L’Iran, véritable géant énergétique doté des deuxièmes plus grandes réserves mondiales de gaz naturel, se retrouve paradoxalement plongé dans une profonde crise énergétique. Alors qu’une vague de froid s’abat sur le pays, la capitale Téhéran a annoncé la fermeture des écoles et bâtiments publics pour le troisième jour consécutif, tandis que plusieurs centrales électriques ont dû être mises à l’arrêt faute de combustible suffisant.
Un réseau électrique à bout de souffle
Malgré son statut de 7ème producteur mondial de pétrole brut en 2022, l’Iran peine aujourd’hui à subvenir à ses propres besoins énergétiques. Selon des sources proches du dossier, le réseau électrique iranien souffrirait cruellement d’un manque d’investissements dans ses infrastructures, une situation aggravée par les sanctions occidentales pesant sur le pays.
Face à la vague de froid qui s’est abattue sur l’Iran et ses 85 millions d’habitants, la consommation de gaz pour le chauffage a explosé, mettant à rude épreuve un système d’approvisionnement déjà fragilisé. Les températures devraient ainsi chuter jusqu’à -3°C à Téhéran dans la nuit de lundi à mardi.
Fermetures d’écoles et excuses présidentielles
Dans ce contexte de pénurie, les autorités iraniennes n’ont eu d’autre choix que de prendre des mesures drastiques. Outre la fermeture prolongée des écoles et administrations dans la capitale, plusieurs régions du pays sont également touchées, notamment à l’ouest, au nord et au centre.
Le président iranien Massoud Pezeshkian a tenu à présenter ses excuses à la population pour ces pénuries et coupures d’électricité à répétition, source d’une grande exaspération au sein de la société iranienne.
Nous sommes sincèrement désolés pour les désagréments causés à nos concitoyens par cette situation exceptionnelle. Tout est mis en œuvre pour rétablir un approvisionnement stable dans les meilleurs délais.
Massoud Pezeshkian, Président de l’Iran
Des centrales mises à l’arrêt dans plusieurs provinces
Selon l’agence de presse Fars, plusieurs centrales électriques de la province du Golestan, dans le nord de l’Iran, ont dû être mises à l’arrêt par manque de gaz, alors que le thermomètre y est descendu jusqu’à -5°C. Une situation similaire est rapportée dans la province du Lorestan, au centre du pays, où une partie des centrales au gaz ont également été déconnectées du réseau.
Plus de la moitié des 31 provinces iraniennes seraient ainsi concernées à des degrés divers par des mesures de restriction liées à l’approvisionnement énergétique, et ce malgré une hausse de 18% de la consommation de gaz par rapport à l’an dernier à la même période, d’après la compagnie iranienne de gaz.
Un paradoxe énergétique aux lourdes conséquences
Cette crise énergétique qui frappe l’Iran apparaît comme un véritable paradoxe au regard des ressources colossales dont dispose le pays. Deuxième détenteur mondial de réserves de gaz naturel et acteur majeur du marché pétrolier, l’Iran se retrouve pourtant dans l’incapacité de répondre à ses propres besoins, victime d’un cruel manque d’investissements et d’infrastructures vieillissantes.
Une situation qui n’est pas sans rappeler les sanctions occidentales qui pèsent sur le pays depuis de nombreuses années, et qui ont largement contribué à asphyxier son économie et à freiner les investissements nécessaires à la modernisation de son secteur énergétique.
Aujourd’hui, ce sont les Iraniens qui en paient le prix fort, confrontés à des coupures d’électricité à répétition et à la fermeture de leurs écoles et administrations en plein hiver. Un coup dur pour une population déjà éprouvée par une situation économique et sociale particulièrement difficile.
Reste à savoir combien de temps durera cette crise énergétique, et quelles seront les réponses apportées par les autorités iraniennes pour y faire face. Une chose est sûre : sans un investissement massif et rapide dans les infrastructures énergétiques du pays, l’Iran risque de se retrouver régulièrement confronté à ce type de situation dans les années à venir, avec toutes les conséquences que cela implique pour sa population et son économie.