À quelques jours d’une élection présidentielle qui pourrait redessiner l’avenir du Cameroun, un homme de 92 ans, au pouvoir depuis plus de quatre décennies, s’est adressé à une foule dans la ville de Maroua. Ce moment, chargé d’histoire et de symboles, marque le début d’une campagne où chaque mot, chaque promesse, est scruté. Dans une région marquée par des défis sécuritaires et des ambitions politiques, que signifie cette nouvelle candidature ?
Un retour en force dans l’Extrême-Nord
Le 7 octobre 2025, la ville de Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord, a vibré au rythme d’un événement politique majeur. Le président sortant, âgé de 92 ans, a choisi ce bastion électoral pour lancer sa campagne en vue du scrutin du 12 octobre. Accompagné de son épouse, vêtue d’une robe éclatante aux motifs fleuris, il a foulé le sol de l’aéroport sous les regards attentifs de ses partisans. Ce choix stratégique n’est pas anodin : Maroua, proche des frontières nigériane et tchadienne, représente un réservoir de voix crucial avec plus de 1,2 million d’électeurs inscrits.
Dans un discours d’environ 25 minutes, le président a affiché une détermination intacte. Devant une foule moins nombreuse que prévu – quelques centaines de personnes contre les 25 000 annoncées par les organisateurs – il a mis l’accent sur des thématiques phares : l’emploi des jeunes, l’autonomisation des femmes et le développement des infrastructures. Mais dans une région où les attaques de Boko Haram restent une menace constante, ce meeting portait aussi une dimension sécuritaire forte.
Un discours centré sur la jeunesse
Le président a placé les jeunes au cœur de son discours, une stratégie qui reflète les préoccupations d’un pays où la population est majoritairement jeune. « Aucun jeune, qu’il soit diplômé ou non, ne sera laissé sur le bord de la route », a-t-il promis. Cette déclaration vise à répondre à un défi majeur : le chômage endémique qui touche des milliers de Camerounais. Mais au-delà des mots, quelles actions concrètes ont été entreprises ?
Mon objectif est que chaque jeune, où qu’il soit, puisse trouver aisément un emploi ou devenir entrepreneur.
Extrait du discours à Maroua
Pour illustrer son engagement, le président a évoqué des projets d’infrastructures visant à dynamiser l’économie locale, notamment dans l’Extrême-Nord. Routes, écoles, centres de formation : ces initiatives, selon lui, doivent poser les bases d’un avenir meilleur. Cependant, dans une région où l’insécurité freine le développement, ces promesses résonnent comme un défi de taille.
Maroua : un choix stratégique
Pourquoi Maroua ? Cette ville, déjà choisie en 2018 pour lancer la campagne, reste un symbole fort. Avec sa position géographique stratégique et son poids électoral, l’Extrême-Nord est un terrain où le président cherche à consolider son assise. Mais ce choix reflète aussi une réalité plus complexe : la région est régulièrement secouée par les violences de Boko Haram, ce qui en fait un baromètre de la capacité du gouvernement à garantir la sécurité.
La présence d’une forte sécurité policière lors du meeting n’est pas passée inaperçue. Elle rappelle que, malgré les promesses de développement, la menace terroriste reste un obstacle majeur. Les habitants de Maroua, tout comme ceux de l’Extrême-Nord, attendent des solutions concrètes pour vivre en paix.
Le saviez-vous ? L’Extrême-Nord du Cameroun, avec ses 1,22 million d’électeurs, représente un enjeu clé pour tout candidat à la présidence. Pourtant, les violences de Boko Haram compliquent l’accès aux urnes pour de nombreux habitants.
Une opposition fragmentée
Face au président sortant, l’opposition semble plus divisée que jamais. Plusieurs candidats, dont d’anciens alliés, ont décidé de se présenter. Cette fragmentation pourrait jouer en faveur du chef de l’État, qui compte sur sa longévité et son expérience pour séduire les électeurs. Mais la dynamique de la campagne montre une concurrence accrue, notamment dans l’Extrême-Nord, où des figures locales cherchent à capter les voix.
Un analyste politique a souligné l’importance stratégique de cette région :
Avec des alliés du nord qui rompent leur alliance pour briguer la présidence, l’Extrême-Nord s’impose comme un facteur clé pour déterminer l’issue du scrutin.
Arrey Ntui, analyste
Dans ce contexte, l’appel d’une figure de l’opposition à voter librement, malgré le rejet de sa candidature, ajoute une couche de tension. Les électeurs, confrontés à un choix crucial, devront peser entre la continuité et le changement.
Les défis d’une campagne sous tension
À cinq jours du scrutin, la campagne bat son plein. Les candidats multiplient les déplacements à travers le pays, cherchant à rallier les indécis. Mais pour le président, ce huitième scrutin présidentiel représente un défi unique. À 92 ans, sa capacité à mobiliser reste scrutée, d’autant que sa dernière apparition publique remontait à mai 2025.
Les observateurs s’interrogent : les promesses suffiront-elles à convaincre une population jeune, confrontée à des défis économiques et sécuritaires ? La faible affluence à Maroua, comparée aux attentes, pourrait être un signal d’alerte. Pourtant, le président mise sur son image de stabilité dans un pays où l’insécurité et les tensions politiques sont omniprésentes.
Les enjeux du scrutin du 12 octobre
Le scrutin du 12 octobre s’annonce comme un tournant pour le Cameroun. Voici les principaux enjeux :
- Sécurité : La lutte contre Boko Haram reste une priorité dans l’Extrême-Nord.
- Jeunesse : Le chômage et le manque d’opportunités pour les jeunes sont au cœur des débats.
- Opposition : La division des adversaires pourrait avantager le président sortant.
- Participation : La faible affluence à Maroua interroge sur l’enthousiasme électoral.
Dans ce contexte, le président doit non seulement convaincre de sa capacité à répondre à ces défis, mais aussi rassurer sur sa vision pour les sept prochaines années. Son discours, axé sur l’espoir et la continuité, cherche à répondre à ces attentes, mais les électeurs auront le dernier mot.
Un scrutin sous haute surveillance
Le meeting de Maroua n’est que le début d’une semaine décisive. Avec une forte présence policière et des enjeux sécuritaires majeurs, ce scrutin sera suivi de près, tant au niveau national qu’international. Les électeurs de l’Extrême-Nord, comme ceux du reste du pays, devront faire un choix qui pourrait façonner l’avenir du Cameroun pour les années à venir.
Alors que les candidats sillonnent le pays, la question demeure : le président parviendra-t-il à renouveler la confiance des Camerounais ? Ou l’opposition, malgré ses divisions, réussira-t-elle à créer la surprise ? Une chose est sûre : le 12 octobre marquera un moment clé dans l’histoire politique du pays.
En résumé : Le lancement de la campagne à Maroua met en lumière les défis du Cameroun : sécurité, emploi des jeunes et divisions politiques. Le scrutin du 12 octobre s’annonce comme un rendez-vous historique.
Ce meeting, bien que modeste en affluence, a posé les bases d’une campagne où chaque détail compte. Dans un pays à la croisée des chemins, les prochains jours seront cruciaux pour comprendre les aspirations des Camerounais et l’avenir qu’ils souhaitent pour leur nation.