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Périphérique parisien à 50 km/h : ce qui change dès aujourd’hui

Depuis le 30 août, la vitesse est limitée à 50 km/h sur le périphérique parisien. Découvrez tout ce qui change : verbalisations, impact sur le bruit et la pollution, alternatives envisagées... Un bouleversement pour les usagers et les riverains, qui suscite de vives réactions.

C’est un changement majeur pour les automobilistes franciliens : depuis ce mardi 30 août, la vitesse maximale autorisée sur le périphérique parisien est abaissée de 70 à 50 km/h. Une mesure controversée, voulue par la maire de Paris Anne Hidalgo pour réduire les nuisances subies par les riverains. Mais concrètement, qu’est-ce que cela va changer ? On fait le point.

Verbalisations : pas de tolérance dès le premier jour

Contrairement à ce qui avait été annoncé, il n’y aura finalement pas de période de tolérance pour les automobilistes qui dépasseraient les 50 km/h. Les contrôles de vitesse et les verbalisations pourront avoir lieu dès ce mardi, a prévenu la préfecture de police. Mieux vaut donc lever le pied immédiatement pour éviter l’amende.

La mesure sera appliquée progressivement, tronçon par tronçon, le temps de changer toute la signalétique. Le périphérique devrait être intégralement passé à 50 km/h d’ici le 10 octobre.

Un impact significatif sur le bruit ?

L’objectif principal de cette limitation est de réduire les nuisances sonores pour les quelque 500 000 riverains qui habitent à proximité du périphérique, dont 30 000 subissent un niveau de bruit supérieur à la valeur limite. Selon Bruitparif, le passage à 50 km/h pourrait permettre un gain de 2 à 3 décibels la nuit, quand le trafic est fluide.

On ne percevra pas une baisse du bruit en journée, mais on aura des nuits plus calmes, ce qui est essentiel pour la santé.

– Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif

Une exposition chronique au bruit a en effet des conséquences sanitaires importantes : troubles du sommeil, risques cardio-vasculaires, impact sur le stress et la santé mentale…

Et sur la qualité de l’air ?

L’impact sur la pollution atmosphérique est plus incertain. Si rouler moins vite réduit mécaniquement les émissions de polluants, les études montrent des effets mitigés en milieu urbain, en raison des risques de congestion accrue. Tout dépendra donc des reports de trafic et de l’évolution des comportements.

La Mairie de Paris mise sur une diminution à terme du trafic automobile au profit d’autres modes (transports en commun, vélo…), tandis que la région craint un report de la pollution sur le réseau secondaire.

Des alternatives à la baisse de vitesse ?

La présidente de région Valérie Pécresse plaidait pour la pose d’un revêtement phonique sur le périphérique, une solution jugée plus efficace pour réduire le bruit mais écartée par la Ville en raison de son coût.

Paris a déjà dépensé 18 millions d’euros pour couvrir la moitié de l’anneau d’enrobés anti-bruit, mais ceux-ci doivent être renouvelés tous les 10 ans environ. Un partenariat avec la région pourrait permettre d’accélérer ces travaux coûteux.

Bientôt une voie réservée au covoiturage ?

Anne Hidalgo souhaite pérenniser la voie olympique qui était réservée pendant les JO aux transports en commun, taxis et à l’organisation. Elle deviendrait une voie dédiée au covoiturage et aux véhicules propres.

Mais contrairement à la baisse de la vitesse, la Ville ne peut pas décider seule d’un tel aménagement sur cet axe de circulation majeur. Des discussions sont en cours avec la Préfecture de police. La région demande une expérimentation pour évaluer l’impact sur le trafic.

À terme, un « boulevard urbain apaisé » ?

Pour la maire de Paris, la baisse de la vitesse n’est qu’une première étape vers la transformation du périphérique en un boulevard urbain. L’objectif à long terme est de réduire la place de la voiture au profit des mobilités douces et des espaces verts.

Un projet qui suscite une levée de boucliers de l’opposition municipale et des élus de banlieue qui craignent un report du trafic et de la pollution dans leurs communes. La concertation sur l’avenir du périphérique promet d’être animée dans les mois à venir.

Le périphérique ne peut plus être cette autoroute urbaine d’un autre temps, cette cicatrice qui sépare Paris de sa banlieue. Ensemble, refondons-le pour en faire un lieu de vie, de respiration.

– David Belliard, adjoint EELV aux transports

Un peu d’histoire sur le « périph’ »

Construit entre 1956 et 1973, le périphérique a nécessité 17 ans de travaux et coûté l’équivalent de 2 milliards d’euros. Son rôle initial était d’améliorer la circulation et de délimiter Paris intra-muros.

Depuis, la vitesse y a été progressivement abaissée :

  • 1993 : 80 km/h
  • 2014 : 70 km/h
  • 2022 : 50 km/h

L’anneau de 35 km accueille plus d’un million de véhicules par jour, dont 80% ne transportent que le conducteur. Un trafic très dense source de nombreuses nuisances pour les habitants.

Face à l’urgence climatique et sanitaire, la transformation du périphérique apparaît inéluctable. Mais elle cristallise de profondes divergences entre Paris et sa banlieue sur la place de la voiture. Le chemin vers un périphérique apaisé s’annonce encore long et sinueux.

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