Un verdict aussi attendu que retentissant. Ce jeudi, la cour criminelle d’Avignon a rendu sa décision dans un procès hors norme qui a tenu la France en haleine pendant près de quatre mois. Dominique Pelicot, 72 ans, a été condamné à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle pour avoir drogué, violé et livré son épouse Gisèle à des dizaines d’hommes recrutés sur Internet pendant une décennie. Un calvaire inimaginable dont Gisèle Pelicot, devenue une véritable icône féministe, a décidé de témoigner publiquement pour briser le silence autour des violences conjugales.
Un procès emblématique des violences faites aux femmes
Dès l’ouverture de ce procès exceptionnel le 2 septembre dernier, Gisèle Pelicot, 71 ans, a choisi de refuser le huis clos. Un acte fort pour exposer au grand jour l’horreur de ce qu’elle a subi et faire de son combat un symbole. Pendant les débats, elle a témoigné avec un courage et une dignité qui ont suscité une immense vague de soutien et d’admiration. Son calvaire est devenu le reflet d’une société encore trop souvent complice par son silence des violences sexistes et sexuelles.
J’ai confiance à présent dans un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie
– Gisèle Pelicot
Après l’énoncé du verdict, Gisèle Pelicot a sobrement déclaré « respecter » la décision de la cour. Au-delà de son cas personnel, elle a eu une pensée pour « les victimes non reconnues » de violences sexuelles, tout en affirmant avoir « confiance à présent » dans « un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie ». Des mots d’espoir après l’exposé glaçant des sévices subis pendant son mariage.
La peine maximale pour le mari tortionnaire
Pour son ex-mari Dominique Pelicot, en revanche, aucune clémence. L’accusation avait requis la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle à son encontre. Les juges ont suivi ces réquisitions, le condamnant à la plus lourde peine possible pour viols aggravés. Pendant dix ans, cet homme décrit comme un « monstre » a drogué son épouse aux anxiolytiques pour la transformer en objet sexuel et la livrer à des dizaines d’hommes contactés sur Internet, tout en documentant minutieusement les sévices infligés.
Des peines plus clémentes pour les autres accusés
Le verdict a en revanche été plus nuancé pour ses 50 co-accusés, âgés de 27 à 74 ans et poursuivis pour viol ou complicité. Malgré les 652 ans de prison requis au total, les peines prononcées ont été moins sévères qu’attendu, allant de 3 ans avec sursis à 15 ans ferme. Un cocktail de colère et de déception pour les parties civiles et de nombreuses associations féministes qui dénoncent un message d’impunité pour les agresseurs.
La justice a donné raison à Gisèle Pelicot, mais le combat contre l’impunité est loin d’être terminé
– La Fondation des Femmes
Un tournant dans la lutte contre les violences conjugales ?
Au-delà des peines, l’onde de choc provoquée par le procès Pelicot marque un tournant dans la prise de conscience des violences sexuelles subies par les femmes. Par son refus du silence et son combat inébranlable, Gisèle Pelicot a ouvert la voie à de nombreuses victimes. Quittant le tribunal sous les « bravo » et les « merci », elle est devenue le symbole d’un changement à l’œuvre vers une société plus juste et plus égalitaire. Grâce à son courage, la honte commence enfin à changer de camp.