Un vent de polémique souffle sur les îles d’Oléron et de Noirmoutier. En cause : le projet porté par les élus locaux d’instaurer des péages sur les ponts reliant ces îles au continent, afin de lutter contre le surtourisme et protéger l’environnement. Une mesure qui divise profondément l’opinion.
Des îles paradisiaques menacées par leur succès
Avec leurs plages de sable fin, leurs paysages préservés et leur douceur de vivre, les îles d’Oléron et Noirmoutier attirent chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Un afflux touristique qui n’est pas sans conséquence pour ces fragiles écosystèmes insulaires.
Érosion du littoral, dégradation des espaces naturels, saturation des infrastructures… Les maux dont souffrent ces îles sont directement liés à la surfréquentation touristique, particulièrement lors de la haute saison estivale. Face à ce constat alarmant, les élus locaux ont décidé d’agir.
Le péage, une solution pour réguler les flux ?
Pour endiguer le phénomène du surtourisme, les élus d’Oléron et Noirmoutier misent sur l’instauration d’un péage à l’entrée des ponts reliant les îles au continent. L’objectif : mieux réguler les flux de visiteurs en faisant participer ces derniers au financement de la préservation des sites.
L’instauration d’une écoparticipation permettrait de financer des actions concrètes en faveur de l’environnement et des mobilités douces sur nos îles.
Explique Fabien Gaborit, président de la Communauté de Communes de l’île de Noirmoutier
Le montant de cette “écoparticipation” reste encore à définir, tout comme ses modalités pratiques (péage physique ou dématérialisé, tarif unique ou modulé selon la période…). Une concertation doit être menée avec l’ensemble des acteurs concernés.
Une mesure qui ne fait pas l’unanimité
Si l’objectif de préservation est louable, le projet de péage insulaire suscite de vives critiques. Principale crainte : que cette taxe ne pénalise les visiteurs les plus modestes et ne transforme ces îles en “destinations pour riches”.
Les professionnels du tourisme s’inquiètent aussi d’un possible impact négatif sur la fréquentation et l’économie locale, très dépendante de l’activité touristique. Certains appellent plutôt à miser sur la sensibilisation des visiteurs aux enjeux environnementaux.
Plutôt que de taxer, il faut éduquer. Responsabiliser les touristes, les encourager à adopter les bons gestes pour préserver nos îles.
Plaide un représentant des hôteliers de Noirmoutier
Vers un modèle inspiré de l’île de Ré ?
Dans ce débat, l’île de Ré fait figure de pionnière. Depuis plusieurs années déjà, les visiteurs doivent s’acquitter d’un droit de passage pour franchir le pont, une mesure globalement bien acceptée qui a permis de financer de nombreux projets environnementaux.
Fortes de cet exemple, les îles d’Oléron et Noirmoutier envisagent de s’inspirer de ce modèle, tout en l’adaptant à leurs spécificités. Des études d’impact et une large concertation doivent encore être menées avant toute mise en œuvre.
2023, l’année de la décision
Les maires d’Oléron et Noirmoutier l’assurent : une décision sera prise d’ici à la fin de l’année sur l’instauration ou non de ces péages insulaires. D’ici là, le débat promet d’être animé entre partisans et opposants du projet.
Une chose est sûre : la question de la régulation du tourisme sera au cœur des réflexions sur l’avenir de ces îles. Car au-delà des péages, c’est tout un modèle de développement qui est à repenser pour concilier attractivité et préservation de ces joyaux de l’Atlantique.