En ce dimanche d’élections européennes, les Hongrois se sont rendus aux urnes avec un enjeu bien particulier en tête. Pour le dirigeant Viktor Orban et son parti au pouvoir, le Fidesz, ce scrutin est en effet l’occasion de capitaliser sur un thème unique de campagne : le refus de soutenir l’Ukraine dans le conflit qui l’oppose à la Russie.
Orban, l'”homme de paix” qui veut éviter la guerre à son pays
Dès le début de sa campagne, Viktor Orban a été clair sur ses intentions. Comme il l’a déclaré devant une nuée de journalistes :
Les élections actuelles sont des élections paneuropéennes pro-paix ou pro-guerre. (…) Je suis un homme de paix.
Viktor Orban, Premier ministre hongrois
En se présentant ainsi comme un leader pacifiste, Orban entend bien mobiliser un électorat hongrois traditionnellement méfiant vis-à-vis des ingérences extérieures. Son message est simple : en votant pour le Fidesz, les Hongrois éviteront à leur pays d’être happé par un conflit qui ne les concerne pas directement.
Une stratégie payante dans les urnes
Et cette stratégie semble porter ses fruits. Selon les derniers sondages, le parti d’Orban pourrait en effet s’adjuger pas moins de la moitié des suffrages, convertis en une dizaine de sièges au Parlement européen. Loin derrière, les autres formations peinent à dépasser les 25% et doivent se contenter des miettes.
En refusant de prendre position dans le conflit ukrainien, Viktor Orban démontre une nouvelle fois son habileté politique. Il capitalise sur les peurs d’une population qui redoute avant tout d’être entraînée dans une guerre aux conséquences imprévisibles. Un positionnement qui n’est pas sans rappeler celui de la Hongrie durant les grands conflits du 20ème siècle.
L’Europe divisée face à la question ukrainienne
Mais au-delà des frontières hongroises, la position d’Orban illustre aussi les profondes divergences qui traversent l’Union européenne sur le dossier ukrainien. Alors que certains États membres, comme la Pologne ou les pays baltes, plaident pour un soutien appuyé à Kiev, d’autres se montrent beaucoup plus réticents à l’idée d’une implication directe dans le conflit.
Des divergences que le dirigeant hongrois n’a pas manqué d’exploiter durant sa campagne, en se posant en défenseur des intérêts nationaux face aux pressions de Bruxelles. Une posture souverainiste qui semble avoir trouvé un écho certain auprès des électeurs, et qui pourrait peser sur les équilibres politiques au sein du futur Parlement européen.
Une politique étrangère hongroise sous le signe de la neutralité
Plus largement, le succès annoncé d’Orban confirme la ligne de politique étrangère suivie par la Hongrie ces dernières années. Partenaire historique de la Russie, Budapest a toujours cherché à maintenir une position de neutralité dans les grandes crises internationales, quitte à se démarquer de ses alliés européens et atlantiques.
Une stratégie qui a permis au pays de préserver ses intérêts économiques, notamment sur le plan énergétique, tout en s’affirmant comme une puissance diplomatique incontournable en Europe centrale et orientale. Avec ces élections européennes, Viktor Orban prouve qu’il entend bien poursuivre dans cette voie, en capitalisant sur les aspirations pacifistes de son opinion publique.
Reste à savoir si cette posture sera tenable sur le long terme, alors que la pression internationale s’accentue sur Moscou et que l’Ukraine multiplie les appels à l’aide. Pour l’heure, Orban semble avoir réussi son pari : mobiliser les électeurs hongrois autour du refus de la guerre, et ainsi conforter son assise politique nationale et européenne.