L’ombre d’une paralysie budgétaire, communément appelée « shutdown », plane une nouvelle fois au-dessus des États-Unis. Le président élu Donald Trump a en effet exprimé mercredi son opposition à un accord négocié au Congrès entre élus républicains et démocrates. Cet accord devait permettre de financer l’État fédéral jusqu’à la mi-mars et ainsi éviter un « shutdown » avant la date fatidique de vendredi soir.
Sur sa plateforme Truth Social, le républicain, qui reviendra à la Maison Blanche le 20 janvier, s’est réjoui que ce projet de loi « ridicule et extraordinairement onéreux » soit en train de « mourir rapidement ». Dans un communiqué conjoint avec son futur vice-président J.D. Vance, Donald Trump a aussi affirmé que toute concession aux démocrates représentait « une trahison » et que les républicains ne devaient pas se laisser intimider par la menace d’une paralysie.
Elon Musk s’en mêle
Avant l’opposition de Trump, l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, avait déjà attaqué l’accord dans une série de posts sur son réseau social X. « Tuez le texte! », a-t-il écrit à plusieurs reprises. Le milliardaire, qui a fait campagne aux côtés de Trump et a été nommé par ce dernier à la tête d’une commission devant sabrer dans les dépenses publiques, a aussi lancé que tout élu votant pour ce projet « scandaleux » méritait de perdre les prochaines élections.
Pour l’administration Biden, une absence d’accord risque de « nuire aux Américains qui travaillent dur » et de « créer de l’instabilité ». « Les républicains devraient cesser de se livrer à des jeux politiciens », a dénoncé la porte-parole de la Maison Blanche dans un communiqué.
Un accord présenté comme « un cadeau à la gauche »
Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, avait présenté mardi cet accord budgétaire de plus de 1.500 pages. Négocié avec les démocrates, il comprenait notamment plus de 100 milliards de dollars d’aide contre les catastrophes naturelles demandés par Joe Biden, devant bénéficier à des États républicains durement touchés comme la Caroline du Nord et la Floride.
Dès la publication de l’accord, des élus trumpistes s’étaient insurgés face à ce qu’ils considèrent être des dépenses irraisonnées. Ce projet de loi représentait pour eux « un cadeau de Noël à la gauche ». Le chef des démocrates à la Chambre a déclaré qu’avec cette opposition de Trump, les républicains avaient « reçu l’ordre de paralyser l’État ».
Le spectre d’un « piège vicieux »
Les prochaines étapes pour éviter un « shutdown » sont désormais incertaines. Pour certains trumpistes, un nouveau projet de loi prévoyant beaucoup moins de dépenses devrait être rapidement présenté au Congrès, une solution que Trump soutient, mais pas sans condition. Il a en effet assuré qu’un tel texte ne servirait à rien s’il n’était pas accompagné d’un relèvement du plafond de la dette, qu’il qualifie de « piège vicieux » mis en place selon lui par les démocrates.
Sans un accord ou une suspension de ce plafond, les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement dès le mois de juin, une situation inédite aux lourdes conséquences économiques. Donald Trump veut que tout soit réglé avant son retour au pouvoir le 20 janvier. « Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il écrit.
Les jours à venir s’annoncent donc décisifs à Washington. Entre les exigences de l’aile trumpiste du parti républicain, l’influence grandissante d’Elon Musk et la détermination des démocrates à ne pas céder, le chemin vers un compromis semble plus que jamais semé d’embûches. Les Américains retiennent leur souffle, craignant les répercussions potentielles d’une nouvelle paralysie budgétaire sur une économie déjà fragile.