Paris Honore 72 Femmes Scientifiques Sur La Tour Eiffel

Imaginez-vous au pied de la Tour Eiffel, levant les yeux vers ce monument emblématique de Paris, et découvrant une nouvelle frise scintillant sous les projecteurs. D’ici la fin de l’année, 72 noms de femmes scientifiques viendront orner le premier étage de la structure, une initiative audacieuse pour célébrer leur contribution à l’histoire des sciences. Cette démarche, portée par la mairie de Paris, vise à rééquilibrer une reconnaissance longtemps dominée par les hommes, tout en inspirant les générations futures. Mais que signifie vraiment cette décision, et quelles histoires ces femmes vont-elles raconter à travers ce symbole universel ?

Une Frise pour l’Égalité et l’Inspiration

En 1889, lorsque Gustave Eiffel dévoila sa tour, il choisit de graver les noms de 72 savants sur une frise dorée, tous des hommes, figures majeures des sciences et de l’ingénierie de leur époque. Aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard, la capitale française fait un pas vers la modernité en ajoutant les noms de 72 femmes scientifiques, en surplomb de cette frise historique. Ce geste, loin d’être anodin, vise à promouvoir la parité et à rendre visible la contribution essentielle des femmes aux sciences et technologies.

Le projet, initié par la mairie, s’inscrit dans une volonté de rééquilibrer les récits historiques. Une commission d’experts, composée d’historiens, de scientifiques et de spécialistes en genre, est actuellement à l’œuvre pour sélectionner ces figures féminines. Les critères sont précis : les femmes choisies doivent être décédées, avoir marqué les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie ou des mathématiques, et être, dans la mesure du possible, de nationalité française. Ce choix reflète une ambition claire : mettre en lumière des parcours souvent méconnus, tout en respectant l’esthétique originelle de la Tour Eiffel.

Pourquoi les Sciences et les Femmes ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans certains domaines scientifiques, comme la physique théorique, les femmes ne représentent que 10 % des effectifs de recherche. Ce déséquilibre, persistant même au XXIe siècle, souligne l’urgence de promouvoir la place des femmes dans ces disciplines. En inscrivant leurs noms sur un monument aussi emblématique que la Tour Eiffel, Paris envoie un message fort : les sciences ont besoin des femmes, et les femmes ont leur place dans les sciences.

Ce geste aura une portée internationale. C’est formidable pour toutes les petites filles qui seront peut-être un jour des femmes scientifiques de demain.

Isabelle Vauglin, astrophysicienne et vice-présidente de Femmes et Sciences

Ce projet ne se limite pas à une simple inscription de noms. Il s’agit d’un acte symbolique destiné à inspirer. Les jeunes filles, en visitant la Tour Eiffel, pourront désormais lever les yeux et voir des modèles féminins qui ont repoussé les limites du savoir humain. Cette initiative pourrait également encourager des vocations dans des secteurs où les stéréotypes de genre restent tenaces.

Des Figures Historiques à Redécouvrir

Qui seront ces 72 femmes ? Si la liste définitive n’a pas encore été dévoilée, on peut imaginer que des noms comme Marie Curie, double lauréate du prix Nobel, ou Sophie Germain, pionnière des mathématiques, figureront en bonne place. Mais l’objectif est aussi de faire émerger des figures moins connues, des femmes qui, malgré leurs contributions majeures, ont été éclipsées par leurs homologues masculins ou par les conventions de leur époque.

Par exemple, Émilie du Châtelet, mathématicienne et physicienne du XVIIIe siècle, pourrait être célébrée pour ses travaux sur l’énergie cinétique, qui ont posé les bases de la physique moderne. De même, Ada Lovelace, bien que britannique, pourrait être considérée pour son rôle pionnier dans l’informatique avec ses travaux sur la machine analytique de Charles Babbage. Ces femmes, parmi d’autres, incarnent l’excellence scientifique et la persévérance face aux obstacles.

Un Projet Esthétique et Symbolique

La mairie de Paris a pris soin de respecter l’héritage visuel de Gustave Eiffel. Les noms des 72 femmes seront gravés dans une police élégante, en harmonie avec la frise existante, et positionnés sur le pourtour extérieur du premier étage. Cette disposition garantit une visibilité optimale tout en préservant l’intégrité architecturale de la tour. L’éclairage, soigneusement pensé, mettra en valeur ces nouveaux noms, les rendant visibles même de nuit.

Ce choix esthétique n’est pas anodin. En plaçant les noms des femmes au-dessus de ceux des hommes, le projet symbolise une élévation, une reconnaissance tardive mais nécessaire. Il ne s’agit pas d’effacer l’histoire, mais de l’enrichir, de la rendre plus inclusive et représentative de la diversité des talents scientifiques.

Un Impact au-delà des Frontières

La Tour Eiffel, visitée par des millions de touristes chaque année, est bien plus qu’un monument parisien : c’est un symbole universel. En y inscrivant les noms de femmes scientifiques, Paris projette un message d’égalité et de progrès à l’échelle mondiale. Ce geste pourrait inspirer d’autres villes à reconnaître les contributions des femmes dans des domaines historiquement masculins.

En outre, cette initiative s’inscrit dans un mouvement global de revalorisation des femmes dans les sciences. Des programmes éducatifs aux campagnes de sensibilisation, les efforts se multiplient pour briser les plafonds de verre et encourager les jeunes filles à embrasser des carrières scientifiques. La Tour Eiffel devient ainsi un étendard de ce combat pour l’égalité.

Les Défis de la Sélection

Choisir 72 femmes parmi des siècles d’histoire scientifique n’est pas une mince affaire. La commission doit jongler avec plusieurs critères : l’impact des travaux, la période historique (depuis 1789), et une certaine représentativité géographique, bien que la priorité soit donnée aux Françaises. Ce processus soulève des questions passionnantes : comment mesurer l’impact d’une scientifique dans un contexte où les femmes étaient souvent reléguées à l’ombre de leurs collègues masculins ?

Pour répondre à ces défis, la commission s’appuie sur des archives, des publications académiques et des témoignages historiques. Elle consulte également des associations comme Femmes et Sciences, qui militent pour une meilleure reconnaissance des femmes dans les disciplines STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques). Ce travail de recherche promet de révéler des histoires fascinantes, souvent oubliées par les manuels scolaires.

Un Héritage pour les Générations Futures

Inscrire des noms sur la Tour Eiffel, c’est bien plus qu’un hommage. C’est une invitation à repenser notre rapport à l’histoire scientifique et à reconnaître la diversité des talents qui l’ont façonnée. Pour les jeunes filles, voir ces noms gravés sur un monument aussi prestigieux pourrait être le déclic pour se lancer dans une carrière scientifique. Pour les visiteurs du monde entier, c’est un rappel que la science n’a pas de genre.

Ce projet s’inscrit dans une démarche plus large de réécriture inclusive de l’histoire. En célébrant ces 72 femmes, Paris ne se contente pas de réparer une injustice passée : la ville pose les bases d’un avenir où la parité ne sera plus une ambition, mais une réalité. Alors, la prochaine fois que vous passerez sous la Tour Eiffel, levez les yeux. Vous y verrez peut-être le nom d’une femme qui a changé le monde, et qui continue d’inspirer.