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Pékin Accuse Washington d’Ingérence dans la Chasse aux Militants Hongkongais Exilés

Pékin accuse les États-Unis d'ingérence après leurs critiques sur l'offre de récompenses par Hong Kong pour arrêter des militants pro-démocratie exilés. La Chine avertit qu'elle ne tolérera aucune intrusion dans ses affaires internes. Les tensions sino-américaines s'exacerbent sur fond d'érosion des libertés à Hong Kong...

Un nouvel épisode vient raviver les tensions déjà vives entre la Chine et les États-Unis au sujet de Hong Kong. Pékin a vigoureusement dénoncé vendredi les critiques américaines concernant l’offre par la police hongkongaise de récompenses pour toute information permettant l’arrestation de six militants pro-démocratie exilés.

« Nous n’acceptons aucune ingérence » avertit Pékin

« Nous exhortons les États-Unis à respecter pleinement la souveraineté de la Chine et le système juridique de Hong Kong », a martelé Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’un point presse. « Il s’agit d’une démarche nécessaire pour préserver la souveraineté nationale », a-t-elle insisté, affirmant que « l’application extraterritoriale de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong est pleinement conforme au droit international et aux pratiques courantes ».

Cette réplique cinglante fait suite aux propos du porte-parole de la diplomatie américaine Matthew Miller, qui avait fustigé jeudi une « campagne en cours de répression transnationale du gouvernement de Hong Kong ». Washington considère que cette chasse aux dissidents « menace la souveraineté des États-Unis, les droits humains et les libertés fondamentales des peuples à travers le monde ».

125 000 euros pour dénoncer des exilés

Au cœur de ce nouvel accrochage : l’annonce mardi par la police hongkongaise de l’émission de mandats d’arrêt internationaux assortis de récompenses atteignant un million de dollars de Hong Kong (près de 125 000 euros) pour toute information pouvant mener à l’interpellation de militants pro-démocratie en exil.

Cette troisième vague de « primes » cible notamment cinq personnes accusées d' »incitation à la sécession » et de « collusion » avec un pays étranger, ainsi qu’un YouTubeur de 69 ans inculpé pour « subversion ». Des chefs d’accusation rendus possibles par la draconienne loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020 pour museler toute dissidence dans l’ex-colonie britannique.

Les pays occidentaux appelés à réagir

Face à ces mesures qualifiées d' »actes lâches d’intimidation » par l’ONG Human Rights Watch, les États-Unis ont condamné « les efforts du gouvernement de Hong Kong pour intimider et faire taire des personnes qui ont choisi de faire des États-Unis leur pays ». Mais Washington n’est pas le seul sur le banc des accusés.

HRW a également interpellé le Royaume-Uni et le Canada, où nombre d’opposants hongkongais ont trouvé refuge, les enjoignant à une réaction ferme. Les deux précédentes salves d’offres de récompenses visant des dissidents exilés avaient déjà suscité l’ire des pays occidentaux, accusés en retour par Pékin d’ingérence.

L’étau se resserre sur les pro-démocratie

Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale, l’étau n’a cessé de se resserrer sur le camp pro-démocratie à Hong Kong. La plupart de ses figures ont été emprisonnées ou contraintes à l’exil, à l’instar des six nouveaux « fugitifs » dans le viseur de la police.

Ces « soi-disant +activistes démocrates+ » se « livrent depuis longtemps à des activités visant à déstabiliser Hong Kong, interférer dans son développement et perturber sa stabilité sociale »

Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères

Fin novembre, la justice hongkongaise a encore condamné 45 militants du mouvement prodémocratie à des peines allant jusqu’à dix ans de prison. Des arrestations et procès de masse qui illustrent la volonté de Pékin d’éradiquer toute voix dissidente dans le territoire.

Hong Kong, nouveau front des rivalités sino-américaines

Au-delà du sort des opposants hongkongais, c’est bien la mainmise croissante de la Chine sur son territoire semi-autonome qui cristallise les tensions avec les pays occidentaux. Washington a multiplié ces dernières années les sanctions contre des responsables chinois et hongkongais pour dénoncer l’érosion des libertés dans l’ex-colonie britannique, provoquant l’ire de Pékin.

L’accrochage autour de cette nouvelle « campagne de répression transnationale » témoigne une fois de plus des lignes de fracture qui se creusent entre la Chine et les États-Unis sur la question hongkongaise. Les deux superpuissances semblent plus que jamais campées sur leurs positions antagonistes, au risque d’attiser encore un peu plus leurs profondes rivalités.

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