Au cœur de la capitale panaméenne, une clameur s’élève. Dimanche dernier, environ 200 voix ont résonné dans un parc, unies par une cause brûlante : empêcher la réouverture d’une mine de cuivre qui divise le pays. Imaginez une fosse immense, creusée dans une terre luxuriante, et des pancartes criant un message fort : « Pour un Panama sans industrie minière ». Pourquoi ce sujet met-il le feu aux poudres ? Plongeons dans cette saga où environnement, économie et pouvoir s’entremêlent.
Un Conflit aux Racines Profondes
Ce n’est pas une simple querelle locale. Cette mine, située à 240 km de la capitale sur la côte caribéenne, n’est pas n’importe quelle exploitation : c’est la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d’Amérique centrale. Forcée de fermer ses portes en 2023 après une décision judiciaire retentissante, elle revient aujourd’hui hanter le débat public. Mais d’où vient cette tension ?
Une Ferme Décision Judiciaire
Tout commence fin 2023. La Cour suprême du pays tranche : le contrat de concession accordé à une entreprise étrangère est jugé inconstitutionnel. Résultat ? Les machines s’arrêtent, les ouvriers rentrent chez eux, et la mine plonge dans le silence. Cette fermeture, loin d’être anodine, est perçue comme une victoire par beaucoup, fruit d’une mobilisation massive dans les rues.
« La fermeture, c’est grâce à nous, à notre présence dans la rue. »
– Un manifestant lors du rassemblement dominical
Pourtant, ce n’est pas la fin de l’histoire. Quelques mois plus tard, un nouveau président entre en scène et remet tout en question.
Le Retour d’un Projet Controversé
Depuis juillet 2024, le chef de l’État, en poste depuis peu, fait des vagues. Lors d’une déclaration récente, il annonce vouloir rouvrir un dialogue avec la société canadienne qui gérait la mine. Objectif ? Étudier une possible reprise des activités. Une phrase qui sonne comme une bombe pour les opposants, qui y voient une menace directe contre l’environnement.
Le 13 mars dernier, il enfonce le clou : la question sera traitée « avec beaucoup de responsabilité » et dans l’intérêt national. Mais pour beaucoup, ces mots sonnent creux face aux risques écologiques bien réels.
Pourquoi Tant de Colère ?
Pour comprendre cette révolte, il faut plonger dans les griefs des manifestants. D’après une source proche du mouvement, la mine est accusée de laisser derrière elle un sillage de pollution dévastateur. Eaux contaminées, sols appauvris, écosystèmes fragilisés : les critiques fusent.
- Eau : Les rivières proches auraient subi des rejets toxiques.
- Air : La poussière issue de l’extraction inquiète les habitants.
- Faune : La biodiversité locale serait en péril.
Un étudiant de 20 ans, présent dimanche, résume l’angoisse collective : « Les annonces récentes nous terrifient. On ne veut pas revivre ça. »
Un Géant Économique en Jeu
Mais l’histoire ne serait pas complète sans parler de l’autre camp. Avant sa fermeture, cette mine était un titan économique. Elle produisait 300 000 tonnes de concentré de cuivre par an, pesant pour 75 % des exportations du pays et 5 % de son PIB. Des chiffres qui donnent le vertige.
Aspect | Données |
Production annuelle | 300 000 tonnes |
Part des exportations | 75 % |
Contribution au PIB | 5 % |
Et ce n’est pas tout : elle employait directement plus de 7 000 personnes et soutenait 30 000 travailleurs indirects. Sa fermeture ? Un choc pour l’emploi local, avec des milliers de licenciements à la clé.
Un Passé Récent Explosif
Ce n’est pas la première fois que cette mine fait trembler le pays. En octobre 2023, le Parlement avait validé un renouvellement de sa concession pour au moins 20 ans. Réaction immédiate : des manifestations monstres éclatent, des routes sont bloquées, et le président de l’époque finit par céder, lançant un processus de fermeture « ordonné et sûr ».
Aujourd’hui, les opposants promettent de ne pas baisser les bras. « Les manifestations vont continuer », assure un participant au rassemblement dominical. La rue, encore une fois, pourrait dicter l’avenir.
Un Équilibre Impossible ?
Le dilemme est clair : d’un côté, une économie qui souffre sans cette manne financière ; de l’autre, une population qui refuse de sacrifier son environnement. Le gouvernement, lui, marche sur des œufs. Récemment, il a autorisé l’exportation du cuivre extrait avant la fermeture – une décision qui apaise l’entreprise étrangère tout en ravivant la colère populaire.
Le saviez-vous ? L’entreprise impliquée a renoncé à une procédure d’arbitrage où elle réclamait des milliards en dédommagement. Un signe de détente… ou une stratégie ?
Le président insiste : il veut peser chaque aspect avec soin. Mais entre les chiffres froids de l’économie et la ferveur des pancartes, la bataille est loin d’être terminée.
Et Maintenant ?
À l’heure où ces lignes sont écrites, le sort de la mine reste en suspens. Les discussions avec l’entreprise étrangère vont-elles aboutir ? La rue va-t-elle, une fois encore, renverser la table ? Une chose est sûre : ce conflit dépasse les frontières d’un simple parc de la capitale. Il touche aux choix fondamentaux d’un pays.
Pour les uns, c’est une question de survie économique. Pour les autres, une lutte pour préserver un avenir vivable. Et vous, de quel côté pencheriez-vous ?