L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis suscite des réactions contrastées de part et d’autre de l’Atlantique. En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a tenu à adresser rapidement ses félicitations au nouveau locataire de la Maison Blanche, tout en affirmant sa volonté de poursuivre l’étroite coopération entre Berlin et Washington.
« Ensemble, l’Allemagne et les États-Unis collaborent depuis longtemps avec succès pour promouvoir la prospérité et la liberté des deux côtés de l’Atlantique. Nous continuerons à le faire pour le bien de nos concitoyens », a assuré M. Scholz dans un message posté sur le réseau social X, anciennement Twitter. Une main tendue qui intervient malgré les inquiétudes suscitées en Europe par le retour de Donald Trump au pouvoir.
Les Européens redoutent un désengagement américain en Ukraine
Si la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a elle aussi promis que Berlin resterait un « allié proche et fiable » des États-Unis, elle n’a pas caché que des « divergences politiques » existaient entre les deux pays. Des dissensions qui concernent en premier lieu le dossier ukrainien, alors que l’Europe redoute un changement de cap de Washington dans son soutien à Kiev face à l’agression russe.
Donald Trump n’a en effet eu de cesse, ces derniers mois, de marteler qu’il pourrait imposer une paix en Ukraine en « 24 heures », sans jamais préciser comment, tout en critiquant vivement l’ampleur de l’aide militaire et financière apportée par son pays à l’Ukraine. Des propos qui font craindre aux Européens que les États-Unis ne poussent l’Ukraine à négocier dans des conditions très favorables à Moscou.
L’Allemagne en première ligne pour soutenir l’Ukraine
Face à ce risque, les pays européens, Allemagne en tête, savent qu’il leur faudra prendre leurs responsabilités pour continuer à épauler l’Ukraine. Lundi, Annalena Baerbock s’est ainsi rendue à Kiev pour tenter de rassurer les Ukrainiens, frustrés par la timidité de la réaction occidentale face à l’escalade militaire russe.
Il est clair que nous, Européens, allons devoir assumer encore plus de responsabilités en matière de politique de sécurité, aujourd’hui, demain, après-demain, pour nous, pour nos enfants.
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères
Un message fort alors que l’Allemagne est déjà, derrière les États-Unis, le deuxième fournisseur d’armes à l’Ukraine en valeur absolue. Berlin entend donc prendre le leadership en Europe pour contrebalancer un éventuel retrait américain et maintenir la pression sur la Russie. Car comme l’a souligné la cheffe de la diplomatie allemande, l’engagement commun des Européens et des Américains est crucial pour la défense de « la liberté, du droit international et de la démocratie ».
Travailler avec Trump malgré les différends
Le défi pour l’Allemagne et ses partenaires européens sera donc de maintenir une relation de travail constructive avec l’administration Trump, malgré les inévitables divergences. C’est tout le sens du message d’Olaf Scholz, qui a tenu à rappeler les liens historiques et les valeurs communes qui unissent les États-Unis et l’Allemagne.
Comme dans tout bon partenariat, là où il y a sans aucun doute des divergences politiques, un échange honnête et surtout intensif est plus important que jamais.
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères
Un subtil équilibre à trouver donc, entre fermeté sur les principes et ouverture au dialogue, afin de préserver ce partenariat transatlantique qui reste la clé de voûte de la politique étrangère allemande et plus largement européenne. Reste à espérer que Donald Trump sera à l’écoute et que la raison primera sur la posture. L’avenir de l’Ukraine, et de la sécurité européenne en général, en dépend largement.