Un procès d’une grande violence s’est tenu cette semaine devant la cour criminelle du Var. Un homme de 38 ans a été condamné à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle pour avoir infligé un calvaire à sa fille adolescente pendant plusieurs années. Non seulement il la violait régulièrement depuis qu’elle avait 13 ans, mais il la livrait également à d’autres hommes qu’il recrutait sur des sites de petites annonces pour qu’ils abusent d’elle à leur tour.
Un calvaire sans nom pour l’adolescente
D’après les éléments rapportés lors du procès, le père, décrit comme un grand gaillard de 160 kg, exerçait une emprise totale sur sa fille. Il contrôlait ses fréquentations, ses sorties, ses réseaux sociaux. À partir de ses 13 ans, il a commencé à lui imposer des relations sexuelles fréquentes, en alternant cajoleries, insultes et menaces pour la faire céder.
Mais l’horreur ne s’est pas arrêtée là. L’homme a également livré sa fille à d’autres individus qu’il contactait via des sites comme Wannonce, en prétendant être un couple fantasmant sur la domination. Lors de ces « rencontres », l’adolescente avait les yeux bandés et devait se soumettre aux désirs de ces inconnus, sous le regard de son père qui participait, dirigeait et filmait les viols.
Des vidéos et photos comme preuves accablantes
Lors des perquisitions, les enquêteurs ont mis la main sur de nombreuses vidéos et photos pornographiques montrant sans équivoque la détresse et le jeune âge de la victime. C’est d’ailleurs grâce à la géolocalisation d’un de ces clichés que le seul complice identifié, un homme d’une soixantaine d’années sans antécédents judiciaires et père de six enfants, a pu être confondu.
Devant la cour, le sexagénaire a assuré avoir été piégé, pensant participer au fantasme d’un couple d’adultes consentants. Une défense jugée peu crédible au vu de l’état de la jeune fille visible sur les images diffusées à l’audience.
Entre déni et toute-puissance : l’attitude du père
Quant au père, s’il a reconnu les faits dans leur globalité, il n’a eu de cesse pendant l’instruction et le procès de minimiser sa responsabilité. Il a ainsi parlé d’une relation sentimentale avec sa fille, qu’il avait reconnue et élevée sans en être le père biologique. Il a soutenu n’avoir fait que céder à ses demandes, niant la contrainte.
Il ne s’agit pas d’amour mais de pouvoir et de domination. Il n’aime pas (sa fille), il aime avoir tous les pouvoirs sur elle, qu’elle lui appartienne, qu’elle lui obéisse.
Estelle Bois, avocate générale
Une attitude révélatrice d’un déni et d’un sentiment de toute-puissance qui n’a pas échappé à l’avocate générale. Celle-ci a requis et obtenu la peine maximale de 20 ans assortie d’une période de sûreté des deux tiers à l’encontre de ce père « monstre ». Le second accusé écope de 16 ans de réclusion.
Aucun huis clos malgré la gravité des faits
Un détail troublant de ce procès hors norme : la victime, aujourd’hui majeure, n’a pas souhaité demander le huis clos malgré le caractère sordide et intime des faits évoqués. Un choix courageux qui a permis de lever le voile, au moins partiellement, sur ces violences sexuelles incestueuses d’une violence inouïe qui restent trop souvent cachées.
Une affaire qui rappelle d’autres cas de violences sexuelles sur mineurs
Ce procès n’est malheureusement pas sans rappeler d’autres affaires récentes mettant en cause des pères ou beaux-pères accusés d’avoir violé, parfois pendant des années, leurs filles ou belles-filles mineures :
- L’affaire des viols incestueux de Mazan dans le Vaucluse, où un beau-père était accusé d’avoir violé ses belles-filles
- Le procès d’un kiné des Alpes-Maritimes condamné à 17 ans pour viols sur des patientes mineures handicapées
- Le viol collectif d’une adolescente de 14 ans par deux mineurs à Nice
Autant de drames qui mettent en lumière l’ampleur des violences sexuelles commises sur les mineurs, souvent au sein même de la famille, et la nécessité de mieux les prévenir et les sanctionner. Des peines sévères comme celle prononcée dans le Var envoient un signal fort, mais il faut aussi agir en amont en formant mieux à repérer les situations à risque.
Une victime qui va devoir se reconstruire
Au-delà de la condamnation des coupables, on ne peut qu’avoir une pensée émue pour cette jeune fille brisée, qui a subi l’innommable de la part de celui qui aurait dû la protéger. Le chemin sera long pour qu’elle se reconstruise et retrouve confiance en elle et en la vie.
Espérons que le fait que ces criminels aient été mis hors d’état de nuire lui apportera un peu de réconfort et un sentiment de justice, même si rien ne pourra effacer ces années de cauchemar. Son courage face à l’épreuve du procès force le respect.