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Perpétuité Confirmée pour l’Ex-Gendarme Rwandais Philippe Manier

27 ans après le génocide rwandais, la justice rattrape Philippe Manier. L'ex-gendarme a vu sa peine de perpétuité confirmée par la cour d'assises de Paris pour son rôle déterminant dans l'extermination des Tutsi en 1994. Un verdict lourd de sens pour les victimes et survivants.

Un verdict historique vient d’être rendu par la cour d’assises de Paris dans le cadre du procès en appel de Philippe Manier, ancien gendarme rwandais naturalisé français, pour son implication dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. Mardi soir, la justice française a confirmé la peine de réclusion criminelle à perpétuité prononcée en première instance à l’encontre de cet homme de 67 ans.

Un rôle déterminant dans le génocide

Selon la cour, Philippe Manier, surnommé Biguma à l’époque, a été reconnu coupable de génocide et crime contre l’humanité pour la quasi-totalité des chefs d’accusation. Le président a souligné le rôle central de l’accusé dans ces atrocités, déclarant : « Vous avez été le bras zélé du génocide par votre action déterminée mais aussi déterminante. Sans vous, les faits n’auraient pas atteint une telle ampleur. »

Les accusations portées contre Philippe Manier

Ancien adjudant-chef, Philippe Manier était accusé d’avoir activement participé ou encouragé le meurtre de dizaines de Tutsi en avril 1994 dans la préfecture de Butare, au sud du Rwanda. Parmi les victimes figure notamment le bourgmestre de Ntyazo qui s’opposait à la mise en œuvre du génocide dans sa commune.

L’accusation reprochait à M. Manier d’avoir ordonné et supervisé l’érection de plusieurs « barrières », ces barrages routiers destinés à contrôler et assassiner les civils tutsi. Il est également suspecté d’avoir participé directement à plusieurs massacres, en donnant des ordres voire en étant présent sur le terrain.

Un accusé qui nie en bloc

Tout au long du procès, Philippe Manier, naturalisé français en 2005 sous le nom de Philippe Hategekimana, a nié en bloc les accusations portées contre lui. Devant la cour, juste avant les délibérations, il a affirmé :

La situation au Rwanda était un cauchemar sans fin. Le génocide à l’encontre des Tutsi a été une réalité atroce. Pour moi, le cauchemar continue. Je suis un homme brisé car innocent de ce dont on m’accuse.

Pendant toute la procédure, l’ancien gendarme a constamment clamé son innocence, allant même jusqu’à prétendre avoir sauvé des Tutsi.

Un procès pour l’Histoire

Ce procès en appel revêt une importance capitale, non seulement pour les victimes et les survivants, mais aussi pour l’écriture de l’Histoire. 27 ans après les faits, la justice française envoie un message fort en confirmant la perpétuité pour cet acteur clé du génocide rwandais.

Selon des sources proches du dossier, plus de 50 témoins ont été entendus lors de ce procès fleuve. Leurs témoignages ont permis de reconstituer le rôle exact de Philippe Manier dans le génocide et d’établir sa culpabilité sans l’ombre d’un doute.

Un génocide qui a fait plus de 800 000 morts

Rappelons que le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994 a coûté la vie à plus de 800 000 personnes selon l’ONU, essentiellement des membres de la communauté tutsi, exterminés méthodiquement entre avril et juillet 1994.

Ce procès historique, parmi les premiers du genre devant la justice française, marque une étape cruciale dans le long chemin vers la vérité, la justice et peut-être un jour la réconciliation pour le peuple rwandais meurtri. Un peuple qui n’oubliera jamais le visage de ceux qui, comme Philippe Manier, ont été les bourreaux de l’un des pires génocides de l’Histoire.

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