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Palestine : Une Succession en Préparation

Mahmoud Abbas désigne un successeur potentiel en nommant Hussein al-Cheikh vice-président de l’OLP. Quels bouleversements politiques cela annonce-t-il ?

Qui prendra les rênes de la Palestine après Mahmoud Abbas ? Cette question, qui hante les cercles politiques palestiniens depuis des années, semble trouver un début de réponse. En nommant Hussein al-Cheikh, un proche conseiller, comme vice-président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Abbas pose les jalons d’une transition historique. Cette décision, annoncée le 26 avril 2025, n’est pas anodine : elle intervient prépare le terrain pour une succession dans un contexte de pressions internationales et de défis internes. Mais que signifie vraiment ce choix pour l’avenir de la Palestine ?

Un tournant pour l’OLP et la Palestine

La nomination de Hussein al-Cheikh comme vice-président de l’OLP marque un moment clé dans la politique palestinienne. Ce poste, créé à l’initiative de Mahmoud Abbas lors d’une convention à Ramallah, n’existait pas auparavant. Pourquoi maintenant ? Pour beaucoup, cette décision répond à une urgence : Abbas, âgé de 89 ans, préside l’OLP depuis 2004 et l’Autorité palestinienne depuis 2005, sans qu’aucune élection présidentielle n’ait eu lieu depuis. Son état de santé et l’absence d’un successeur désigné ont alimenté les spéculations.

La création de ce poste de « numéro deux » au sein de l’OLP, organisation habilitée à négocier des traités internationaux au nom du peuple palestinien, est perçue comme un signal clair. Selon Aref Jaffal, directeur d’un centre de suivi électoral, il s’agit d’« préparer la succession d’Abbas ». Mais cette initiative soulève aussi des questions : est-ce une véritable réforme ou une réponse tactique aux pressions internationales ?

Ce n’est pas une mesure de réforme, mais une réponse à une pression extérieure.

Hani al-Masri, chercheur palestinien

Hussein al-Cheikh : l’homme de confiance

Hussein al-Cheikh, 64 ans, n’est pas un inconnu dans les cercles du pouvoir palestinien. Vétéran du Fatah, le mouvement de Mahmoud Abbas, il est considéré comme un proche du président. Son parcours est marqué par plus de dix ans passés dans les prisons israéliennes dans les années 1970 et 1980, période durant laquelle il a appris l’hébreu. Cette expérience, combinée à son rôle de secrétaire général du comité exécutif de l’OLP depuis 2022, en fait un acteur central.

Al-Cheikh est également à la tête du département des négociations, un portefeuille stratégique qui illustre sa proximité avec Abbas. Récemment, il a été nommé responsable d’un comité supervisant les missions diplomatiques palestiniennes à l’étranger. Ces responsabilités multiples renforcent son statut de favori pour succéder à Abbas, même si sa nomination suscite des débats.

Hussein al-Cheikh, un homme discret mais influent, pourrait-il devenir le prochain visage de la diplomatie palestinienne ?

Une décision controversée

La création du poste de vice-président n’a pas fait l’unanimité. Plusieurs factions palestiniennes, opposées à cette initiative, se sont retirées de la convention de Ramallah, dénonçant une « ingérence étrangère ». Pour ces groupes, la nomination d’al-Cheikh reflète davantage une consolidation du pouvoir d’Abbas qu’une véritable ouverture démocratique.

Les critiques soulignent également l’absence d’un poste similaire au sein de l’Autorité palestinienne, où les pouvoirs exécutifs sont concentrés. Hani al-Masri, chercheur au Centre palestinien de recherche politique, estime qu’un vice-président au sein de l’Autorité serait plus pertinent pour assurer une transition fluide. Cette divergence d’opinions révèle les tensions au sein du système politique palestinien.

Les enjeux de la succession

La question de la succession d’Abbas dépasse les frontières de la Palestine. Avec l’OLP reconnue par près de 150 pays comme représentante légitime du peuple palestinien, le choix du prochain leader aura des répercussions internationales. En cas de décès d’Abbas, le vice-président de l’OLP pourrait devenir chef par intérim de l’organisation et de l’État de Palestine. Cette perspective confère à la nomination d’al-Cheikh une importance stratégique.

Les défis sont nombreux : absence d’élections récentes, fragmentation politique entre le Fatah et d’autres factions comme le Hamas, et pressions internationales pour des réformes. La communauté internationale, notamment les États-Unis et l’Union européenne, appelle depuis longtemps à une modernisation des institutions palestiniennes. Mais jusqu’à quel point ces appels influencent-ils les décisions d’Abbas ?

Défi Impact
Absence d’élections Crise de légitimité politique
Fragmentation Fatah-Hamas Difficulté à unifier les Palestiniens
Pressions internationales Influence sur les réformes

Un système politique sous tension

Le système politique palestinien, déjà fragilisé, fait face à une crise structurelle. Depuis la mort de Yasser Arafat en 2004, Abbas a consolidé son pouvoir, mais au prix d’une stagnation électorale. L’absence de renouvellement démocratique a accentué les divisions internes et alimenté le mécontentement populaire. Dans ce contexte, la nomination d’al-Cheikh peut-elle apaiser les tensions ou risque-t-elle de les exacerber ?

Pour certains observateurs, cette décision est un premier pas vers une transition ordonnée. Pour d’autres, elle reflète une volonté de contrôler la succession sans bouleverser l’ordre établi. Aref Jaffal note que « le système politique palestinien est dans un état lamentable », ce qui rend chaque décision d’Abbas scrutée à la loupe.

Quel avenir pour la Palestine ?

La nomination de Hussein al-Cheikh ouvre un nouveau chapitre pour la Palestine, mais les incertitudes demeurent. Voici les scénarios possibles :

  • Transition fluide : Al-Cheikh assume le rôle de chef par intérim et stabilise les institutions.
  • Crise politique : Les divisions internes s’aggravent, affaiblissant davantage l’OLP.
  • Pressions externes : Les acteurs internationaux influencent le choix du prochain leader.

Chaque scénario dépendra de la capacité d’al-Cheikh à rallier les différentes factions et à répondre aux attentes d’un peuple en quête de renouveau. Sa proximité avec Abbas, bien que gage de continuité, pourrait également être un frein pour ceux qui appellent à un changement radical.

Toutes ces dispositions sont un prélude à la désignation d’un successeur à Abbas.

Aref Jaffal, analyste politique

Un écho international

La décision d’Abbas intervient dans un contexte géopolitique tendu. Les négociations de paix avec Israël sont au point mort, et les tensions avec le Hamas à Gaza compliquent la situation. Par ailleurs, les récents développements dans la région, comme les discussions sur une trêve de cinq ans proposée par le Hamas, montrent que la question palestinienne reste centrale.

La communauté internationale observe attentivement. Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, et l’Union européenne pourraient voir en al-Cheikh un interlocuteur fiable, mais sa légitimité devra être prouvée sur le terrain. Les prochaines années seront décisives pour l’avenir de la Palestine.

La Palestine à la croisée des chemins : continuité ou rupture ?

En nommant Hussein al-Cheikh, Mahmoud Abbas a fait un choix audacieux, mais risqué. Cette décision, bien que stratégique, ne résout pas les défis structurels auxquels la Palestine est confrontée. Entre pressions internes et attentes internationales, l’avenir du leadership palestinien reste incertain. Une chose est sûre : les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si cette nomination marque le début d’une nouvelle ère ou le prolongement d’un statu quo fragile.

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