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Patrimoine Unesco : Cuisine Italienne et Diwali en Lice

La cuisine italienne entière, la grande fête de Diwali et le mythique son cubain pourraient bientôt rejoindre le patrimoine immatériel de l’Unesco. 68 candidatures sont examinées cette semaine à New Delhi… Mais lesquelles seront retenues ? La réponse risque de surprendre.

Imaginez une liste mondiale où la pizza napolitaine côtoie déjà le repas gastronomique français et le washoku japonais. Et si, très bientôt, toute la cuisine italienne y faisait son entrée ? C’est exactement ce qui pourrait arriver cette semaine à New Delhi, lors de la session du comité du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

68 traditions en compétition pour l’éternité

Du mardi au jeudi, 68 dossiers venus du monde entier sont examinés avec la plus grande attention. Parmi eux, des pratiques artisanales, des arts du spectacle, des fêtes populaires et, bien sûr, des trésors culinaires et musicaux. Cette année, l’Unesco met particulièrement en lumière les savoir-faire manuels qui tissent l’identité des peuples.

Artisans, cuisiniers, musiciens, danseurs : tous espèrent voir leur tradition reconnue comme un bien commun de l’humanité. Une inscription qui, au-delà du symbole, permet une meilleure transmission et parfois des financements pour la sauvegarde.

La cuisine italienne, candidate à l’universalité

L’Italie joue gros mercredi. Après deux années de campagne acharnée, elle présente la candidature de sa gastronomie dans son ensemble. Oui, vous avez bien lu : pas seulement l’art du pizzaiolo napolitain (déjà inscrit en 2017), mais toute la cuisine italienne.

Le dossier met en avant un héritage émotionnel unique : échange de saveurs, de souvenirs, de gestes transmis de génération en génération. Des pâtes fraîches de grand-mère aux recettes régionales farouchement défendues, en passant par les communautés italiennes à l’étranger qui perpétuent le rite du repas dominical.

« Un héritage émotionnel qui unit différentes générations et traverse les frontières locales et nationales »

Cette formulation, tirée du dossier officiel, résume parfaitement l’ambition : faire reconnaître que la cuisine italienne dépasse largement les assiettes pour devenir un véritable lien social et identitaire.

Diwali, la fête des lumières indienne sous les projecteurs

Le même jour, l’Inde, pays hôte de la session, présentera la candidature de Dipavali, plus connue sous le nom de Diwali. Cette célébration hindoue majeure symbolise le triomphe de la lumière sur les ténèbres.

Pendant plusieurs jours, des millions de lampes à huile illuminent maisons, rues et temples. Les familles se réunissent, échangent des douceurs, décorent le sol de rangoli colorés. Mais la fête a aussi son revers : les pétards et feux d’artifice massifs aggravent dramatiquement la pollution atmosphérique, notamment à New Delhi.

L’an dernier encore, la capitale indienne disparaissait sous un épais brouillard toxique, avec des niveaux de pollution atteignant 23 fois les recommandations de l’OMS. Un paradoxe que l’Unesco devra nécessairement prendre en compte.

Le son cubain, ready to rumble depuis Buena Vista

Parmi les neuf candidatures musicales, le son cubano fait figure de favori sentimental. Redécouvert mondialement grâce à l’album Buena Vista Social Club en 1996, ce genre né au XIXe siècle dans l’est de Cuba mêle guitare, tres, bongos, trompette et voix chaleureuses.

Compay Segundo, Ibrahim Ferrer et les autres ont révélé au monde cette musique à la fois joyeuse et mélancolique. Aujourd’hui encore, les soneros perpétuent la tradition dans les casas de la trova de Santiago de Cuba.

D’autres rythmes forts sont en lice : le joropo vénézuélien, le highlife ghanéen, le yodel suisse ou encore le compas haïtien. La bataille s’annonce rude.

L’artisanat et les arts vivants à l’honneur

Cette session 2025 marque un retour en force des pratiques manuelles. Miniatures afghanes, tissage de sari au Bangladesh, cirque familial chilien, marionnettes à tringle bruxelloises, théâtre vivant à Sao-Tomé-et-Principe… La liste est longue et fascinante.

Certains dossiers concernent aussi des plats emblématiques : le koshary égyptien (mélange de lentilles, riz, pâtes et sauce tomate épicée) ou le vin doux commandaria de Chypre, produit depuis le Moyen Âge.

  • Art afghan de la miniature
  • Tissage traditionnel de sari (Bangladesh)
  • Cirque familial (Chili)
  • Marionnettes à tringle (Bruxelles)
  • Théâtre vivant (Sao-Tomé-et-Principe)
  • Koshary (Égypte)
  • Vin commandaria (Chypre)

Trois listes, une même mission : sauvegarder le vivant

Au total, trois catégories d’inscription existent :

  1. La liste représentative (54 candidatures cette année) : pour les pratiques vivantes et bien portantes
  2. La liste de sauvegarde urgente (11 candidatures) : pour celles en danger de disparition
  3. Le registre des bonnes pratiques (1 candidature) : pour les projets exemplaires de transmission

Aujourd’hui, 788 éléments issus de 150 pays figurent déjà sur ces listes, dont 667 sur la liste représentative. Chaque nouvelle inscription renforce la diversité culturelle mondiale.

Cette session de New Delhi s’annonce donc comme un moment historique. Plusieurs traditions parmi les plus emblématiques et populaires de la planète pourraient franchir le seuil de l’universalité.

Restera à voir si le comité saura trancher entre symboles forts et nécessité de préservation, entre fête joyeuse et impact environnemental, entre héritage vivant et risque de folklorisation.

Une chose est sûre : quel que soit le verdict final, ces 68 candidatures nous rappellent la richesse extraordinaire des cultures humaines. Et ça, c’est déjà une très belle victoire.

À suivre cette semaine : les décisions du comité seront annoncées au fur et à mesure. Certaines inscriptions pourraient être officialisées dès mercredi pour l’Italie et l’Inde. Restez connectés !

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