L’Église d’Angleterre se retrouve à nouveau plongée dans la tourmente, quelques semaines seulement après la démission retentissante de son chef religieux, l’archevêque de Canterbury Justin Welby, sur fond d’un scandale d’agressions d’enfants. Cette fois, c’est celui qui doit en prendre provisoirement la tête, l’archevêque d’York Stephen Cottrell, qui est visé par de graves accusations révélées par une enquête de la BBC.
Un prêtre maintenu en poste malgré une interdiction
Selon les informations de la BBC, lorsqu’il était évêque de Chelmsford dans le sud-est de l’Angleterre en 2010, Stephen Cottrell aurait maintenu en fonction un prêtre, David Tudor, qui s’était pourtant vu interdire par l’Église tout contact seul avec des enfants suite à plusieurs cas d’agressions sexuelles. Contacté par la BBC, un porte-parole de l’archevêque a déclaré que ce dernier n’avait pas le pouvoir légal de licencier le prêtre à l’époque.
David Tudor a finalement été interdit de ministère il y a deux mois, après avoir avoué avoir eu des relations sexuelles avec deux jeunes filles, dont l’une n’avait que 15 ans. Au total, pas moins de sept femmes affirment avoir été agressées sexuellement par le prêtre lorsqu’elles étaient mineures. Certaines ont porté plainte au civil et l’une d’elles aurait même reçu un dédommagement à six chiffres de la part de l’Église anglicane en 2019.
46 ans de prêche malgré les accusations
Ce qui choque particulièrement dans cette affaire, c’est que malgré les soupçons qui pesaient sur lui, David Tudor a pu officier pendant plus de 46 ans au sein de l’Église d’Angleterre, à Londres et dans l’est du pays. Ses prêches charismatiques lui ont même permis de gravir les échelons de la hiérarchie ecclésiastique.
Des appels à la démission de l’archevêque d’York
Face à ces révélations accablantes, des voix s’élèvent pour réclamer le départ de Stephen Cottrell. « Le fait de ne pas avoir agi dans cette affaire sape complètement sa crédibilité », a ainsi déclaré à la BBC l’évêque de Newcastle, Helen-Ann Hartley. « Comment peut-on avoir l’autorité morale et éthique de diriger une institution dans de telles conditions ? », s’est-elle interrogée.
Cette nouvelle affaire de pédocriminalité est un énième coup dur pour l’Église d’Angleterre, déjà largement discréditée pour avoir couvert pendant des décennies les agressions commises sur plus de 100 enfants par un avocat proche de l’institution. Un scandale qui avait déjà poussé à la démission mi-novembre le plus haut dignitaire anglican, l’archevêque de Canterbury.
L’institution ébranlée dans ses fondements
Au-delà des drames humains, c’est toute la crédibilité de l’Église qui est remise en cause par ces affaires à répétition. Comment une institution censée incarner des valeurs morales et spirituelles a-t-elle pu fermer les yeux aussi longtemps sur de tels actes ? Pourquoi n’a-t-elle pas agi plus tôt et plus fermement contre les prêtres suspectés ?
Pour tenter de restaurer la confiance, l’Église d’Angleterre a promis de faire toute la lumière sur ces affaires et de prendre des mesures pour que de tels scandales ne se reproduisent plus. Mais le chemin sera long pour panser les plaies et redorer le blason de cette institution plus que millénaire, profondément ébranlée dans ses fondements.
Les fidèles comme l’opinion publique attendent désormais des actes forts et des changements concrets. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir de l’Église anglicane, qui joue un rôle central au Royaume-Uni. Saura-t-elle opérer la profonde remise en question qui s’impose et regagner le cœur des Britanniques ? L’ampleur de la tâche est immense au vu du séisme qui la secoue actuellement.
