Dans un contexte de hausse inquiétante des traversées illégales de la Manche, les autorités britanniques viennent d’envoyer un signal fort. Vendredi, un passeur iranien de 34 ans a été condamné à la lourde peine de 17 ans de prison pour avoir organisé plusieurs traversées clandestines de migrants kurdes depuis les côtes françaises.
Selon l’agence nationale britannique de lutte contre la criminalité (NCA), Amanj Hasan Zada dirigeait un réseau sophistiqué depuis son domicile dans le Lancashire, au nord-ouest de l’Angleterre. Il utilisait notamment les réseaux sociaux pour promouvoir ses “services”, se targuant d’être “le meilleur passeur”. Des vidéos le montrent même se féliciter dans une chanson en kurde, tout en jetant de l’argent et en tirant avec une arme à feu.
Si trois traversées organisées entre novembre et décembre 2023 ont pu être directement reliées à Zada, les enquêteurs sont persuadés qu’il est impliqué dans bien d’autres. “Il ne fait aucun doute pour moi qu’il est lié à de nombreuses traversées supplémentaires”, a déclaré Martin Clarke de la NCA.
Le gouvernement Starmer déterminé à s’attaquer aux passeurs
Ce coup de filet s’inscrit dans un contexte de recrudescence des traversées illégales de la Manche. Depuis le début de l’année 2023, les autorités britanniques estiment que 32.000 migrants ont déjà rejoint le Royaume-Uni par cette voie très risquée. Un chiffre en hausse constante qui s’accompagne malheureusement aussi d’un nombre record de morts en mer.
Face à cette situation, le nouveau gouvernement travailliste de Keir Starmer a fait de la lutte contre les passeurs une de ses grandes priorités. Le Premier ministre a annoncé cette semaine de nouveaux financements pour intensifier les efforts de démantèlement des réseaux.
Les passeurs représentent une menace pour la sécurité mondiale, au même titre que le terrorisme.
Keir Starmer, Premier ministre britannique
Enquête d’ampleur internationale menée par Interpol
La condamnation d’Amanj Hasan Zada survient quelques jours seulement après que la NCA a procédé à 9 autres arrestations au Royaume-Uni, dans le cadre d’une vaste enquête coordonnée par Interpol. Deux Britanniques et deux autres Iraniens ont également écopé de peines de prison vendredi pour des faits similaires.
Cela démontre l’importance de la coopération internationale pour s’attaquer efficacement aux réseaux de passeurs. Ces derniers profitent du désespoir des migrants, prêts à tout pour rejoindre le Royaume-Uni, quitte à risquer leur vie en s’entassant sur de frêles embarcations. Des traversées qui virent trop souvent au drame.
Témoignages glaçants de rescapés
D’après des témoignages recueillis par des ONG, les conditions de traversée sont effroyables. “Nous étions une cinquantaine entassés sur un petit bateau pneumatique, au milieu d’une mer déchaînée. J’ai cru que nous allions tous mourir. Les passeurs n’en avaient rien à faire de nous”, raconte un jeune Afghan ayant survécu à la traversée en octobre.
Des récits glaçants qui en disent long sur la cruauté et le cynisme des trafiquants d’êtres humains, prêts à tout pour s’enrichir sur la misère. En condamnant lourdement ce passeur iranien, la justice britannique envoie un message clair. Mais il faudra une mobilisation de tous les instants, à l’échelle européenne voire mondiale, pour espérer venir à bout de ces réseaux criminels tentaculaires.
Un immense défi sécuritaire et humanitaire auquel le gouvernement Starmer semble déterminé à s’atteler. Les prochains mois diront si sa stratégie de fermeté porte ses fruits et permet enfin d’endiguer le flux de traversées, tout en offrant des alternatives sûres et légales aux migrants fuyant guerres et misère. Un équilibre difficile à trouver mais crucial pour éviter de nouveaux drames en Manche.