Un coup de théâtre vient de se produire dans le nord de la Syrie. D’après une source proche du dossier, des groupes rebelles soutenus par la Turquie ont réussi à s’emparer de la ville stratégique de Tal Rifaat, jusque-là tenue par les forces kurdes. Cette prise de contrôle, confirmée par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), constitue un revers majeur pour les Kurdes dans la région.
Tal Rifaat, un verrou stratégique
Située à une vingtaine de kilomètres de la frontière turque, Tal Rifaat revêt une importance cruciale de par sa position. Avant l’offensive, la ville se trouvait au cœur d’une enclave contrôlée par les forces kurdes, mais encerclée par des zones aux mains de groupes proturcs et de l’armée syrienne. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait d’ailleurs brandi à plusieurs reprises la menace d’une opération militaire contre cette enclave.
La chute de Tal Rifaat et des villages environnants représente donc une perte significative pour les forces kurdes, qui voient leur emprise territoriale se réduire dans le nord de la Syrie. Cette avancée des groupes rebelles proturcs risque de modifier sensiblement l’équilibre des forces dans la région.
Une offensive sur plusieurs fronts
La prise de Tal Rifaat s’inscrit dans le cadre d’une offensive plus large menée par les forces proturques dans la province d’Alep. Selon l’OSDH, ces forces ont également réussi à prendre le contrôle de deux autres localités, Safireh et Khanasser, ainsi que de l’aéroport militaire de Kweires.
Les combats ont été intenses et meurtriers. L’OSDH fait état d’au moins neuf morts dans les rangs des troupes gouvernementales syriennes. Un lourd tribut qui témoigne de la détermination des forces en présence.
Les Kurdes sous pression
Au-delà de la perte de Tal Rifaat, c’est toute la communauté kurde du nord de la Syrie qui se retrouve fragilisée. L’OSDH tire la sonnette d’alarme, avertissant qu’environ 200 000 Kurdes syriens sont désormais « assiégés par des factions pro-turques » dans le nord de la province d’Alep.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dominée par les Kurdes et soutenue par les États-Unis, dénoncent le rôle de la Turquie derrière cette offensive. Dans un communiqué, les FDS accusent Ankara de chercher à « diviser la Syrie ».
Une Syrie morcelée
Cette nouvelle donne à Tal Rifaat vient s’ajouter aux multiples lignes de fracture qui parcourent la Syrie après plus de dix ans de guerre. Le pays demeure morcelé en différentes zones d’influence, entre le régime de Bachar al-Assad, l’opposition, les Kurdes et les groupes djihadistes.
La prise de Tal Rifaat par les forces proturques illustre une fois de plus la complexité du conflit syrien et les jeux d’alliances mouvants qui le caractérisent. Elle pose également la question de l’avenir des Kurdes dans le nord de la Syrie, pris en étau entre les ambitions turques et la volonté de Damas de rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire.
Face à cette situation préoccupante, la communauté internationale reste pour l’heure largement spectatrice. Mais la chute de Tal Rifaat pourrait bien servir d’électrochoc et raviver les inquiétudes sur la stabilité précaire de toute une région.