Oran, perle de la Méditerranée algérienne, a toujours été une ville aux multiples visages. Mais en ce 5 juillet 2018, jour de fête nationale, c’est sous un jour bien sombre qu’elle se révèle. Au cœur du chic quartier Saint-Hubert, un drame vient de se jouer : un ancien combattant du Front de Libération Nationale a été retrouvé mort. Le colonel Soltani, spécialiste de l’antiterrorisme, est dépêché sur place. Et soudain, les souvenirs affluent…
Oran, du sang sur les mains
Dans les années 90, au plus fort de la guerre civile algérienne, les morts brutales étaient monnaie courante à Oran. Égorgements, assassinats, tortures… Rares étaient ceux qui osaient poser des questions. «Il a été tué par qui ? Comment il a trouvé la mort ?», s’interroge Soltani, face à ce nouveau cadavre qui ravive les fantômes du passé. Mais aujourd’hui, alors que le système Bouteflika s’éteint, les langues commencent à se délier.
Très vite, l’enquête révèle que la victime trempait dans des affaires louches. Trafic de cocaïne, liens avec les émirs islamistes reconvertis dans le banditisme, connexions en Libye, au Mali, au Sahel… Les pistes sont nombreuses et toutes mènent vers les plus hautes sphères du pouvoir.
Les secrets enfouis de la guerre d’indépendance
Mais ce meurtre est aussi l’occasion pour Soltani de replonger dans l’histoire tourmentée de l’Algérie. Celle de la lutte pour l’indépendance, des combattants du FLN devenus héros puis parfois renégats. Des secrets jalousement gardés, des trahisons jamais oubliées, des règlements de compte qui traversent les décennies…
Ils ont fait la guerre ensemble. Maintenant, ils s’entretuent pour l’argent, le pouvoir, des vieilles rancoeurs jamais digérées…
Un indic du colonel Soltani
Oran et ses zones d’ombre
À travers son enquête, Soltani plonge dans les bas-fonds d’Oran. Une ville qui a toujours cultivé ses paradoxes. Derrière les façades chics de Saint-Hubert, les transactions occultes; derrière les discours va-t-en-guerre des politiques, les compromissions en coulisses; derrière la ferveur des prêches, le trafic de drogue et d’armes qui prospère…
- Les quartiers chics, repaires de la corruption
- La vie souterraine des trafiquants et des mafias
- Les mosquées infiltrées par les réseaux criminels
Quand le passé ne passe pas
Au fil de ses investigations, le colonel remonte le fil d’une histoire algérienne faite de non-dits et de mensonges. Et si la clé de l’énigme se trouvait dans les secrets jalousement gardés de la guerre d’indépendance ? Si le meurtre de cet ancien du FLN était lié à des événements vieux de plus de 50 ans ?
Soltani va devoir naviguer entre passé et présent, plonger dans les eaux troubles de la mémoire algérienne pour démêler l’écheveau de cette affaire. Et accepter de remuer une histoire douloureuse, qui divise toujours autant le pays.
Voyage au bout de la nuit algérienne
À travers cette enquête, c’est un voyage dans les profondeurs de l’âme algérienne que nous propose Amara Lakhous. Un périple douloureux, qui exhume les fantômes du passé et les démons du présent. Un roman noir comme la nuit qui tombe sur Oran, et sur toute l’Algérie, encore hantée par ses vieilles blessures.
La Fertilité du mal est un thriller politique, un récit historique, une plongée dans les abysses de la mémoire algérienne. Une lecture nécessaire pour comprendre ce pays toujours en quête de lui-même, écartelé entre un passé qui ne passe pas et un avenir incertain. Un roman magistral, à l’image de cette Oran mystérieuse et fascinante, qui a tant de secrets à nous révéler…