Comment guérir un pays déchiré par des décennies de conflit ? Alors que la violence a encore frappé durement le 7 octobre 2023, certains Israéliens, touchés par des pertes personnelles, choisissent de répondre par un message d’espoir et de réconciliation. Plutôt que de céder à la vengeance, ils militent pour une solution audacieuse : la reconnaissance internationale d’un État palestinien. Ce mouvement, porté par des voix courageuses, pourrait-il ouvrir la voie à une paix durable dans une région marquée par un siècle de tensions ?
Un Appel à la Paix au Cœur du Conflit
Le 7 octobre 2023 a marqué un tournant tragique pour de nombreux Israéliens. Des attaques menées par le mouvement islamiste Hamas ont causé des pertes dévastatrices, laissant des familles en deuil et un pays sous le choc. Pourtant, au milieu de cette douleur, des individus comme Maoz Inon, un entrepreneur de 49 ans dans le tourisme, refusent de s’enfermer dans un cycle de représailles. Ayant perdu ses parents dans l’attaque, il a choisi une voie différente : celle du dialogue et de la réconciliation.
Pour Maoz, la vengeance ne ramènera pas ses proches. Elle ne ferait qu’alimenter un conflit qui, selon lui, trouve ses racines dans des décennies d’occupation et de ségrégation. Il milite depuis vingt ans pour la paix et voit dans la reconnaissance d’un État palestinien une étape essentielle pour briser ce cercle vicieux. Son message résonne avec celui de milliers d’autres Israéliens qui, malgré leur chagrin, croient en un avenir partagé.
Une Pétition pour Changer la Donne
Une initiative nommée Non à la guerre – Oui à la reconnaissance a vu le jour pour porter cette vision. Cette pétition, soutenue par plus de 8 500 Israéliens sur une population d’environ 10 millions, demande la reconnaissance internationale d’un État palestinien. Les organisateurs espèrent atteindre 10 000 signatures pour la présenter à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, où plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni et le Canada, pourraient bientôt officialiser cette reconnaissance.
Reconnaître un État palestinien n’est pas une punition pour Israël, mais un pas vers un avenir plus sûr et meilleur, basé sur la reconnaissance mutuelle et la sécurité pour les deux peuples.
Pétition « Non à la guerre – Oui à la reconnaissance »
Lancée par le mouvement Zazim Community Action, cette campagne ne se limite pas à une pétition. Des milliers de tracts ont été distribués, et un panneau géant a été érigé à Tel-Aviv pour sensibiliser le public. Pour Raluca Ganea, cofondatrice de l’organisation, le choix est clair : soit la destruction mutuelle, soit une solution à deux États. Cette dernière option, bien que complexe, est vue comme la seule voie viable pour un avenir pacifique.
Un Contexte de Défiance
Pourtant, l’idée d’une coexistence pacifique reste minoritaire en Israël. Selon une étude récente, seuls 21 % des adultes israéliens estiment qu’un État palestinien peut coexister en paix avec Israël, le taux le plus bas depuis 2013. Ce chiffre reflète une méfiance profonde, alimentée par des années de violence et d’escalade militaire. L’attaque du 7 octobre, suivie d’une offensive israélienne à Gaza, a exacerbé les tensions et la souffrance des deux côtés.
Maoz Inon, lui, n’est pas surpris par cette spirale. Il affirme que les années d’oppression et de séparation physique entre Israéliens et Palestiniens ont créé une bombe à retardement. « Je savais que cela allait nous exploser au visage », confie-t-il, ajoutant qu’il n’aurait jamais imaginé en payer un prix aussi personnel. Son engagement pour la paix, renforcé par sa tragédie, est un appel à repenser les relations entre les deux peuples.
Des Mesures Concrètes pour un Avenir Commun
La reconnaissance d’un État palestinien ne peut être symbolique, selon les militants. Maoz propose des actions concrètes, comme des sanctions internationales contre ceux qui s’opposent à la solution à deux États, qu’il s’agisse de politiciens, de militaires ou de civils. Il appelle également à des investissements internationaux pour soutenir la création d’un État palestinien viable, avec des infrastructures et une économie solides.
Pourquoi la reconnaissance est cruciale :
- Donne un statut égal aux Palestiniens, brisant la déshumanisation.
- Favorise le dialogue et la coopération entre les deux peuples.
- Crée un cadre pour des négociations basées sur la reconnaissance mutuelle.
- Réduit les tensions en offrant une perspective d’avenir partagé.
Cette vision est partagée par d’autres figures, comme Yonatan Zeigen, dont la mère, une militante pacifiste, a été tuée lors de l’attaque du 7 octobre. Pour lui, la paix passe par le partage de la terre et la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’autodétermination. Ce droit, selon lui, ne devrait être ni négociable ni soumis aux priorités israéliennes.
Le seul avenir viable ici est que les deux peuples partagent la terre.
Yonatan Zeigen
Un Défi Politique de Taille
Le chemin vers la paix est semé d’embûches. Le Premier ministre israélien rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien, tandis que certains membres de son gouvernement poussent pour une expansion des colonies en Cisjordanie occupée. Cette position, soutenue par une frange ultranationaliste, complique les efforts des militants. Pourtant, ces derniers restent optimistes, s’inspirant d’exemples historiques de réconciliation, comme celle entre la France et l’Allemagne après des décennies de conflits.
« Il n’y a pas si longtemps, Français et Allemands n’auraient jamais imaginé faire partie d’une confédération », souligne Yonatan. Cette comparaison illustre une conviction profonde : la paix, bien que difficile, est aussi réaliste que la guerre. Les militants appellent à un changement de paradigme, où la reconnaissance mutuelle et la coopération remplaceraient la méfiance et la violence.
Vers une Reconnaissance Internationale
L’Assemblée générale des Nations Unies, qui se tient à New York, pourrait marquer un tournant. Plusieurs pays, dont la Belgique et l’Australie, envisagent de reconnaître officiellement un État palestinien. Pour Raluca Ganea, cette étape serait un signal fort contre la déshumanisation des Palestiniens, leur offrant un statut équivalent à celui des autres nations. Une telle reconnaissance, bien que symbolique, pourrait poser les bases d’un dialogue plus équilibré.
Cette perspective internationale contraste avec la réalité sur le terrain, où la catastrophe humanitaire à Gaza continue de dominer l’actualité. L’offensive israélienne, lancée en réponse à l’attaque du Hamas, a causé des pertes civiles massives et aggravé les tensions. Pourtant, les militants insistent : sans reconnaissance et sans dialogue, le cycle de violence risque de perdurer indéfiniment.
Un Message d’Espoir
Le combat de ces Israéliens endeuillés est un acte de courage. En transformant leur douleur en un plaidoyer pour la paix, ils défient les logiques de vengeance et d’exclusion. Leur message, bien que minoritaire, porte une vision universelle : celle d’une coexistence possible, fondée sur le respect et la reconnaissance mutuelle. Alors que le monde observe l’évolution du conflit, leur voix pourrait-elle inspirer un changement historique ?
Défis | Solutions proposées |
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Méfiance entre les peuples | Dialogue et reconnaissance mutuelle |
Opposition politique | Sanctions contre les obstacles à la paix |
Manque de ressources | Investissements internationaux |
Ce mouvement, bien qu’encore marginal, montre qu’une autre voie est possible. En s’appuyant sur des valeurs de pardon et de coopération, ces Israéliens endeuillés tracent un chemin vers un avenir où la paix ne serait plus un rêve, mais une réalité tangible. Leur combat, porté par des pétitions, des campagnes et des témoignages personnels, pourrait bien changer la donne dans une région en quête de réconciliation.