Dans la magnifique capitale hongroise, un événement diplomatique majeur se déroule sous le signe de la controverse : le sommet européen réunissant près d’une cinquantaine de dirigeants. Au cœur de l’attention, le Premier ministre Viktor Orban, connu pour ses relations houleuses avec Bruxelles, savoure son moment de gloire malgré son isolement fréquent sur la scène européenne.
Un maître de cérémonie sous le feu des projecteurs
Accolade chaleureuse avec le président français Emmanuel Macron, poignée de main ferme avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, échanges cordiaux bien que plus crispés avec le chef d’État ukrainien Volodymyr Zelensky… Viktor Orban multiplie les gestes d’hospitalité et les sourires satisfaits en recevant ses hôtes dans l’imposante Puskas Arena, ce stade ultra-moderne qu’il a fait construire en 2019.
Celui qui assume actuellement la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne surprend par un discours d’ouverture au ton étonnamment modéré, loin de ses piques habituelles contre les institutions de Bruxelles. Mais il ne faut pas s’y fier, préviennent les observateurs avertis. “Viktor Orban est imprévisible, capable de surprendre à tout moment son auditoire”, analyse pour l’AFP Stefano Bottoni, historien italo-hongrois.
Un chef d’État controversé mais incontournable
La large réélection de son “ami” Donald Trump, qu’il soutient depuis 2016, renforce le Premier ministre hongrois dans sa position de “pont” entre l’UE et les États-Unis. Une posture qu’il affectionne malgré les critiques récurrentes sur sa dérive autoritaire et ses positions pro-russes.
On nous dit désespérément isolés mais 47 dirigeants se pressent à Budapest, y compris le président ukrainien.
Tamas Menczer, responsable communication du parti Fidesz au pouvoir
De fait, après une série de boycotts des réunions européennes organisées dans la capitale hongroise depuis juillet, la présence de tous les leaders cette fois-ci symbolise l’incontournabilité d’Orban sur l’échiquier politique du continent. Une aubaine pour celui qui peut afficher ses bonnes relations avec la Turquie, la Serbie ou encore la Géorgie.
Pressions intérieures et défis à venir
Pourtant, en coulisses, les tensions restent vives avec ses homologues européens qui fustigent les “provocations” à répétition du bouillonnant dirigeant magyare. Derniers exemples en date : une visite surprise à Moscou en juillet et un voyage en Géorgie où il a salué la tenue d’élections “libres et démocratiques” malgré les irrégularités pointées par l’UE et les États-Unis.
Sur le plan intérieur aussi, Viktor Orban traverse une passe difficile. L’émergence d’un nouveau rival crédible et des manifestations massives contre sa politique fragilisent sa mainmise sur le pays, inédite depuis son retour au pouvoir en 2010. Des défis de taille pour celui qui voit néanmoins s’aligner des planètes favorables à l’international avec le retour de Trump à la Maison Blanche et la montée des populismes en Europe.
Ce sommet européen à Budapest éclaire ainsi les paradoxes d’un Viktor Orban à la fois triomphant et vulnérable, incontournable mais controversé. Hôte cordial mais adversaire coriace de Bruxelles, faiseur de paix autoproclamé mais allié encombrant de Moscou… les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir politique du Premier ministre hongrois, habitué des coups d’éclat et des retournements.