Depuis plusieurs semaines, une guerre silencieuse fait rage dans les jardins américains. Des panneaux électoraux disparaissent mystérieusement des pelouses, victimes de vols et de vandalisme. Un phénomène qui en dit long sur le climat politique délétère outre-Atlantique, à quelques jours d’une élection présidentielle ultra-serrée entre le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris.
L’Amérique à fleur de peau
Le fait de planter des pancartes électorales sur son gazon est une tradition bien ancrée aux États-Unis. Mais cette année, ces petits carrés de couleurs arborant les noms des candidats cristallisent les vives tensions qui traversent le pays.
D’après plusieurs témoignages, les vols et dégradations se multiplient, ciblant aussi bien les panneaux pro-Trump que pro-Harris. Une tendance qui illustre la polarisation extrême de la société américaine et la tolérance politique en berne entre voisins.
Intimidations et menaces
Adam Besthoff, un habitant de Virginie soutenant Donald Trump, a ainsi vu sa pelouse dépouillée d’une dizaine de pancartes en faveur du candidat républicain. Mais le pire restait à venir : sa femme a reçu des menaces visant son salon de beauté si le couple ne retirait pas ses affichages.
Ils disent qu’ils savent où elle vit et où elle travaille.
Adam Besthoff, plombier en Virginie
Face à ces pressions, le quinquagénaire s’est résolu à ne garder qu’un seul panneau, source de tensions quotidiennes dans son couple. Un cas loin d’être isolé selon des responsables républicains, qui ont recensé plus de 100 vols rien qu’en octobre dans cet État.
Traquer les panneaux volés
Côté démocrate aussi, on déplore ces pratiques. Dans le Missouri, une partisane de Kamala Harris est allée jusqu’à placer une balise GPS sur l’une de ses pancartes. Sa filature high-tech l’a menée à une voiture contenant pas moins de 59 panneaux présumés volés dans le voisinage, comme l’a rapporté la presse locale.
Ces larcins en série restent souvent impunis, en dépit de leur impact sur la liberté d’expression. Pour Adam Besthoff, ces actes ont clairement “un effet dissuasif” qui étouffe le débat démocratique.
Trump attise les braises
Pour beaucoup d’observateurs, l’ancien président Donald Trump porte une lourde responsabilité dans ce climat délétère. Depuis plusieurs semaines, il multiplie les meetings enflammés devant ses partisans, usant d’une rhétorique agressive et clivante.
Un discours va-t-en-guerre qui se répercute jusque dans les rues paisibles des banlieues américaines et sur les pancartes qui s’y dressent. Des actes de vandalisme symptomatiques d’une Amérique à cran, minée par ses fractures.
À quelques jours du scrutin, le pays retient son souffle. Entre une campagne d’une violence inédite et des sondages au coude-à-coude, tous les ingrédients semblent réunis pour une élection à haut risque. Dans ce contexte explosif, même ces bouts de carton plantés dans les jardins deviennent les cibles d’une guerre d’usure politique. Le reflet d’une démocratie américaine plus que jamais sur le fil du rasoir.