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ONU Soutient Autonomie Marocaine au Sahara

Le Conseil de sécurité de l'ONU vient d'adopter une résolution historique soutenant le plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental. Une décision qui pourrait tout changer dans ce conflit vieux de 50 ans... mais l'Algérie boycotte le vote. Que va-t-il se passer maintenant ?

Imaginez un territoire désertique immense, riche en ressources, au cœur d’un conflit qui dure depuis plus de cinquante ans. Un lieu où les sables portent les traces d’une histoire coloniale, de revendications nationales et de rêves d’indépendance. Et si, soudain, la plus haute instance internationale prenait position en faveur d’une solution précise ? C’est exactement ce qui vient de se produire au Conseil de sécurité de l’ONU.

Un Tournant Historique au Conseil de Sécurité

Ce vendredi marque un moment décisif dans le dossier du Sahara occidental. À l’initiative des États-Unis, le Conseil de sécurité a adopté une résolution qui, pour la première fois, soutient explicitement le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007. Ce texte qualifie cette proposition de solution la plus réalisable pour mettre fin à un conflit qui oppose Rabat au Front Polisario depuis des décennies.

Onze pays ont voté en faveur de la résolution. Aucun vote contre. Trois abstentions. Et une absence notable : celle de l’Algérie, qui a choisi de ne pas participer au scrutin. Un geste fort, presque symbolique, qui en dit long sur les tensions régionales.

Que Dit Exactement la Résolution ?

Le texte adopté est clair. Il reconnaît le plan marocain d’autonomie sous souveraineté marocaine comme une base crédible pour résoudre le conflit. Il note également le soutien croissant de nombreux États membres à cette proposition. Une nouveauté majeure : jusqu’à présent, l’ONU se contentait d’appeler à des négociations sans prendre parti.

« Une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter la solution la plus réalisable »

Extrait de la résolution du Conseil de sécurité

Cette phrase, bien que nuancée par le conditionnel, représente un tournant. Elle place le plan marocain au centre des futures discussions. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et son émissaire Staffan de Mistura, sont désormais invités à mener les négociations sur la base de cette proposition.

Le Contexte Historique du Conflit

Pour comprendre l’ampleur de cette décision, il faut remonter à 1975. Cette année-là, l’Espagne se retire du Sahara occidental, alors colonie espagnole. Le Maroc organise la Marche verte et prend le contrôle de la majeure partie du territoire. Mais les Nations unies continuent de le considérer comme un territoire non autonome.

Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et mène une guérilla contre les forces marocaines. Un cessez-le-feu est signé en 1991 sous l’égide de l’ONU, avec la promesse d’un référendum d’autodétermination. Ce référendum n’a jamais eu lieu.

Depuis, les négociations sont au point mort. Les pourparlers directs entre le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie, interrompus en 2019, n’ont jamais repris. La résolution adoptée vendredi change la donne en imposant un cadre : celui de l’autonomie sous souveraineté marocaine.

Les Réactions Immédiates

L’Algérie n’a pas mâché ses mots. Son ambassadeur auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a justifié l’absence de son pays au vote par un rejet catégorique du texte.

« Mon pays n’a pas participé au vote sur ce projet de résolution. Par cette absence, l’Algérie a tenu à illustrer sa prise de distance avec un texte qui ne reflète pas fidèlement la doctrine onusienne en matière de décolonisation. »

Amar Bendjama, ambassadeur d’Algérie à l’ONU

Il a ajouté que le texte était en deçà des aspirations légitimes du peuple sahraoui, représenté selon lui uniquement par le Front Polisario. Pour Alger, ce dernier doit avoir le dernier mot sur son destin, et ce, depuis plus de cinquante ans.

La Position du Front Polisario

Du côté du Polisario, la réaction est nuancée. Mohamed Yeslem Beissat, ministre des Affaires étrangères du mouvement, a récemment déclaré à l’AFP que l’organisation pourrait envisager d’accepter le plan marocain… à une condition majeure.

Cette condition ? Un référendum. Pas n’importe lequel : un scrutin où la population sahraouie pourrait valider ou rejeter le plan d’autonomie. Une exigence qui entre en contradiction directe avec la position marocaine, qui refuse tout référendum incluant l’option de l’indépendance.

Le Polisario continue donc de camper sur sa ligne historique : l’autodétermination pleine et entière du peuple sahraoui. Le soutien de l’ONU au plan marocain est perçu comme une trahison de ce principe fondamental.

Le Rôle Clé des États-Unis

Derrière cette résolution, une impulsion claire : celle des États-Unis. C’est sous l’administration Trump, en 2020, que Washington a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël dans le cadre des Accords d’Abraham.

Cette décision avait déjà marqué un précédent. Depuis, plusieurs pays européens ont suivi : l’Espagne, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni. La résolution de vendredi consacre cette dynamique au niveau onusien.

Les États-Unis, en charge du dossier au Conseil de sécurité, ont poussé pour un texte ambitieux. Une version initiale prévoyait une extension de six mois seulement pour la Minurso. La version finale prolonge la mission d’un an, avec une évaluation stratégique demandée dans six mois.

La Minurso : Une Mission en Question

La Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) est en place depuis 1991. Son mandat initial : superviser un cessez-le-feu et organiser un référendum. Trente-quatre ans plus tard, le référendum n’a toujours pas eu lieu.

La résolution adoptée vendredi prolonge cette mission pour un an. Mais elle demande au secrétaire général de réaliser une évaluation stratégique d’ici six mois. Un signal ? Peut-être que l’ONU s’interroge sur l’avenir de cette opération, coûteuse et sans résultats concrets depuis des décennies.

À retenir : La Minurso compte environ 200 observateurs militaires et supervise le cessez-le-feu. Elle n’a plus de mandat clair pour organiser un référendum depuis des années.

Les Détails Manquants du Plan Marocain

L’émissaire de l’ONU, Staffan de Mistura, ne cache pas ses réserves. Lors d’une réunion à huis clos début octobre, il a salué les efforts diplomatiques américains, mais a insisté sur un point crucial : le flou du plan marocain.

Selon le discours de De Mistura, consulté par l’AFP, il est crucial que le Maroc donne plus de détails. Notamment sur la manière dont le principe d’autodétermination sera respecté dans le cadre d’une autonomie sous souveraineté marocaine.

Cette critique est récurrente. Le plan de 2007 propose une large autonomie : administration locale, gestion des ressources, représentation politique. Mais il reste vague sur les mécanismes de consultation populaire et les garanties pour les Sahraouis.

Les Enjeux Économiques et Stratégiques

Le Sahara occidental n’est pas qu’un désert. C’est un territoire riche en phosphates – le Maroc en est déjà le premier exportateur mondial grâce à ces gisements. Ses eaux côtières sont parmi les plus poissonneuses de l’Atlantique. Et sa position géographique en fait un couloir stratégique vers l’Afrique subsaharienne.

Pour le Maroc, contrôler ce territoire, c’est consolider sa puissance régionale et ses ressources. Pour l’Algérie, soutenir le Polisario, c’est contenir l’influence marocaine et défendre un principe : celui de l’intangibilité des frontières coloniales en Afrique.

Cette résolution de l’ONU renforce la position marocaine sur la scène internationale. Elle pourrait encourager d’autres pays à reconnaître la souveraineté marocaine, ou du moins à soutenir son plan d’autonomie.

Et Maintenant ?

La balle est dans le camp de Staffan de Mistura. Il doit relancer des négociations sur la base du plan marocain. Mais avec qui ? Le Polisario acceptera-t-il de discuter sans garantie de référendum ? L’Algérie reviendra-t-elle à la table des négociations ?

Le chemin reste semé d’embûches. La résolution est un signal fort, mais elle n’impose rien. Elle appelle à des négociations, elle ne les garantit pas. Et tant que le Polisario et l’Algérie campent sur leurs positions, le statu quo pourrait perdurer.

Cette décision de l’ONU est historique. Elle marque la fin d’une neutralité de façade et l’entrée dans une nouvelle phase diplomatique. Mais elle soulève aussi des questions fondamentales : une autonomie négociée peut-elle remplacer l’autodétermination ? Un plan peut-il être imposé comme base de discussion sans l’accord de toutes les parties ?

Le Sahara occidental reste un territoire en suspens. Entre souveraineté, autonomie et indépendance, la ligne est mince. Et l’Histoire, comme toujours, est en train de s’écrire.

Le désert ne parle pas. Mais parfois, les décisions prises à New York y résonnent longtemps.

Nous continuerons à suivre ce dossier avec la plus grande attention. Car au-delà des résolutions, ce sont des vies, des identités et des espoirs qui sont en jeu dans les sables du Sahara.

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