En cette froide matinée de décembre, la foule se presse à l’entrée de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Parmi elle, un homme fend la masse d’un pas décidé : Olivier Latry, le plus ancien des quatre organistes titulaires de l’édifice. Quatre ans après l’incendie dévastateur, il s’apprête à retrouver le mythique grand orgue Cavaillé-Coll pour la messe dominicale.
Guidant notre petit groupe vers l’entrée de la tour nord, d’où s’élèvent les chants liturgiques, Olivier Latry nous confie dans un sourire : « Le nombre de marches n’a pas changé, 83 au total. Mais j’avais oublié à quel point l’ascension était éprouvante ! » La dernière fois qu’il nous avait servi de guide, c’était en mars 2019, un mois jour pour jour avant le terrible incendie.
Un instrument d’exception miraculeusement épargné
Malgré les dégâts considérables subis par la cathédrale, le grand orgue Cavaillé-Coll a été miraculeusement préservé. Datant de 1868, cet instrument majestueux de 115 jeux est considéré comme l’un des plus remarquables au monde. Sa restauration minutieuse a été l’une des priorités du chantier titanesque de reconstruction.
C’est une immense joie de pouvoir à nouveau jouer cet orgue exceptionnel et de l’entendre résonner sous les voûtes de Notre-Dame.
Olivier Latry, organiste titulaire
Une émotion palpable
Arrivé à la tribune, Olivier Latry prend place derrière les cinq claviers de l’orgue. Le silence se fait dans la nef. Puis les premières notes s’élèvent, puissantes et cristallines. L’émotion est palpable. Pour l’organiste virtuose, c’est un moment chargé de sens :
Rejouer ici, c’est renouer avec la vocation première de cet orgue, au service de la liturgie. C’est comme retrouver un vieil ami après une longue séparation.
Olivier Latry
Le grand orgue, âme musicale de la cathédrale
Pendant des décennies, les organistes titulaires se sont succédés pour faire vivre ce joyau. Louis Vierne, Pierre Cochereau, Olivier Latry… Autant de noms prestigieux qui ont contribué au rayonnement de l’instrument et de Notre-Dame à travers le monde. Car au-delà de son rôle liturgique, l’orgue a aussi une dimension culturelle forte :
- Des centaines de concerts sont donnés chaque année
- De grands musiciens du monde entier viennent s’y produire
- Des milliers de visiteurs viennent l’admirer et l’écouter
Un chantier d’exception pour un orgue d’exception
Les travaux de restauration, menés par des artisans d’art expérimentés, ont été à la hauteur de la valeur patrimoniale de l’instrument. Chaque tuyau, chaque mécanisme a été minutieusement vérifié, nettoyé, réparé si besoin. Un chantier complexe et délicat, qui aura duré près de quatre ans et coûté plusieurs millions d’euros.
Un symbole fort pour Notre-Dame et pour Paris
Le retour du grand orgue est un jalon important dans la renaissance de Notre-Dame. C’est le signe tangible que la vie reprend son cours dans la cathédrale meurtrie, que la musique et la beauté y ont toujours leur place. Pour les Parisiens et les visiteurs du monde entier, c’est un symbole d’espoir et de résilience.
Alors qu’Olivier Latry achève son récital sous les applaudissements de l’assemblée, une évidence s’impose : le grand orgue de Notre-Dame est bel et bien de retour. Et avec lui, c’est un peu l’âme de la cathédrale qui revit.