Le président américain Donald Trump a confirmé ce lundi sa volonté de lancer une vaste offensive anti-immigration dès le premier jour de son nouveau mandat. Au programme : déclaration de l’état d’urgence à la frontière avec le Mexique, déploiement de l’armée pour en assurer la surveillance, et attaques frontales contre le droit d’asile et le droit du sol. Des mesures chocs qui promettent d’être vivement contestées devant les tribunaux.
Trump déterminé à stopper l’immigration « illégale »
Lors de son discours d’investiture, le milliardaire républicain a martelé sa détermination à agir vite et fort contre l’immigration :
Je vais déclarer l’urgence nationale à notre frontière sud. Toutes les entrées illégales seront immédiatement stoppées et nous commencerons à renvoyer des millions et des millions d’étrangers criminels là d’où ils viennent.
Pour appuyer ses propos, M. Trump a annoncé l’envoi de troupes à la frontière mexicaine afin de « repousser l’invasion désastreuse » du pays. Le septuagénaire compte signer dès ce lundi une série de décrets présidentiels pour concrétiser ses promesses de campagne.
Retour de la controversée doctrine « Restez au Mexique »
Parmi les mesures phares, Donald Trump a confirmé vouloir réinstaurer la doctrine « Restez au Mexique », qui oblige les demandeurs d’asile d’Amérique centrale à rester au sud de la frontière le temps que leur dossier soit étudié. Une politique qui avait forcé des milliers de personnes vulnérables à survivre dans des conditions précaires au Mexique sous son précédent mandat, avant d’être abolie par Joe Biden.
Vers une reprise de la construction du mur frontalier
En parallèle, la Maison Blanche a indiqué que le président comptait relancer la construction du mur à la frontière mexicaine, son projet emblématique lors de sa première présidence. Une annonce qui risque de raviver les tensions avec le Mexique et de soulever de nombreux défis logistiques et budgétaires.
Droit d’asile et droit du sol dans le viseur présidentiel
Mais ce sont surtout les attaques annoncées contre le droit d’asile et le droit du sol américains qui font craindre un bouleversement majeur du système migratoire. Selon la future porte-parole adjointe Anna Kelly :
Nous allons mettre fin au droit d’asile, ce qui crée une procédure d’expulsion immédiate sans possibilité d’asile. Nous allons ensuite mettre fin au droit du sol.
Or le droit du sol, qui garantit la citoyenneté américaine à toute personne née sur le territoire, est un principe constitutionnel fondamental inscrit dans le 14e amendement. Sa remise en cause par décret présidentiel apparaît hautement problématique sur le plan juridique.
Une avalanche de contestations judiciaires à prévoir
Face à ces différentes mesures, de nombreux experts anticipent une avalanche de contestations devant les tribunaux de la part d’organisations de défense des droits et d’États démocrates opposés à la ligne dure de Trump. Certains, comme la Californie, ont d’ailleurs déjà mis des fonds de côté pour financer les futures batailles judiciaires.
Nous nous attendons à des contestations judiciaires rapides. Par exemple, le 14e amendement stipule clairement que le droit du sol est la loi du pays. Un président ne peut pas le supprimer par décret.
Aaron Reichlin-Melnick, expert de l’American Immigration Council
Pour cet expert, l’offensive anti-immigration de Donald Trump pourrait même avoir des effets contre-productifs, en poussant davantage de migrants à tenter des traversées irrégulières de la frontière au fur et à mesure que les voies légales leur sont fermées.
Une rhétorique incendiaire qui inquiète jusqu’au Vatican
Au-delà des aspects juridiques, c’est aussi le discours au vitriol de Donald Trump sur l’immigration qui alarme. Pendant sa campagne, il a constamment accusé les migrants d' »empoisonner le sang » des États-Unis et parlé d' »invasion » du pays. Une rhétorique qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de l’Histoire.
Le plan promis par Donald Trump serait une calamité, car cela ferait payer de pauvres malheureux qui n’ont rien.
Le pape François
Signe de l’inquiétude suscitée jusqu’au plus haut sommet de l’Église catholique, le pape François lui-même a jugé que le projet trumpiste serait « une calamité » pour « de pauvres malheureux qui n’ont rien ». Reste à voir si ces mises en garde suffiront à infléchir le cap du bouillonnant président américain, bien décidé à marquer son retour à la Maison Blanche par un tour de vis sécuritaire historique sur le dossier migratoire.