En ce mois d’octobre 2024, l’humanité est confrontée à une crise existentielle majeure : la destruction de la nature. C’est le cri d’alarme lancé par le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres lors de son discours à la COP16 sur la biodiversité qui se tient actuellement à Cali en Colombie. Face aux chefs d’État et ministres du monde entier réunis pour tenter d’enrayer l’effondrement du vivant, il a appelé à une prise de conscience et à des actions urgentes et ambitieuses.
Une Crise Existentielle pour l’Humanité et la Planète
Le constat dressé par Antonio Guterres est alarmant. Chaque année, les températures battent de nouveaux records, des espèces disparaissent à un rythme effréné et la pollution plastique des océans ne cesse de s’aggraver. Pour le chef de l’ONU, il ne fait aucun doute :
C’est à cela que ressemble une crise existentielle.
Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU
Cette crise de la biodiversité menace non seulement les écosystèmes et les espèces, mais aussi l’humanité tout entière. Comme l’a souligné M. Guterres, “aucun pays, riche ou pauvre, n’est à l’abri des ravages causés par le changement climatique, la perte de biodiversité, la dégradation des sols et la pollution”.
Des Négociations Tendues pour Tenter d’Enrayer le Déclin
La 16ème Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP16) réunit depuis le 21 octobre à Cali les représentants de 196 pays. L’enjeu est de taille : parvenir à un accord ambitieux pour tenir les objectifs fixés il y a deux ans dans l’accord de Kunming-Montréal. Il s’agit notamment de :
- Placer 30% de la planète sous protection minimale d’ici 2030
- Réduire de moitié les risques liés aux pesticides et aux espèces invasives
- Mobiliser 200 milliards de dollars par an pour préserver la nature
Mais à quelques jours de la fin des négociations, les rivalités entre pays riches et en développement, notamment sur les questions financières, compliquent l’adoption d’un accord. Un bras de fer qui rappelle celui attendu en novembre à la COP29 sur le climat à Bakou.
Le Partage des Bénéfices au Cœur des Discussions
Un des points de tension majeurs concerne le partage des bénéfices tirés par les entreprises, en particulier dans les secteurs cosmétique et pharmaceutique, des données génétiques de plantes et d’animaux prélevés dans les pays en développement. Ces derniers réclament un mécanisme pour que ces bénéfices soient partagés équitablement avec les communautés locales qui ont préservé cette biodiversité.
Un Sommet Crucial mais Déjà des Avancées
Malgré ces désaccords, la présidente colombienne de la COP16 Susana Muhamad s’est félicitée lundi que ce sommet ait déjà réussi à mettre la crise de la biodiversité sur “un pied d’égalité” avec la crise climatique. Avec 23 000 participants annoncés, c’est la plus grande COP biodiversité jamais organisée.
Certaines décisions sont en bonne voie, comme la création d’un organe de représentation des peuples autochtones, gardiens essentiels de la nature. Mais l’enjeu central reste l’établissement de règles de suivi ambitieuses pour tenir les pays redevables de leurs efforts, en vue d’un bilan d’étape à la COP17 en 2026.
Le Défi du Financement de la Protection de la Nature
Sur le volet financier, huit gouvernements ont annoncé lundi des contributions portant à 400 millions de dollars la dotation du récent Fonds mondial pour la biodiversité (GBFF). Cela s’inscrit dans l’objectif d’atteindre 20 milliards de dollars d’aide annuelle des pays riches pour la nature d’ici 2025. En 2022, cette aide s’élevait à environ 15 milliards selon l’OCDE, encore loin du compte.
La question du financement sera cruciale pour conclure un accord ambitieux à la hauteur des enjeux. Comme l’a rappelé Antonio Guterres, face à cette crise existentielle, “il est temps de porter la biodiversité au rang de priorité absolue”.
Le sort de millions d’espèces, et finalement le nôtre, en dépend. Le compte à rebours est lancé : à Cali, les décideurs du monde ont rendez-vous avec l’Histoire pour prendre les mesures d’urgence qui s’imposent. L’avenir de la nature et de l’humanité est entre leurs mains.