Un important câble sous-marin électrique reliant la Finlande à l’Estonie a été endommagé en mer Baltique le 25 décembre dernier. Sept membres d’équipage d’un pétrolier suspect sont désormais interdits de voyager et visés par l’enquête pour sabotage aggravé, a annoncé la police finlandaise ce mardi.
Le navire en question, l’Eagle S battant pavillon des îles Cook, est soupçonné d’appartenir à la « flotte fantôme » de la Russie, une appellation désignant les bateaux transportant du pétrole russe faisant l’objet d’un embargo. Arraisonné puis déplacé sous escorte vers un port finlandais, il est actuellement inspecté par les enquêteurs qui interrogent aussi son équipage d’une vingtaine de personnes.
Une « trace de traînée » repérée sur plusieurs dizaines de km
Selon le Bureau national d’enquête finlandais, l’interdiction de voyager imposée à sept marins est une mesure coercitive moins sévère que l’arrestation, visant à s’assurer que l’enquête criminelle n’est pas compromise. Le nombre de suspects pourrait encore évoluer. En parallèle, les investigations sous-marines ont repris après avoir été interrompues lundi par le mauvais temps. Une « trace de traînée » de plusieurs dizaines de kilomètres a été identifiée sur le fond marin à proximité du câble Estlink 2.
Contexte de « guerre hybride » entre Russie et Occident
Ce sabotage présumé s’inscrit dans un contexte tendu en mer Baltique depuis le début de la guerre en Ukraine. De nombreux incidents similaires, ciblant notamment les infrastructures énergétiques et de communication, ont eu lieu dans cette zone stratégique bordée par plusieurs pays de l’Otan. Pour les experts, il s’agit d’actions de « guerre hybride » menée par la Russie.
L’Otan et l’UE renforcent leur vigilance
Face à ces menaces, l’Otan a annoncé vendredi un renforcement de sa présence militaire en mer Baltique. L’Union européenne a également fait savoir qu’elle prenait des mesures pour mieux protéger ses câbles sous-marins :
- Amélioration de l’échange d’informations
- Mise en œuvre de nouvelles technologies de détection
- Renforcement des capacités de réparation sous-marine
- Coopération accrue au niveau international
Deux autres câbles de télécommunications avaient déjà été coupés en novembre dernier dans les eaux territoriales suédoises. Un vraquier chinois se trouvant dans la zone à ce moment-là avait été soupçonné. Si la responsabilité de la Russie venait à être prouvée dans ces différents incidents, cela marquerait une escalade inquiétante des tensions dans la région de la mer Baltique.
L’enquête sur la mystérieuse panne du câble Estlink 2 le jour de Noël se poursuit activement. La police finlandaise a prévenu que d’autres interdictions de voyager et mesures coercitives pourraient être prononcées à l’encontre de l’équipage de l’Eagle S dans les prochains jours. Affaire à suivre.