À l’approche de la COP29, un coup de tonnerre secoue la scène internationale. La Papouasie-Nouvelle-Guinée vient d’annoncer son intention de boycotter le sommet sur le climat prévu à Bakou en novembre prochain. Une décision choc qui reflète l’exaspération grandissante des pays en développement face à l’inaction des grands pollueurs.
La goutte de trop pour la Papouasie
C’est par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Justin Tkatchenko, que Port Moresby a fait savoir qu’elle ne se rendrait pas en Azerbaïdjan pour la conférence. Qualifiant l’événement de « perte de temps totale », le dirigeant n’a pas mâché ses mots pour fustiger « le manège qui a consisté à ne rien faire du tout au cours des trois dernières années » de la part des nations industrialisées.
Un constat amer partagé par de nombreux États insulaires du Pacifique, particulièrement vulnérables à la montée des eaux. Tuvalu, Kiribati… Autant de noms qui résonnent comme un SOS face à la menace existentielle que représente pour eux même une élévation minime du niveau de la mer. Un cri d’alarme qui peine pourtant à se faire entendre sur la scène internationale.
L’aide promise, un miroir aux alouettes ?
Car malgré les promesses répétées d’aide financière, les actes peinent à suivre. « Tous les grands pollueurs du monde promettent des millions de dollars pour aider à lutter contre le changement climatique », rappelle Justin Tkatchenko. Avant d’ajouter, désabusé : « Je peux déjà vous dire que tout cela va être confié à des consultants ». Un sentiment de duperie qui explique la lassitude de la Papouasie à l’idée de traverser le globe « pour participer à ces +colloques+ ».
Une nature à la merci des dérèglements
Pourtant, l’archipel aurait des arguments de poids à faire valoir au sein des négociations. Troisième plus vaste forêt tropicale au monde, ses arbres constituent un « poumon vert » d’une valeur inestimable. Une richesse naturelle mise à mal par les pressions croissantes sur les terres et les ressources, exacerbées par une démographie galopante. Sans parler des catastrophes à répétition, à l’image du terrible glissement de terrain qui a dévasté un village entier en mai dernier, faisant plus de 2000 victimes.
Négocier en solo, le nouveau crédo ?
Face à cette urgence, la Papouasie entend donc changer son fusil d’épaule. Exit les grands-messes onusiennes, place aux discussions bilatérales avec des pays partageant les mêmes vues, comme Singapour. Une stratégie qui pourrait faire des émules parmi les « petits » États insulaires, à en croire le ministre Tkatchenko. Reste à savoir si cette approche en solo permettra de faire plier les principaux émetteurs de gaz à effet de serre.
La décision iconoclaste de la Papouasie-Nouvelle-Guinée soulève en tout cas des questions cruciales. Comment redonner du poids à la voix des pays vulnérables dans les négociations climatiques ? Faut-il repenser en profondeur le format de ces grands raouts pour les rendre plus efficaces et inclusifs ? Quel rôle pour la justice internationale, alors qu’une action en responsabilité contre les pollueurs est actuellement examinée par la CIJ ? Autant d’enjeux brûlants qui risquent de planer comme une ombre sur les débats de la COP29. Avec ou sans la Papouasie.