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Perplexity souhaite collaborer avec les médias pour leur contenu IA

Perplexity, la start-up d'IA générative, souhaite collaborer avec les médias pour leur contenu, malgré des plaintes récentes. Son PDG veut trouver un modèle gagnant-gagnant inspiré de Spotify, mais arrivera-t-il à convaincre les géants de la presse ?

L’intelligence artificielle générative bouleverse de nombreux secteurs, et les médias n’y échappent pas. Perplexity, une jeune pousse américaine dans ce domaine, apprend à ses dépens que collaborer avec les géants de la presse n’est pas chose aisée. Pourtant, son fondateur ne perd pas espoir et souhaite établir des partenariats commerciaux gagnant-gagnant.

Perplexity dans le viseur des médias

Deux poids lourds de la presse américaine, le Wall Street Journal et le New York Post, ont récemment porté plainte contre Perplexity. Ils accusent la start-up de San Francisco d’utiliser leurs articles pour entraîner son assistant IA et son moteur de recherche, sans les rémunérer en retour. Un modèle qui rappelle les débuts houleux de Google Actualités avec les éditeurs de presse.

Aravind Srinivas, le PDG de Perplexity, s’est dit “très surpris” par ces plaintes lors d’une conférence tech. Selon lui, son entreprise souhaitait justement nouer le dialogue avec les médias concernés pour trouver un terrain d’entente. Visiblement, le courant n’est pas encore passé entre les deux parties.

Des ambitions de rentabilité à moyen terme

Lancée fin 2022 avec le soutien de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, Perplexity carbure à l’IA générative pour proposer un assistant conversationnel et un moteur de recherche nouvelle génération. Si elle n’est pas encore rentable, la plateforme vise l’équilibre financier d’ici 3 à 5 ans selon son dirigeant. Un horizon qui paraît lointain dans l’univers des start-up, mais Perplexity peut compter sur une croissance rapide, passant de 500 millions de requêtes en 2023 à 350 millions rien que sur septembre.

Trouver le bon modèle économique

Pour générer des revenus, Perplexity compte s’appuyer sur la publicité, à l’instar de Google. Mais Aravind Srinivas assure vouloir reverser une partie des recettes publicitaires aux éditeurs de contenus, en s’inspirant du modèle de Spotify avec l’industrie musicale. Une main tendue qui reste à concrétiser.

Je préférerais trouver un modèle avec lequel nous pouvons croître ensemble, dans lequel notre succès financier récompense (les producteurs de contenus), que d’essayer de résoudre mon seul problème en achetant les droits sur ces contenus et en passant à autre chose.

Aravind Srinivas, PDG de Perplexity

Le dirigeant semble donc privilégier une approche partenariale sur le long terme avec les médias, plutôt qu’un rachat de droits ponctuels. Mais les modalités précises d’une telle collaboration restent à définir, et devront répondre aux inquiétudes légitimes des éditeurs sur l’utilisation de leurs contenus.

La difficile équation de la propriété intellectuelle

Le cœur du problème réside dans le statut des données utilisées pour entraîner les IA génératives comme celle de Perplexity. S’agit-il d’une violation du droit d’auteur ou d’un usage raisonnable (*fair use*) à des fins d’innovation technologique ? La start-up estime qu’ “aucun organe ne détient de droits de propriété intellectuelle sur des faits” tirés d’articles de presse. Une position juridique qui ne fait pas l’unanimité.

Au-delà des médias, de nombreuses professions créatives s’interrogent sur la façon de protéger leur propriété intellectuelle face à l’essor de l’IA générative, des artistes visuels aux écrivains. Si des garde-fous commencent à émerger, comme l’obligation de mentionner l’usage d’IA dans les images, le cadre légal et éthique est encore largement à construire dans ce domaine.

Quelle place pour l’IA dans les médias ?

Au-delà des questions de propriété intellectuelle, l’irruption de l’IA générative dans la sphère médiatique soulève des interrogations sur l’avenir du métier de journaliste. Des outils comme Perplexity peuvent-ils vraiment produire une information fiable et de qualité ? Ou risquent-ils au contraire de propager des approximations et des biais à grande échelle ?

Pour Aravind Srinivas, la réussite de Perplexity est indissociable d’un “écosystème prospère pour un journalisme de qualité”. Autrement dit, l’IA générative aurait besoin de médias solides pour s’épanouir sans dérive. Reste à savoir quelle sera la place des journalistes humains dans cette équation.

Vers des médias “augmentés” par l’IA ?

Plutôt qu’une IA qui remplacerait les journalistes, certains entrevoient des médias “augmentés” où l’intelligence artificielle viendrait soulager les rédactions de tâches fastidieuses pour leur permettre de se consacrer au cœur de leur métier. Par exemple :

  • La modération automatique des commentaires
  • La personnalisation de l’expérience utilisateur
  • La génération de contenus “de commodité” (résumés, météo…)
  • Les recommandations d’articles basées sur les intérêts
  • La détection de sujets émergents à partir des données

Mais pour que cette complémentarité entre IA et journalistes porte ses fruits, encore faut-il que leurs intérêts économiques soient alignés. C’est tout l’enjeu des discussions qui s’engagent entre des acteurs comme Perplexity et les éditeurs de presse. L’avenir nous dira s’ils parviennent à s’accorder sur un nouveau modèle de création et de diffusion de l’information à l’ère de l’intelligence artificielle.

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