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Paul Biya Émerge Enfin : Campagne Intense au Cameroun

À cinq jours de l’élection, Paul Biya, 92 ans, brise le silence à Maroua. Que cache son retour ? Les enjeux du scrutin du 12 octobre vont-ils bouleverser le Cameroun ? Cliquez pour tout savoir.

À quelques jours d’un scrutin décisif, le Cameroun retient son souffle. Le président Paul Biya, figure emblématique et controversée, a fait une apparition remarquée à Maroua, dans l’Extrême-Nord, pour son premier grand meeting de campagne. À 92 ans, celui qui dirige le pays depuis 1982 brise un silence de plusieurs mois, ravivant les débats sur son avenir politique et celui du Cameroun. Alors, que signifie ce retour tardif dans l’arène électorale ?

Un Retour Attendu dans un Contexte Tendu

Après des mois d’absence remarquée, Paul Biya a choisi la ville de Maroua pour lancer officiellement sa campagne, à seulement cinq jours de l’élection présidentielle du 12 octobre. Ce choix n’est pas anodin : l’Extrême-Nord, avec ses 1,22 million d’électeurs inscrits, est une région stratégique, bien que marquée par les violences de Boko Haram. Ce retour, après un mystérieux séjour en Suisse, a surpris autant qu’il a interrogé. Était-ce une stratégie calculée ou une réponse aux rumeurs sur sa santé ?

Accompagné de son épouse, Chantal Biya, le président a prononcé un discours de 25 minutes, axé sur des promesses ambitieuses pour les jeunes et les femmes. « Mon objectif est que chaque jeune trouve un emploi ou devienne entrepreneur », a-t-il déclaré, suscitant des applaudissements parmi les centaines de partisans présents. Pourtant, la foule, estimée à quelques centaines de personnes par les observateurs, était bien loin des 25 000 attendus par les organisateurs.

Une Campagne Tardive, mais Symbolique

Ce meeting marque la première apparition publique de Paul Biya depuis mai 2025. Avant cela, sa campagne s’était limitée à une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le 27 septembre, critiquée pour son usage d’images générées par intelligence artificielle. Ce choix technologique, inhabituel pour un homme de sa génération, a suscité des moqueries, mais aussi des questions sur la modernité de sa stratégie.

Le candidat sortant brille par un certain mutisme.

Aristide Mono, analyste politique

Ce silence, qualifié de « mutisme » par l’analyste Aristide Mono, contraste avec l’énergie déployée par ses adversaires. Des figures comme Issa Tchiroma Bakary, Bello Bouba Maïgari ou Cabral Libii, troisième en 2018, sillonnent le pays pour rallier les électeurs. Paul Biya, lui, mise sur son aura et son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), pour conserver le pouvoir.

L’Extrême-Nord : Un Bastion sous Pression

Maroua, ville frontalière du Nigeria et du Tchad, n’a pas été choisie au hasard. Considérée comme un fief électoral du RDPC, la région de l’Extrême-Nord est cruciale pour Paul Biya. Pourtant, les dynamiques changent. Des alliés historiques, comme Tchiroma et Bello, ont rompu avec le président pour se présenter contre lui, fragilisant son emprise.

En outre, l’insécurité liée aux attaques de Boko Haram reste une préoccupation majeure. Les habitants de l’Extrême-Nord, confrontés à des violences récurrentes, attendent des solutions concrètes. Paul Biya a promis des investissements dans les infrastructures et l’emploi, mais ces engagements suffiront-ils à convaincre une population lassée par des décennies de promesses ?

Chiffres clés de l’élection :

  • 1,22 million d’électeurs inscrits dans l’Extrême-Nord
  • 8e candidature de Paul Biya à une élection présidentielle
  • 25 minutes : durée du discours de Maroua

Une Opposition Fragmentée

Face à Paul Biya, l’opposition peine à s’unir. Maurice Kamto, figure emblématique, a vu sa candidature rejetée en août, un coup dur pour ses partisans. Malgré cet échec, il a appelé les électeurs à voter librement, laissant planer le doute sur ses intentions. Pendant ce temps, d’autres candidats, comme Cabral Libii, gagnent en visibilité grâce à des campagnes dynamiques.

Les discussions pour une candidature unique de l’opposition ont échoué, affaiblissant les chances de renverser le président sortant. Cette fragmentation profite au RDPC, qui capitalise sur sa machine électorale bien rodée. Mais dans un pays où la jeunesse représente une part croissante de l’électorat, les promesses de changement résonnent fort.

Les Enjeux d’un Scrutin Décisif

À 92 ans, Paul Biya est le plus vieux chef d’État en exercice au monde. Sa longévité au pouvoir, impressionnante pour certains, controversée pour d’autres, soulève des questions sur l’avenir du Cameroun. Que se passera-t-il après lui ? Ses promesses d’emploi pour les jeunes et d’investissements dans les infrastructures suffiront-elles à apaiser les frustrations d’une population en quête de renouveau ?

Avec des alliés du nord qui rompent leur alliance, l’Extrême-Nord s’impose comme un facteur clé.

Arrey Ntui, International Crisis Group

Le scrutin du 12 octobre sera un test pour la résilience du système Biya. Dans un contexte marqué par l’insécurité, les tensions économiques et les aspirations des jeunes, chaque vote comptera. L’Extrême-Nord, avec son poids électoral, pourrait bien faire pencher la balance.

Un Discours Centré sur la Jeunesse

Dans son discours, Paul Biya a insisté sur l’emploi des jeunes, promettant que « aucun jeune, diplômé ou non, ne sera laissé sur le bord de la route ». Une déclaration ambitieuse, mais qui devra se confronter à la réalité d’un pays où le chômage touche massivement les moins de 30 ans. Les femmes, autre cible clé, ont également été au cœur de son discours, avec des promesses d’autonomisation économique.

Ces engagements, bien qu’applaudis par ses partisans, suscitent le scepticisme. Après 43 ans au pouvoir, les Camerounais attendent des résultats concrets. La faible affluence à Maroua, comparée aux attentes, reflète peut-être un certain désintérêt ou une lassitude face à des promesses répétées.

Un Contexte de Suspicion

Le retour de Paul Biya après un séjour en Suisse, qualifié de « voyage privé », a alimenté les spéculations sur son état de santé. À 92 ans, chaque absence prolongée du président suscite des interrogations. Sa voix ferme et son discours énergique à Maroua ont toutefois rassuré certains de ses soutiens, tout en laissant d’autres sceptiques.

La présence massive de forces de l’ordre lors du meeting témoigne des tensions entourant cette élection. Dans un pays où les manifestations sont souvent réprimées, la liberté de vote prônée par l’opposition reste un défi. Les observateurs internationaux surveillent de près ce scrutin, qui pourrait redessiner le paysage politique camerounais.

Vers un Huitième Mandat ?

Paul Biya se présente pour un huitième mandat, un record qui fait de lui une figure à part dans l’histoire politique africaine. Mais ce scrutin, plus que les précédents, semble marqué par l’incertitude. La fragmentation de l’opposition, les tensions dans l’Extrême-Nord et les aspirations des jeunes pourraient compliquer sa réélection.

Pourtant, le RDPC reste une force redoutable. Avec des décennies d’expérience et une emprise sur les institutions, le parti de Biya part favori. Mais dans un pays en quête de changement, chaque meeting, chaque discours, chaque vote pourrait faire la différence.

Les points clés à retenir :

  • Paul Biya, 92 ans, lance sa campagne à Maroua, cinq jours avant l’élection.
  • L’Extrême-Nord, un bastion électoral, est marqué par les violences de Boko Haram.
  • L’opposition, fragmentée, peine à s’unir face au RDPC.
  • Les jeunes et les femmes sont au cœur des promesses électorales.

Le 12 octobre approche, et avec lui, un moment charnière pour le Cameroun. Paul Biya, en brisant son silence, a rappelé sa détermination à rester au pouvoir. Mais dans un pays où les aspirations au changement se font de plus en plus pressantes, son discours suffira-t-il à convaincre ? L’avenir du Cameroun se joue maintenant.

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