Un drame s’est produit la semaine dernière dans une mine d’or artisanale du Mali, faisant officiellement une quarantaine de victimes, majoritairement des femmes. L’accident, survenu suite à un effondrement dans une ancienne mine exploitée illégalement, ravive les questionnements autour de la sécurité dans le secteur de l’orpaillage artisanal, crucial pour l’économie malienne mais extrêmement risqué.
Un secteur essentiel mais dangereux
Le Mali figure parmi les pays les plus pauvres au monde, mais aussi les premiers producteurs d’or en Afrique. L’or contribue pour un quart au budget national malien, souligne un récent rapport de la Banque Mondiale. Un pilier fondamental qui attire les grands groupes miniers étrangers, mais aussi une multitude d’orpailleurs artisanaux, travaillant souvent illégalement et sans aucune protection, dans l’espoir de trouver le précieux métal jaune.
Les autorités peinent à réguler cette ruée vers l’or informelle. D’après une source proche du dossier, les sites d’orpaillage artisanal illégaux se compteraient par milliers à travers le pays. Des mines artisanales où la sécurité est souvent déplorable, comme l’illustre ce nouvel accident meurtrier.
Le drame de Bilali-koto
Samedi dernier, c’est dans le village de Bilali-koto, dans l’ouest malien, qu’est survenu le drame. Un effondrement s’est produit dans une mine d’or artisanale, anciennement exploitée par une entreprise chinoise mais investie illégalement par des orpailleurs. Le bilan officiel fait état d’une quarantaine de morts, en majorité des femmes, mais certaines sources locales évoquent au moins 48 victimes.
Le ministre malien chargé des Mines, Amadou Keita, s’est rendu sur place lundi, à la tête d’une délégation. Objectif : rencontrer les communautés endeuillées et surtout appeler à éviter à tout prix ces sites d’orpaillage non sécurisés.
Il nous faut éviter les sites non sécurisés. Nous devons tous réfléchir et agir en nous imposant certaines règles de conduite qui nous mettront à l’abri de tels dommages.
Amadou Keita, ministre malien chargé des Mines
Un fléau récurrent
Malheureusement, les accidents mortels liés à l’orpaillage artisanal ne sont pas rares au Mali, ni dans les pays voisins comme la Guinée ou le Sénégal. Il y a un peu plus d’un an, un éboulement particulièrement meurtrier avait déjà fait plus de 70 morts dans une mine d’or du sud malien. Et fin janvier dernier, au moins une dizaine d’orpailleurs, surtout des femmes, ont péri dans l’effondrement d’une autre mine du sud.
Un constat amer qui soulève la question de la régulation et de la sécurisation de ce secteur, dont dépendent directement ou indirectement des millions de Maliens. Les orpailleurs artisanaux, souvent parmi les populations les plus vulnérables, n’ont d’autre choix que de prendre des risques considérables au quotidien.
Vers un renforcement des règles ?
Face à ce nouveau drame, le gouvernement malien semble déterminé à serrer la vis. Reste à voir si ces déclarations se traduiront par des actions concrètes. Car la tâche est immense pour sécuriser et encadrer ce secteur tentaculaire, dans un pays déjà en proie à une grave crise sécuritaire.
Selon certains observateurs, il faudrait avant tout créer des alternatives économiques pour les communautés dépendantes de l’orpaillage. Mais aussi renforcer les contrôles, la formation et l’équipement des orpailleurs. Un véritable défi, alors que les violences jihadistes et intercommunautaires continuent de déstabiliser de larges pans du territoire malien.
Cet énième accident mortel est un tragique rappel de l’urgence d’agir pour sécuriser l’orpaillage artisanal au Mali. Un secteur à la fois vital et meurtrier, miroir des immenses défis de développement qui se posent au pays. Mais derrière les chiffres et les enjeux économiques, ce sont d’abord des vies humaines qui sont en jeu. Des vies brisées dans l’espoir d’un avenir meilleur.