Le vernissage d’une rétrospective consacrée à l’artiste et activiste chinois Ai Weiwei au Palazzo Fava de Bologne a été marqué par un incident choquant. Vendredi soir, un homme s’est introduit dans l’exposition et a délibérément brisé une œuvre en mille morceaux, semant la stupeur parmi les visiteurs présents.
Un cube de porcelaine réduit en miettes
L’œuvre ciblée, intitulée Porcelain Cube, 2009, est une imposante sculpture cubique réalisée en porcelaine bleue et blanche, matériau emblématique du travail d’Ai Weiwei. Les images de vidéosurveillance, partagées par l’artiste lui-même sur Instagram, montrent le vandale poussant violemment la sculpture, qui se fracasse au sol en d’innombrables éclats.
Malheureusement, je connais l’auteur de ce geste inconsidéré grâce à une série d’épisodes dérangeants et dommageables au fil des ans impliquant diverses expositions et institutions à Florence.
– Arturo Galansino, commissaire de l’exposition
Le suspect interpellé
D’après les médias italiens, le coupable serait Vaclav Pisvejc, un ressortissant tchèque de 57 ans se présentant comme un artiste contestataire. Après son méfait, il a rapidement été appréhendé par la police de Bologne. Une enquête est en cours pour déterminer ses motivations exactes et d’éventuelles complicités.
L’exposition maintenue avec une reproduction
Malgré ce triste événement, les organisateurs ont tenu à maintenir l’exposition Ai Weiwei : Qui suis-je. Celle-ci a ouvert ses portes samedi comme prévu, avec à la place de l’œuvre détruite une reproduction grandeur nature. Un beau pied de nez au vandale, montrant que l’art et la culture ne se laissent pas intimider par de tels actes.
L’artiste soucieux des dégâts
La première réaction d’Ai Weiwei a été de s’inquiéter qu’aucun visiteur n’ait été blessé par les morceaux de porcelaine projetés. Il a demandé à ce que les restes de la sculpture soient recouverts pour éviter tout accident, avant d’être soigneusement ramassés.
Un artiste engagé et controversé
Ai Weiwei est mondialement connu pour son art engagé, critiquant le régime chinois et dénonçant les atteintes aux droits de l’Homme. Ses œuvres provocatrices lui ont valu d’être arrêté et assigné à résidence par les autorités de son pays. Réfugié en Allemagne depuis 2015, il n’en reste pas moins une figure controversée, régulièrement prise pour cible.
Outre les graves dégâts causés à l’œuvre, nous regrettons que ce geste ait perturbé une soirée dédiée à l’art et à la culture, qui aurait dû se dérouler dans une atmosphère de partage et d’harmonie.
– Arturo Galansino au Corriere di Bologna
Des précédents inquiétants
Cet incident n’est malheureusement pas isolé dans le monde de l’art contemporain. Ces dernières années, plusieurs œuvres ont été vandalisées dans des musées et des galeries, que ce soit par des personnes en quête de notoriété ou opposées aux messages des artistes.
- En 2018, une toile de Banksy s’est autodétruite après sa vente aux enchères, par un mécanisme dissimulé dans son cadre par l’artiste.
- En 2022, des militants écologistes ont jeté de la soupe sur les Tournesols de Van Gogh à la National Gallery de Londres, pour alerter sur le réchauffement climatique.
- La Joconde de Léonard de Vinci a elle aussi été ciblée à plusieurs reprises, aspergeée de peinture ou de crème par des activistes.
L’art doit susciter le débat et bousculer les consciences. Mais la destruction gratuite n’apporte rien, sinon de la tristesse.
– Un artiste anonyme
Espérons que cet acte de vandalisme envers Ai Weiwei ne soit qu’un triste coup d’éclat isolé. Et que son exposition à Bologne permette au plus grand nombre de découvrir le travail puissant et engagé de cet artiste majeur de notre époque, au-delà des polémiques.