Il y a un an disparaissait Patrick Buisson, figure intellectuelle majeure de la droite conservatrice française. Essayiste, conseiller politique, homme de médias, ce personnage inclassable a profondément marqué le paysage idéologique hexagonal pendant près d’un demi-siècle. À l’heure où la France semble plus que jamais en quête de repères, quel héritage nous laisse-t-il ? Retour sur les idées forces de ce penseur singulier.
La cause du peuple, un manifeste visionnaire
Publié en 2016, La Cause du peuple apparaît aujourd’hui comme le testament politique de Patrick Buisson. Dans cet essai coup de poing mêlant pamphlet et confidences intimes, l’auteur y dresse un constat sans concession de la dérive de la France mondialisée. Prophétique, il y ravive la mémoire d’un peuple trahi par ses élites, réduit au silence dans le vacarme de la globalisation.
Les citoyens s’ancraient dans un quotidien souvent dévasté par le déclin industriel et la dislocation culturelle. Le «peuple» décrit par Buisson n’était pas une masse informe, mais une somme de douleurs et d’aspirations que les pouvoirs successifs avaient choisi d’ignorer.
Un an après sa parution, ses mots résonnent avec une acuité particulière alors que le pays traverse une crise existentielle profonde. Plus qu’un simple constat, La Cause du peuple se veut un véritable manifeste. Un appel à renouer avec « les desseins profonds qui traversaient le pays » face à une caste mondialisée sacrifiant l’âme de la nation sur l’autel du progressisme.
Le réveil du peuple des invisibles
Pour Buisson, la clé du sursaut se trouve dans la réaffirmation d’une identité enracinée, portée par ce « peuple des invisibles » longtemps ignoré des élites. Un peuple qui aspire à des dirigeants sachant parler avec leurs tripes autant qu’avec leur esprit, loin de l’éloquence technocratique aseptisée.
Face à une société en quête éperdue de repères, il appelle à une transmission active des symboles nationaux et du patrimoine historique commun. Un combat délaissé par la gauche et que la droite doit réinvestir d’urgence, non pas en singeant le discours collectiviste, mais en proposant une sécurité économique et culturelle à l’échelle de la nation.
Contre les « entrepreneurs en démolition »
Buisson voyait dans ces « entrepreneurs en démolition », fervents zélateurs de la table rase, la pathologie d’un Occident malade de lui-même. Derrière le masque du progressisme se cachait selon lui un projet froidement calculé de destruction de l’héritage et d’abandon des plus vulnérables.
En réponse, il esquisse les contours d’un « patriotisme solidaire », conciliant enracinement et ouverture sur le monde. Pour lui, progrès ne devait pas rimer avec dépossession. La transmission active de notre héritage, en particulier chrétien, apparaissait comme la clé d’un avenir réconcilié.
Résister à l’amnésie collective
Si la pensée de Patrick Buisson pouvait paraître radicale à certains égards, sa cohérence et sa perspicacité forcent le respect. À l’heure où la France doute et se cherche, elle apparaît comme un rempart salutaire face aux sirènes de l’amnésie collective qui menace de l’engloutir.
Cette lecture, à la fois rude et lumineuse, s’adresse à ceux qui refusent de voir leur pays sombrer dans les méandres de l’impuissance. Une véritable déclaration d’amour à une France qui doute, mais qui peut encore espérer.
En ravivant la flamme d’une France éternelle, Patrick Buisson nous a laissé un héritage précieux. À nous de le faire fructifier pour bâtir une société réconciliée avec elle-même et avec son destin. L’avenir dira si ses intuitions visionnaires auront su infléchir le cours de l’Histoire. Une chose est sûre : sa voix singulière, un an après sa disparition, n’a pas fini de résonner dans le débat public.