C’est un geste qui fait polémique et suscite l’inquiétude de la communauté internationale. La visite jeudi du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, est fermement condamnée par la diplomatie française. Paris dénonce une « violation du statu quo historique des Lieux saints » et met en garde contre « un risque d’embrasement généralisé ».
Une visite provocatrice sur un site ultra-sensible
Malgré les mises en garde, l’ultra-nationaliste Itamar Ben Gvir, membre du gouvernement de Benjamin Netanyahu depuis fin 2022, s’est rendu à plusieurs reprises sur l’esplanade des mosquées, lieu disputé au cœur même du conflit israélo-palestinien. Ce site, appelé Mont du Temple par les juifs, abrite la mosquée Al-Aqsa, un haut lieu de l’islam, mais aussi les ruines de deux anciens temples juifs.
En vertu d’un statu quo fragile en vigueur depuis 1967, les non-musulmans peuvent se rendre sur l’esplanade à des heures précises mais sans y prier. Or la visite d’Itamar Ben Gvir est perçue par beaucoup comme une provocation, alors que les tensions restent très vives à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël.
L’appel de Paris au respect du statu quo
Devant ces initiatives jugées déstabilisatrices, la France hausse le ton. Dans une déclaration, le Quai d’Orsay « condamne » la visite d’Itamar Ben Gvir et « rappelle la nécessité de préserver le statu quo historique sur les Lieux saints à Jérusalem ». Paris souligne aussi « l’importance du rôle spécifique de la Jordanie » dans l’administration des lieux.
« À Jérusalem, la remise en cause désormais systématique du statu quo sur l’esplanade des Mosquées crée un risque d’embrasement généralisé »
La diplomatie française
En effet, le Royaume hachémite, qui a perdu le contrôle de Jérusalem-Est et de ses lieux saints en 1967, reste le gardien de ces sites en vertu d’accords avec Israël. Tout comme l’Autorité palestinienne, la Jordanie a vivement dénoncé ce qu’elle qualifie de « provocation » de la part du ministre israélien.
Un contexte explosif qui ravive les craintes
Les visites à répétition d’Itamar Ben Gvir interviennent dans un contexte déjà très tendu. L’année 2023 a été la plus meurtrière en Cisjordanie occupée depuis la fin de la seconde Intifada en 2005, selon l’ONU. Et Jérusalem reste un point d’inflammation majeur entre Israéliens et Palestiniens.
La prise de contrôle israélienne de l’esplanade des mosquées en 1967 et sa réouverture sous administration israélienne constituent un traumatisme pour les Palestiniens. En 2000, la visite d’Ariel Sharon, alors chef de l’opposition de droite en Israël, avait contribué à déclencher la seconde Intifada. Depuis, le site cristallise régulièrement les tensions.
Paris appelle à la désescalade
Face à ce regain de tensions, la diplomatie française joue la carte de l’apaisement. Au-delà de la condamnation des visites d’Itamar Ben Gvir, Paris insiste sur la nécessité d’une désescalade. Un message relayé par d’autres chancelleries occidentales inquiètes de cette énième crise à Jérusalem.
Mais malgré les appels au calme, beaucoup redoutent une nouvelle flambée de violences dans une région à l’équilibre précaire. D’autant que le nouveau gouvernement israélien, le plus à droite de l’histoire du pays, semble peu enclin au compromis sur Jérusalem. La question ultra-sensible des lieux saints restera sans doute l’une des principales poudrières du conflit israélo-palestinien dans les prochains mois.