C’est un projet artistique qui ne passe pas. Lundi soir, près de 200 Lyonnais se sont réunis à la mairie du 2e arrondissement pour exprimer leur colère contre l’installation prévue d’ombrières géantes place Bellecour. Cette œuvre éphémère, qui doit voir le jour en juillet 2025, cristallise les oppositions.
1500m2 de voiles tendues qui divisent
Baptisé « Tissage Urbain », ce projet lauréat du budget participatif de la ville prévoit de déployer 1500m2 de voiles sur des chevalets de bois hauts de 6,5 mètres. Une installation monumentale qui doit occuper la partie nord de la place Bellecour pendant tout l’été 2025. Mais pour beaucoup de riverains, ces ombrières sont loin de faire l’unanimité.
Lors de la réunion publique organisée par Pierre Oliver, le maire LR du 2e arrondissement farouchement opposé au projet, les critiques ont fusé. « Bricoles de tissus », « matériel pour casseurs », « projet coûteux et inutile » : les qualificatifs n’ont pas manqué pour dénoncer cette œuvre jugée inadaptée au site.
Un coût de 1,6 million d’euros pointé du doigt
Au cœur des critiques, le montant de 1,6 million d’euros alloué au projet. Un budget jugé exorbitant par les détracteurs de l’œuvre, qui estiment que cet argent public pourrait être utilisé à meilleur escient. « Est-ce le bon moment pour dépenser cette somme alors que Lyon est dans un état déplorable ? » a interpellé une riveraine lors de la réunion.
Face à la bronca, Valentin Lungenstrass, élu écologiste et adjoint aux mobilités, a tenté de défendre le projet. Il a notamment expliqué que le budget était issu du premier budget participatif voté il y a deux ans. Concernant les interrogations sur la solidité et la sécurité de l’installation, l’élu a assuré que les matériaux avaient « tous été doublement testés quant à leur résistance au feu et à leur stabilité ».
Des visuels qui sèment le doute
Mais un autre point d’achoppement concerne les visuels du projet, sur lesquels les membres de la commission d’appel d’offres se sont pourtant basés. Beaucoup jugent que l’ombre promise par les ombrières n’est pas au rendez-vous sur les images. Valentin Lungenstrass a dû concéder que ces visuels « n’étaient pas optimum », tout en assurant que de l’ombre serait bien présente sous les toiles une fois installées.
Dans le privé, j’entends beaucoup de gens se plaindre de ne pas avoir assez d’ombre en ville comme on peut en trouver à Séville ou Madrid. Moi je crois que ce projet est une bonne chose.
Une riveraine en faveur du projet
Une opinion loin d’être partagée par la majorité des personnes présentes lundi soir. Seule une riveraine a pris la parole pour défendre ces ombrières, estimant qu’elles répondaient à un vrai besoin de fraîcheur en ville. Mais sa voix est restée isolée face au mécontentement ambiant.
L’opposition déterminée à faire barrage
Fort de ce soutien, Pierre Oliver compte bien tout faire pour empêcher l’installation de « Tissage Urbain ». Le maire d’arrondissement a déjà lancé une consultation en ligne qui montre une large opposition au projet. D’après les premiers résultats, 96% des répondants ont une opinion négative de cette œuvre.
L’élu a également saisi le ministère de la Culture et la préfecture pour tenter de faire annuler le projet. Si cela ne suffit pas, Pierre Oliver envisage d’aller devant les tribunaux. La bataille autour des ombrières de la place Bellecour ne fait sans doute que commencer.
La mairie écologiste parviendra-t-elle à imposer son projet artistique malgré la contestation ? Réponse dans les prochains mois, avant l’été 2025 qui pourrait voir ces fameuses voiles s’installer dans le ciel lyonnais. En attendant, les opposants semblent déterminés à ne rien lâcher pour préserver la place Bellecour de ce qu’ils considèrent comme une défiguration.