C’est un véritable séisme qui secoue actuellement le football français. Selon des sources proches du dossier, des perquisitions ont été menées mardi dans les locaux de la Ligue de football professionnel (LFP) ainsi que dans ceux du fonds d’investissement CVC Capital Partners. Une autre perquisition a également eu lieu au domicile du président de la LFP Vincent Labrune, à Saint-Rémy-de-Provence.
Une enquête du PNF pour détournement de fonds publics
Ces perquisitions interviennent dans le cadre d’une enquête ouverte en février 2024 par le Parquet national financier (PNF). Les chefs d’accusation sont lourds : soupçons de détournement de fonds publics, corruption active et passive d’agent public et prise illégale d’intérêt. L’enquête fait suite à une plainte déposée en novembre 2023 par l’association AC! Anticorruption, dénonçant un possible détournement de fonds publics lors de la création de la société commerciale de la LFP.
L’accord controversé entre la LFP et CVC
Au cœur des suspicions se trouve l’accord conclu en avril 2022 entre la LFP et le fonds d’investissement luxembourgeois CVC Capital Partners. En échange d’une participation de 13,04% sur ses revenus futurs, CVC s’est engagé à verser 1,5 milliard d’euros au football professionnel français. Cet accord devait permettre de renflouer les caisses des clubs, exsangues après la crise du Covid-19 et la défaillance du diffuseur Mediapro.
Mais selon des informations du quotidien L’Equipe, de larges bonus auraient été versés aux dirigeants de la Ligue ayant négocié le contrat, dont 8,5 millions d’euros pour Vincent Labrune. De quoi soulever de sérieuses questions sur d’éventuels conflits d’intérêts.
Le Sénat préconise des réformes drastiques
Parallèlement à l’enquête du PNF, une commission d’enquête du Sénat se penche depuis avril 2024 sur l’intervention des fonds d’investissement dans le football français. Dans un rapport publié le 30 octobre, les sénateurs ont pointé du doigt l’opacité entourant le contrat LFP-CVC. Ils préconisent des changements profonds :
- Séparer clairement les activités de la Ligue de celles de sa filiale commerciale
- Renforcer le contrôle démocratique sur ces contrats
- Réformer la répartition des revenus entre les clubs
- Encadrer les rémunérations des dirigeants
Des recommandations qui font écho aux inquiétudes grandissantes sur la marchandisation à outrance du football et la perte de son âme au profit d’intérêts financiers. Reste à savoir si ces affaires inciteront à un sursaut éthique dans un milieu gangrené par l’argent roi.
Quoi qu’il en soit, les révélations tombent au plus mauvais moment pour Vincent Labrune, réélu en septembre pour un second mandat à la tête de la LFP. Celui-ci devra s’expliquer sur ces soupçons de malversations qui entachent un peu plus l’image d’un football français empêtré dans ses dérives. L’enquête du PNF et le travail des sénateurs pourraient bien faire trembler les murs de la Ligue et imposer un grand ménage dans ses instances.