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Orban Défie l’UE à Moscou : Gaz Russe Jusqu’en 2027

Viktor Orban était hier au Kremlin et a promis devant Vladimir Poutine de continuer à importer massivement gaz et pétrole russes, défiant ouvertement l’Union européenne. Une visite qui tombe au pire moment pour Bruxelles, alors que l’Europe veut couper les robinets d’ici 2027. Que cache vraiment cette alliance énergétique ?

Imaginez la scène : dans les salons dorés du Kremlin, deux hommes se serrent la main sous les lustres, alors que l’Europe entière tente de tourner le dos à Moscou. Viktor Orban vient de réaffirmer, haut et fort, que la Hongrie continuera à importer gaz et pétrole russes. Peu importe les sanctions, peu importe les pressions. Cette visite, c’est un véritable camouflet adressé à Bruxelles.

Une visite qui fait trembler Bruxelles

Le Premier ministre hongrois ne fait jamais les choses à moitié. Vendredi, il s’est rendu à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine en personne. Objectif officiel : sécuriser l’approvisionnement énergétique de son pays. Objectif réel : afficher une indépendance totale vis-à-vis des décisions européennes sur les sanctions.

Devant les caméras, il a été clair : « Les approvisionnements énergétiques en provenance de Russie constituent actuellement la base de l’approvisionnement énergétique de la Hongrie et ils le resteront à l’avenir. » Une phrase qui résonne comme un défi lancé à l’ensemble des Vingt-Sept.

Pourquoi la Hongrie refuse de lâcher le gaz russe

Depuis le début du conflit en Ukraine, la majorité des pays européens ont cherché à diversifier leurs sources d’énergie. Pipeline alternatif, GNL américain, norvégien, qatari… Tout a été mis en œuvre pour réduire la dépendance à Moscou.

La Hongrie, elle, n’a quasiment rien changé. Plus de 80 % de son gaz et une large part de son pétrole proviennent toujours de Russie. Viktor Orban justifie ce choix par une raison simple : le prix. Grâce aux contrats de longue durée signés avec Gazprom, les Hongrois paient leur énergie bien moins cher que la plupart de leurs voisins.

Et le leader hongrois ne s’en cache pas. Sur les réseaux sociaux, il vante régulièrement les factures énergétiques « abordables » de ses concitoyens, comparées à celles, beaucoup plus élevées, des Allemands ou des Français.

« Nous avons réussi, ce qui est excellent. Maintenant, tout ce dont nous avons besoin, c’est de gaz et de pétrole, que nous pouvons acheter aux Russes. »

Viktor Orban, juste avant son départ pour Moscou

Un calendrier européen que Budapest rejette

En octobre dernier, une majorité d’États membres a validé le principe d’une interdiction progressive des importations de gaz russe d’ici fin 2027. Une décision prise dans la douleur, mais jugée indispensable pour priver Moscou de revenus.

Réaction immédiate de Budapest : Viktor Orban a saisi la Cour de justice de l’Union européenne pour contester cette mesure. Pour lui, imposer une date butoir viole la souveraineté énergétique des États membres.

En parallèle, il a obtenu une dérogation d’un an de la part de l’administration Trump concernant les sanctions américaines sur le pétrole russe. Un coup diplomatique qui lui permet de respirer… temporairement.

Poutine ravi, l’Europe furieuse

Du côté russe, on ne cache pas sa satisfaction. Vladimir Poutine s’est dit « très heureux » de voir que les relations avec Budapest résistent à toutes les « difficultés actuelles ». Il a même salué la position « équilibrée » du dirigeant hongrois sur le dossier ukrainien.

Car Viktor Orban ne se contente pas de défendre ses intérêts énergétiques. Il refuse d’envoyer des armes à Kiev, bloque régulièrement les décisions de l’OTAN et de l’UE, et se pose en avocat d’une solution négociée rapide.

À Moscou, il a réitéré que la Hongrie était prête à accueillir des négociations de paix. Une proposition déjà faite plusieurs fois, mais qui tombe dans le vide tant que les positions restent irréconciliables.

Un jeu dangereux à quelques mois des élections

En Hongrie, des législatives approchent et rien n’est joué. Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, voit son avance se réduire dans les sondages. Maintenir des prix de l’énergie bas est devenu son principal argument de campagne.

Chaque facture d’électricité ou de chauffage un peu trop salée pourrait lui coûter cher. D’où cette course contre la montre pour sécuriser, coûte que coûte, les livraisons russes.

Critiques internes et externes fusent. On lui reproche de jouer la carte du nationalisme énergétique au détriment de la solidarité européenne. Mais pour l’instant, la stratégie semble payer auprès d’une partie de l’électorat.

Et maintenant ?

La question qui brûle toutes les lèvres : jusqu’où ira cette politique de la chaise vide énergétique ? La Hongrie peut-elle vraiment tenir jusqu’en 2027, voire au-delà, sans se plier aux décisions collectives ?

Bruxelles, de son côté, réfléchit déjà à des mesures de rétorsion. Certains évoquent la possibilité de conditionner certains fonds européens au respect des objectifs climatiques et de diversification énergétique.

Quant à la Russie, elle voit en Viktor Orban un allié précieux au cœur de l’Europe. Un dirigeant qui, par pragmatisme ou conviction, continue de tendre la main alors que tous les autres la retirent.

Une chose est sûre : cette visite au Kremlin n’est pas un épisode isolé. C’est le énième chapitre d’une relation particulière qui exaspère l’Union européenne et qui, paradoxalement, assure à la Hongrie une forme d’indépendance énergétique… tant que Moscou tient ses engagements.

Le bras de fer ne fait que commencer.

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