chine a en effet enregistré une progression en novembre, et ce pour le deuxième mois consécutif.
Ces signaux positifs rassurent les investisseurs quant à la capacité de résilience de l’industrie chinoise, en dépit d’un contexte économique global toujours fragile. Ils laissent également entrevoir une possible accélération de la reprise post-Covid, un scénario qui serait de nature à doper la confiance des marchés.
Le pétrole en légère hausse
Dans le sillage de cet optimisme ambiant, les cours du brut évoluaient en territoire positif. Vers 02h00 GMT, le baril de West Texas Intermediate (WTI) prenait 0,28% à 68,19 dollars, tandis que le Brent de la mer du Nord gagnait 0,32% à 72,07 dollars.
Cette embellie des prix de l’or noir traduit l’espoir d’une demande énergétique chinoise plus soutenue dans les mois à venir, à mesure que l’activité économique du pays retrouvera son rythme de croisière.
En définitive, malgré les incertitudes qui persistent, notamment du côté japonais, les marchés asiatiques semblent vouloir aborder cette nouvelle semaine boursière sous de meilleurs auspices. L’amélioration de la conjoncture chinoise apparaît comme un facteur de soutien non négligeable, susceptible de contrebalancer les interrogations des investisseurs quant à l’évolution des politiques monétaires des grandes banques centrales.
Reste à savoir si cet élan positif sera suffisant pour inaugurer un véritable rebond des indices régionaux, ou s’il ne constituera qu’une embellie passagère dans un océan d’incertitudes. Réponse dans les prochains jours, au gré des indicateurs économiques et des décisions des grands argentiers de la planète finance.
